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Nigeria : Retour inattendu d’un grand malade

Publié le jeudi 25 février 2010 à 01h29min

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On s’y attendait très peu. C’est même une surprise. Umaru Yar’Adua est rentré d’Arabie Saoudite dans la nuit du 23 au 24 février dernier. Presque en catimini. Après trois mois d’absence du pays pour raisons de santé. Ceux qui ont eu l’insigne honneur d’être présents à l’aéroport international d’Abuja à l’heure indiquée pour assister à ce retour présidentiel affirment que les autorités, pour que ce retour se passât dans la clandestinité la plus totale, avaient même pris le soin de couper l’électricité dans les environs de l’aéroport.

Elles ne souhaitaient certainement pas que ce public, pourtant trié sur le volet, voie le visage émacié de ce grand malade. Avec toute cette cohorte de mesures, on ne peut que rester perplexe sur l’état de santé du N°1 du pays le plus peuplé d’Afrique.

Aucun doute à se faire là-dessus : il est très défaillant. Lâchons le mot : c’est un vrai grabataire qui faisait son retour au bercail puisque, en lieu et place de la limousine présidentielle, c’est une ambulance qui l’attendait au pied de l’appareil. Qui pis est, c’est un avion médicalisé saoudien, escorté du jet de fonction du successeur d’Olesegun Obasandjo, qui a assuré son transport des Lieux Saints à la capitale nigériane. C’est tout dire sur l’état de santé de Yar’Adua, que l’on savait précaire depuis.

Et à Lagos, Abuja, Kano et dans d’autres villes de la fédération nigériane, on se demande si celui-ci pourrait bien continuer à exercer ses fonctions de chef d’Etat.

En effet, depuis son départ en Arabie Saoudite, le 23 novembre dernier, ni la présidence, ni le parti au pouvoir, ni le gouvernement n’ont donné la moindre information sur sa situation sanitaire, si ce n’est que par bribes plus ou moins objet à polémique. C’est une sorte de loi du silence sur l’état de santé de l’homme d’Etat nigérian. Chose qui a concouru à alimenter les rumeurs les plus folles.

Cette absence du président commençait à se faire sérieusement sentir sur le bon fonctionnement de l’Etat ce, d’autant plus que de nombreux dossiers étaient en suspens, à commencer par le budget supplémentaire pour 2009, validé par l’Assemblée nationale et qui attendait d’être ratifié par le président. Hormis cela, le G53, qui est un regroupement de cinquante–trois personnalités, juge que le processus de pacification du Delta du Niger, que conduisait personnellement Yar’Adua, reste désespérément en panne.

On se souvient que l’amnistie offerte aux combattants du Delta avait permis une accalmie et une hausse de la production du brut. Mais, aujourd’hui, ces mouvements rebelles accusent le gouvernement d’avoir suspendu les discussions et estiment inacceptable que l’avenir de cette partie du pays soit intimement lié à un seul individu, fût–il chef de l’Etat. Pour certains d’ailleurs, du fait de l’absence prolongée de Yar’Adua du pays, l’Etat était pratiquement à l’arrêt.

Ce qui a poussé certains acteurs politiques et de la société civile nigériane à se mobiliser pour un transfert du pouvoir au vice-président Jonathan Goodluck. En votant pour que ce n°2 de l’exécutif, âgé de 51 ans, prenne les manettes de l’exécutif, le législateur avait temporairement mis fin à des mois d’incertitude à la tête du géant d’Afrique. Maintenant que ce grand malade est rentré de manière inattendue, que se passera-t-il ?

Sublimera-t-il le mal de cœur qui le ronge pour prendre les rênes du pouvoir ou les laissera-t-il pour quelque temps au moins à son adjoint ? Véritablement, tout porte à croire que, pour un temps au moins, Goodluck va continuer à gouverner le pays, car Yar’Adua ne semble pas à même d’assurer présentement la plénitude de ses fonctions de chef d’Etat. Le mal dont il souffre semble si sérieux qu’on le voit mal dans les semaines, voire les mois à venir, prenant en main les affaires du pays.

Mais au moins avec ces derniers arrangements qui ont mis sur orbite le vice–président, l’Etat peut continuer de fonctionner. Et c’est tant mieux !

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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