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Livraison de boisson de la SODIBO : Le calvaire des grossistes

Publié le jeudi 25 février 2010 à 01h30min

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Malgré les premières gouttes de bière d’une société nouvelle qui vont couler bientôt dans les gorges des compagnons de Bacchus, la BRAKINA/SODIBO s’obstine à un bras de fer avec ses grossistes. Ceux-ci déplorent la violation des clauses du contrat qui les lient avec cette société ancienne de distribution de boisson au Burkina Faso.

Une crise oppose actuellement la BRAKINA/SODIBO à ses grossistes. Au cœur de cette polémique, une série de décisions qui ne rencontrent pas l’assentiment des grossistes. Depuis, le climat entre les deux parties est devenu délétère. Si fait que l’on est passé de la guerre froide à l’affrontement verbale. En effet, le jeudi 11 février dernier, le directeur de la BRAKINA/SODIBO, Marc Pozmentier a lancé à l’endroit des grossistes qui l’avaient invité à une rencontre, "vous êtes malhonnêtes !".
Au cœur de ce face-à-face pour la défense des intérêts, propre à chacun, il y a une batterie de mesures. La première prise par la BRAKINA vise les marges. Il s’agit d’une diminution du prix convenu. C’est notamment le cas si l’acheteur se porte acquéreur d’une grande quantité de marchandises, s’il assure une partie des risques de la vente ou s’il la paye au comptant. La deuxième décision vise à accorder à une société de la place le monopole du transport de la boisson de l’usine aux différentes caves.

La suppression des crédits roulants et des ristournes !

La direction de la BRAKINA a procédé à des modifications des clauses du protocole d’accord qui la lie avec les grossistes. Un protocole signé en 2002. Et qui est toujours valable parce que pas résilié. La BRAKINA a modifié la grille des ristournes en 2008 de façon unilatérale (voir Tableaux). Cette nouvelle réglementation réduit les chances des grossistes d’obtenir des ristournes. Le nombre de cageots à vendre étant impossible à atteindre pour la plupart des grossistes. Les articles 14, 15 et 16 définissant pourtant cet accord entre les différentes parties n’autorisent pas une telle démarche de la part de la Société de distribution de boissons (SODIBO). Quid de ces critères juridiques ?

La violation est criarde sur toute la ligne ! L’article 14 stipule que "La SODIBO calcule selon la grille en vigueur et verse chaque fin de mois une ristourne à tous ses clients qui auront réalisé un enlèvement total d’au moins 2 000 colis (casiers, cartons, packs, etc…). Pour les clients mixtes et 1 000 colis pour les clients exclusifs en boissons gazeuses". Cette clause a été révisée de façon unilatérale. Passons ! L’article 15 aussi dit " la SODIBO met en place en début d’exercice une politique de motivation à l’endroit des grossistes sur la base de réalisation des objectifs qui leurs seront fixés". Or, l’article 28 de ce protocole stipule "la partie qui entend demander la modification de telles ou telles clauses du contrat devra en aviser l’autre par lettre recommandée. Si les modifications proposées sont acceptées, il est établi un avenant qui prend effet trois mois après signature. Toutefois, si l’accord n’a pu se réaliser sur des modifications proposées, ou si l’une des parties ne veut plus poursuivre l’exécution du présent contrat, celui-ci sera résilié de plein droit après que chaque partie ait rempli ses obligations contractuelles. La résiliation intervient trois mois après que la partie qui entend l’obtenir ait révisé l’autre lettre recommandée, à défaut, le contrat sera considéré comme étant tacitement renouvelé à cette date".

Du personnel de cave au chômage

Dans une lettre adressée à la SODIBO avec amliation au Premier ministre, Tertius Zongo où ils dénoncent le partenariat et expliquent les difficultés liées aux transport, les Grossistes écrivent "il était convenu que chaque grossiste fasse l’enlèvement des marchandises avec son propre véhicule. Pour ce faire, chacun de nous s’est endetté et acquis un véhicule, engagé un chauffeur, deux manœuvres et un chargé des opérations et des paiements pour effectuer le transport. Mais aujourd’hui, vous refusez cette clause et vous vous proposez d’assurer le transport, toute chose qui met en péril notre commerce. Il se trouve que non seulement les employés seront au chômage mais aussi cela nous empêchera de réalisera des marges bénéficiaires ". Le locataire de l’avenue de l’Indépendance réagira t-il ? En tout cas, il n’a pas encore réagi ! Et la crise couve toujours.
En voulant accorder le monopole du transport à une société qu’elle aura elle-même choisi, la BRAKINA va mettre dans la rue deux types de personnels des caves. Il s’agit des chauffeurs et de leurs apprentis. Ceux-ci, environs mille personnes pressent depuis quelques temps leur employeur pour ne pas se retrouver au chômage. Fermer la source de revenu d’un individu revient à affamer plusieurs personnes au sein de la société, car en Afrique la famille est large.

De l’inexistence de produits à la BRAKINA/SODIBO.

Il est de plus en courant de voir des grossistes se voir priés de revoir leur commande. Souvent pour 600 cageots de bières que ces derniers commandent, on leur prie de revoir à la baisse la quantité. Et on les propose d’autres boissons qu’ils doivent impérativement prendre. Parfois quand le grossiste insiste, il est renvoyé à la livraison de la Zone administrative et de développement (ZAD). Or, l’obtention de boisson dans cet endroit relève d’un parcours de combattant. Le nombre de grossistes est grossissant dans ce Golgotha de la livraison de boisson.

Le spectre de la concurrence

Dans quelques mois, une brasserie va produire ses premières bières. Pour les grossistes, il y a nécessité d’établir un dialogue sérieux et constructif avec la BRAKINA leur livreur traditionnel car la concurrence pourrait jouer aussi sur ses rendements. En outre, avec le durcissement de ces mesures, nombre de grossistes peuvent être tentés de collaborer avec la nouvelle brasserie.

Dans leurs démarches pour recouvrer leurs droits, le SYNAGROB a interpellé le Premier ministre Tertius Zongo, qui lui-même a diligenté une enquête. Elle a aussi interpellé le ministère du Commerce, l’Inspection générale des affaires économiques, mais le problème reste au statu quo. Et son règlement quasiment aux oubliettes.
L’article 29 de la clause de contrat indique "toute contestations nées de l’application du présent contrat seront réglées à l’amiable". Malgré les invectives verbales du directeur de la BRAKINA, Marc Pozmentier, les membres de la SYNAGROB, syndicat qui regroupe les grossistes, les chauffeurs de cave et leurs apprentis, appellent à un dialogue afin que les intérêts de tous soient préservés !


Encadré

Nous avons entrepris des démarches pour pouvoir disposer d’information équilibrée mais au moment où nous bouclions ce numéro, nous n’avions pas pu rencontrer les premiers responsables de la BRAKINA. Cependant, dans nos prochains numéros, nous nous ferons fort, d’avoir la version de l’entreprise pour permettre une meilleure compréhension des uns et des autres par rapport à l’objet du présent article. Les raisons d’une situation sont toujours partagées entre les acteurs concernés et il est de notre responsabilité de journaliste de donner la parole à chaque camp, car finalement, la communication permet à tous de se comprendre et de construire un idéal autour des divergences.

Par Camille Ouédraogo

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 25 février 2010 à 09:49, par detonateur En réponse à : Livraison de boisson de la SODIBO : Le calvaire des grossistes

    n’importe koi ; Brakina c’est une mafia organisé , ils s’en foutent de la concurence qui viendra (Brafaso) c’est encore eux les proprios sous une autre forme ,Sougli le sait on utilisera juste son nom cette année n’importe quoi.Qu on créve de faim ou pas c’est pas leur blème Castel = business ;

    • Le 25 février 2010 à 13:30, par Mimi En réponse à : Livraison de boisson de la SODIBO : Le calvaire des grossistes

      business is business ça c’est certain mais on ne peut pas se plaindre d’avoir des investisseurs comme Castel dans notre pays qui en plus alimente le circuit Economique local sans oublier, qu’a la différence de beaucoup de nos compatriotes paye des milliards d’impôts et taxe à l’Etat.
      Alors oui pour ce business aussi contributeur pour notre pays. Je serai curieux de voir les déclarations fiscales de Brafasso ainsi que le niveau de salaire qui sera pratiqué dans cette entreprise que beaucoup dise déjà mort née

  • Le 25 février 2010 à 14:10, par Mimi En réponse à : Livraison de boisson de la SODIBO : Le calvaire des grossistes

    Business is business, oui, mais croyez vous que les grossistes soient des philantropes ???
    De plus du business fait par des investisseurs comme Castel, il en faudrait plus dans notre pays. Des milliards d’impôts et taxes payés chaque année à l’Etat sans parler de la masse salariale distribuée.
    Je serai curieux de voir les déclarations fiscales de Monsieur Sogli qui n’est pas reconnu pour être une référence dans notre pays.
    Alors, si Castel souhaite organiser au mieu sa distribution en faisant pression sur ses grossistes, il y a certainement un intérêt a en tirer pour nous les consommateurs. Alors, au lieu de baver sur de tels partenaires de notre pays, attendons de lire la réponse de cette entreprise citoyenne.

  • Le 1er décembre 2013 à 17:06, par Assémi KARFO En réponse à : Livraison de boisson de la SODIBO : Le calvaire des grossistes

    Bonjour ! Je voudrais obtenir un document ou des conseils me permettant de détecter les grossistes qui font la concurrence déloyale à leurs pairs.

  • Le 1er décembre 2013 à 17:13, par Assémi KARFO En réponse à : Livraison de boisson de la SODIBO : Le calvaire des grossistes

    Bonjour ! Je voudrais obtenir un document ou des conseils me permettant de détecter les grossistes qui font la concurrence déloyale à leurs pairs.

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