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Vénézuela : Une victoire de la démocratie

Publié le mardi 17 août 2004 à 11h22min

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On connait l’issue du scrutin référendaire de dimanche dernier.
Le président vénézuélien Hugo Chavez est le véritable vainqueur
du bras de fer qui l’oppose depuis des mois à ses opposants. Il
a su, en dépit de toutes les provocations, demeurer légaliste
jusqu’au bout.

Que n’ont fait ses opposants pour l’évincer du
pouvoir ? Manifestations, grèves et même tentative de putsch, tel
est l’arsenal de méthodes souvent peu orthodoxes déployé par
l’opposition vénézuélienne.

Le référendum révocatoire prévu par
la constitution sous la houlette du même Hugo Charez, devrait
donc, en principe, permettre de sortir de la longue crise que
traverse le pays.
Le référendum, une trouvaille de Chavez, apparaît comme un
exutoire à toutes les dérives qui devrait ouvrir une ère de stabilité
pour le 5e pays producteur mondial de pétrole. Si tant est que
tous les protagonistes jouent le jeu en se soumettant au verdict
des urnes.

Chavez aura donc eu le mérite de mettre en
application une mesure qui pouvait causer sa perte. Mais
pouvait-il en être autrement pour cet ex-colonel parachutiste et
ancien putschiste converti aux idéaux de la démocratie ? Depuis
son élection en 1998, Chavez a fait de la répartition équitable
des recettes du pétrole son cheval de bataille. Même si sa
révolution est assimilée à du populisme par ses détracteurs , il
n’empêche qu’elle a suscité une massive adhésion de la
population, surtout celle défavorisée. Une telle politique
hautement sociale doublée d’une diplomatie sensible aux
thèses cubaines ne sont naturellement pas faites pour plaire
aux Etats-Unis, qui continuent de considérer l’Amérique latine
comme leur chasse-gardée.

Sur le plan économique, le Vénézuela pèse lourd dans la
balance commerciale des Etats-Unis qui en importent 15% de
leurs besoins en pétrole. De grandes compagnies pétrolières
sont présentes au pays de Chavez. Il y a donc des relations
économiques mutuellement avantageuses pour Washington et
Caracas, qui font penser à une cohabitation entre la langue et
les dents : condamnés à vivre ensemble, même s’ils se
mordent de temps en temps. Le référendum qu’il vient de
remporter est donc un moyen sûr pour Chavez de réaffirmer son
engagement pour la démocratie, de prouver qu’il a toujours le
soutien du peuple à deux ans du terme de son mandat. Du
reste, le dépouillement de 94% des suffrages , hier, annonçait
déjà une victoire du "non" avec 58,25% des voix. Chavez a donc
triomphé, la démocratie aussi.

Et c’est en cela que réside la plus grande leçon de ce
référendum. Ses adversaires politiques ont usé de moyens
déloyaux et illégaux (grève politique, putsch, etc.). Chavez aussi
aurait pu répondre à ces manoeuvres en faisant recours à des
mesures exceptionnelles allant de l’arrestation d’opposants
politiques à l’instauration de l’Etat d’urgence.

Mais non, il a
préféré la voie des urnes. Pour moins que cela, on voit comment
certains pouvoirs répriment dans le sang les contestations
politiques. Le pouvoir vénézuélien a donc fait preuve d’une
maîtrise rare sous les tropiques. En même temps, il fait la
démonstration que rien ne vaut l’adhésion du peuple. N’eût été
sa popularité auprès des masses, il est clair que Hugo Chavez
serait passé à la trappe de l’histoire.

Mais il a su résister à
toutes les forces internes et extérieures qui se sont liguées
contre lui. Grâce à son assise populaire.
Par ailleurs, l’instauration du référendum révocatoire apparaît
comme une soupape qui permet de réguler les tensions
socio-politiques. En Afrique, de longues crises au sommet de
l’Etat ou entre l’opposition et le pouvoir se sont soldées par des
règlements de compte sanglants.

Outre l’intransigeance que le
système institutionnel ne prévoit pas toujours, les coups d’Etat
et l’instabilité chronique sont sources de stagnation
économique. Les Africains, en la matière, ont donc des leçons à
apprendre du Vénézuela. Mais l’opposition vénézuélienne
sait-elle seulement quelle chance elle laissera filer entre ses
doigts en tentant de saboter le processus démocratique ?

Le Pays

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