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Mahamadou Ouédraogo, directeur de PRODIA : « Chaque crédit stabilise au moins 3 emplois »

Publié le mardi 16 février 2010 à 01h14min

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PRODIA est une institution de microfinance qui a inscrit son action dans la promotion du développement industriel, artisanal et agricole. Elle est dirigée par Mahamadou Ouédraogo que nous avons rencontré, le samedi 6 février dernier, la veille de l’ouverture de son Agence de Koudougou.

Pouvez-vous nous faire un bref historique de PRODIA ?

• PRODIA est une association locale qui a vu le jour autour des années 1980, précisément le 22 juin 1980. Elle est l’idée d’expatriés allemands et de Burkinabè qui ont eu à cœur de permettre l’accès aux financements à des groupes cibles qui n’ont pas accès à la banque. C’est ainsi qu’ils ont mis en place une structure dénommée PRODIA qui a pour objectif de permettre un accès aux crédits à ces groupes cibles.

L’idée de départ, c’est que la micro-entreprise peut contribuer grandement à l’économie nationale. Et de ce fait, il n’était pas question pour eux d’abandonner cette population cible. PRODIA opère à travers quatre agences actuellement ; il y a une agence à Gounghin au secteur 8, une aux 1200 Logements, une troisième sur l’axe Ouagadougou-Ouahigouya, à Tampouy, et une dernière agence à Koudougou.

Près 30 ans après, quels sont vos chiffres clés ?

• Au niveau de PRODIA, courant 2009, nous pouvons simplement dire, à titre d’exemple, que nous avons financé des projets pour un volume de 1 milliard 100 millions de francs CFA, au bénéfice de groupes cibles de PRODIA composés de jeunes, de femmes porteurs de projets dans divers secteurs d’activités, que sont l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, la prestation de services, et aussi le petit commerce.

Autres chiffres clés, notre clientèle est composée de 60% de femmes dynamiques et entreprenantes, qui réussissent. Nous sommes une structure de crédits, nous attendons un recouvrement conséquent pour leur permette de poursuivre leurs activités ; nous avons un taux de remboursement qui atteint 96%. Pour terminer au niveau des chiffres, nous pouvons indiquer que le secteur de l’artisanat, qui a été la raison d’être de notre association, est financé à hauteur de 30% chaque année. Du reste, nous avons de nouveaux métiers à travers la ville de Ouagadougou ; ce sont par exemple les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le boom des cellulaires, etc. Nous finançons ce secteur à hauteur de 30% pour les projets qui nous sont soumis.

Quels genres de difficultés rencontrez-vous avec vos clients, notamment pour le recouvrement ?

• Avec la clientèle que nous servons bien et qui fait d’énormes efforts pour rembourser les crédits et développer ses activités, il ne manque pas certaines difficultés. Celles-ci sont liées principalement à la formation de notre clientèle. Vous savez, entreprendre, c’est bien, mais il faut avoir des aptitudes, de la formation pour pouvoir gérer les ressources mises entre vos mains, si petites soient-elles.

Nous avons un problème d’accès aux ressources financières adaptées qui puissent nous permettre de répondre à la demande qui est de plus en plus croissante. Je vous ai indiqué le chiffre de plus de 1 milliard, c’est dire qu’il faut justement de la ressource pour nourrir ce besoin de financement qui émane de la clientèle, ces hommes et ces femmes qui ont accepté d’aller vers l’entreprise. Autres choses, ce sont les problèmes liés à la fiscalité. PRODIA n’est pas seule dans ce cas de figure. Nous parlons de la fiscalité liée aux emprunts, à l’acquisition des différents équipements.

C’est une requête qui a été soumise aux autorités ; elle est à l’étude et nous attendons de voir une sortie heureuse qui permettrait à notre structure et aux autres institutions de microfinance d’avoir une fiscalité adaptée à notre activité. Des problèmes de recouvrement nous en rencontrons également ; et nous essayons, dans la mesure du possible, de donner la meilleure information à notre clientèle ; de renforcer les capacités des gestionnaires de dossiers. il y a de plus en plus un assainissement du climat des affaires et nous entendons bénéficier de tout cela pour améliorer le financement des différents projets qui nous sont soumis.

PRODIA contribue certainement, à sa manière, à la lutte contre la pauvreté ; est-ce que vous pouvez nous en parler ?

• Quand vous regardez la gamme d’activités qui sont couvertes par nos financements, ce sont des secteurs généralement productifs. Mais le plus souvent, ce sont des activités qui relèvent de l’informel. Vous savez que le secteur de l’informel a une part très importante dans l’économie nationale ; à ce niveau les financements que nous libérons pour les uns et les autres permettent de stabiliser des emplois ; cela crée également de nouveaux emplois. Nous estimons donc que les financements de PRODIA viennent compléter d’autres dispositifs qui permettent de lutter, en tous cas, de réduire la pauvreté dans notre pays.

Les différents ateliers que nous finançons, sont autant de centres de formation de notre point de vue. Quand vous prenez des domaines d’activités telles que la couture, la coiffure, la mécanique-auto, la restauration, ce sont des centres où des jeunes apprennent des métiers, et après s’installent à leur propre compte. Nous pensons que chaque crédit que nous libérons permet de stabiliser au moins trois emplois. Nous n’oublions pas tous ces nouveaux métiers qui se déploient dans les grandes villes et qui contribuent également à lutter contre la pauvreté. Du reste, ces financements permettent d’améliorer les conditions de vie des populations que nous servons.

Vous inaugurez le 17 février prochain votre agence de Koudougou. Etre plus près possible de vos clients, c’est l’une de vos préoccupations. Qu’est-ce-qui motive cette démarche ?

• L’ouverture de l’Agence de Koudougou, intervenue à la mi 2009, répond à une volonté de décentralisation de l’institution ; et cela est dicté par le besoin d’agrandir le portefeuille de PRODIA, et également d’améliorer notre représentation. PRODIA, pendant longtemps, est restée dans la ville de Ouagadougou et nous avons donc décidé dans le cadre de notre plan d’affaires d’aller vers l’extension de notre activité hors de cette ville.

Du reste, une étude, qui a été commanditée, a montré qu’au niveau de cette ville, il y a des potentialités et un foisonnement d’activités du secteur informel et celles menées par les micro-entrepreneurs. Il y a aussi l’existence d’un marché très captif pour lequel PRODIA pourrait être un acteur très important. Ce sont ces arguments qui ont amené notre institution à aller dans la ville de Koudougou.

Je voudrais également rappeler qu’il y a quelques années, il y avait un programme de Promotion de l’artisanat burkinabè (PAB) qui était dans la ville de Koudougou et qui rayonnait dans 6 autres provinces. PRODIA a accompagné ce programme-là au profit de l’artisanat et depuis ce temps nous sommes généralement sollicités, notamment par les artisans qui ont bénéficié d’un volume de financement très important.

Outre le fait que Koudougou est une ville de l’intérieur, un chef-lieu de région, nous pensons qu’il y a, tout autour, un foisonnement d’autres activités, notamment celles liées au maraîchage, à l’élevage, à la pêche, qui sont très développées dans le Centre-Ouest, faisant ainsi de Koudougou un pôle d’échanges de ces produits. Nous pensons que nous pouvons contribuer grandement à développer ces activités en finançant la production et la commercialisation.

Agnan Kayorgo

L’Observateur Paalga

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