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Côte d’Ivoire : Une situation qui n’a rien de rassurant

Publié le mercredi 10 février 2010 à 01h54min

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“Je dois dire que, en mon âme et conscience, je n’ai pas fraudé. Je n’ai pas donné instruction pour frauder et le système n’est pas fait pour frauder.

“Je dois dire que, en mon âme et conscience, je n’ai pas fraudé. Je n’ai pas donné instruction pour frauder et le système n’est pas fait pour frauder. Je voudrais dire simplement aux Ivoiriens que ce travail, je l’ai fait depuis le début en m’appuyant sur un principe : je dois rendre compte à ma conscience, à Dieu, à l’histoire et un jour aux hommes”. Cette profession de foi du président de la Commission électorale indépendante (CEI) de la Côte d’Ivoire, Robert Beugré Mambé, ne suffit pas pour calmer les choses en Eburnie.

La crise née de l’affaire des 429 000 noms que ce dernier aurait frauduleusement incorporés dans le fichier électoral s’exacerbe de jour en jour avec des risques de faire dérailler le processus électoral. C’est ce qui a valu le séjour, du 5 au 9 février, du Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, dans notre capitale pour demander l’implication du président du Faso, le facilitateur.

A sa sortie d’audience, le 5 janvier à Kosyam, le chef du gouvernement n’a pas caché ses inquiétudes sur la situation : “L’heure est grave”, avait-il lancé aux journalistes. Sur le terrain, effectivement, la gravité de la crise ne se discute pas avec les marches et saccages dans certaines contrées, et la contestation, devant les tribunaux, de la nationalité de certains Ivoiriens par d’autres comme c’est le cas actuellement à Divo.

Hier la sous préfecture de Vavoua a été purement et simplement incendiée par des manifestatnts. On ne pourrait donc pas qualifier de démesurée l’attitude des forces nouvelles qui dénoncent “un péril réel”, planant sur des localités ou des communautés qui “se regardent en chiens de faënce et qui seraient prêtes à s’attaquer”. L’ex-rebellion y voit les germes “d’une guerre civile” et brandit le spectre d’un “Rwanda qui se prépare en Côte d’Ivoire”.

“Rien ne sert de se précipiter pour aller aux élections, l’essentiel, c’est un scrutin transparent, crédible et non contesté”. C’est ce que chante tous les jours les acteurs du lanterneau politique sur la rive de la lagune Ebriée. Mais c’est sans compter avec les calculs égoïstes des uns et des autres qui sont prêts à prolonger sinon à raviver les souffrances des populations quand leurs intérêts en dépendent. Comment comprendre qu’après tant de reports, tant de promesses, tant de rencontres à Ouagadougou, les élections soient toujours renvoyées aux calendes ivoiriennes.

Ce qui a permis à l’enfant terrible de Mama de remplir deux mandats pour le prix d’un, et continue de boire son petit lait au palais de Cocody. La vraie question redoutée par le mari de Simone Gbagbo est sans doute l’issue de cette bataille dans les urnes en dépit des sondages, c’est son camp qui les commandite, qui lui prédisent une victoire certaine. Ne se faisant pas trop d’illusions, le camp présidentiel sait bien que la partie n’est pas gagnée d’avance et que tout va se jouer dans un mouchoir de poche. C’est pourquoi il renvoie toujours à demain le face-à-face avec ses adversaires qui jouent leur va-tout dans cette confrontation.

Pour que ce jadis havre de paix sorte la tête hors de l’eau, il faut que ses leaders aient le sens élevé de la responsabilité pour réaliser que, comme l’a dit le père fondateur de la nation, la paix est un comportement, sans laquelle l’avenir de tous s’assombrit au gré des événements malheureux. A la prochaine rencontre à Ouagadougou, jeudi prochain, le président du Faso doit mettre les protagonistes devant leurs responsabilités. En effet, une reprise des hostilités plongera le pays dans un chaos aux conséquences incalculables. Les générations entières, elles se contenteront, non sans peine, à récoler les morceaux.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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