LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sana Bob : Un talent, une humilité et surtout un engagement

Publié le mercredi 3 février 2010 à 01h03min

PARTAGER :                          

Mettons nous dans l’éventualité d’un sondage qui mesurerait, au plan local, le degré de popularité des artistes musiciens burkinabè. Beaucoup d’observateurs avisés de nos scènes musicales ne manqueront pas de citer le nom de Sana Bob parmi les artistes les plus connus, surtout dans les endroits « les plus reculés » du pays. A travers sa musique faite de mélange de rythme traditionnel (Wed Bindé) et de reggae et aussi avec une façon d’être qui allie modestie et franc-parler, l’homme a su se faire un capital de sympathie auprès du public burkinabè.

De son vrai nom Sana Salif, Sana Bob est parmi les artistes musiciens burkinabè celui qui, à coup sûr, est capable de réveiller un public et de le faire bouger lors d’un spectacle. Les spécialistes des organisations de spectacles sont si conscients que « le Rasta » est sollicité chaque fois qu’une manifestation se veut populaire et quand son objectif intéresse le public non intellectuel. Que ce soit en langue locale mooré ou dans un français, propre à lui et très accessible à tous, Sana Bob dit « ses vérités » et surtout les mots que beaucoup de gens aiment et veulent entendre. C’est à lui que bon nombre d’associations oeuvrant pour le développement en milieu rural font toujours recours pour les tranches d’animation pendant leurs manifestations. Plus d’une fois, nous nous sommes rendu compte que cet artiste, qui mène pourtant une vie très simpliste, est une vraie vedette à l’intérieur du Burkina.

Des dires mêmes de Sana Bob, sa carrière a commencé en Côte d’Ivoire où il vivait. Dans ce pays, il avait pu déjà réaliser un tout premier album qui est resté très peu connu du public jusqu’aujourd’hui. Le succès mitigé du premier album n’a pas pourtant entamé la détermination du battant qu’il est. Une fois rentré au pays, Sana Bob se fait tout de suite connaître du public et gagner même son admiration avec déjà les titres de sa deuxième oeuvre baptisée « Réconciliation » et sortie en 2001. En juin 2006, il installe définitivement sa popularité avec la sortie de l’album intitulé « Dernière chance ». Les chansons de cet album restent encore largement jouées. Mais, puisque l’artiste déborde d’inspiration, il vient de nous servir, en décembre 2009, un tout dernier dénommé « Beog Yiing » dont l’un des titres très expressif est « On est pas d’accord ».

« On est pas d’accord », c’est comme on peut le comprendre, avec les mauvais comportements dans la société. Et parmi ces mauvais comportements, il y a l’injustice, l’impunité, la confiscation des libertés ou l’insécurité. En effet Sana Bob, c’est aussi cet artiste qui est toujours engagé dans ses chansons. Tout en invitant constamment les Burkinabè à servir leur pays et à le faire valoir, il fustige également ce qui ne va pas. Bon nombre de ces chansons sensibilisent les citoyens à changer de comportements dans certains domaines. Sana Bob fait actuellement partie du Collectif des artistes engagés contre l’enterrement par la justice du dossier Norbert Zongo. « Je suis inspiré par des causes justes », dit-il. Dans le cadre du dossier Norbert Zongo, il a déjà participé à plusieurs concerts en vue de conscientiser le public et d’interpeller nos dirigeants. Pour lui, Norbert Zongo est une référence car étant de ceux qui ont servi le pays.

Ce qui lui est arrivé doit être puni pour éviter d’autres cas. Malheureusement cet engagement de Sana Bob lui cause parfois des préjudices sur le plan de sa carrière. D’après lui, avec certains milieux où il avait des invitations pour jouer, les ponts ont été brusquement coupés. Il se rappelle aussi qu’une de ses chansons comportant le refrain « ...Mon pays, il faut que ça change.. », ne passe plus sur certains médias publics. Et selon l’explication qui lui est parvenue, ce refrain aurait été celui qui était chanté par les militaires lors de leur effroyable confrontation avec les policiers en décembre 2006 à Ouagadougou. Depuis lors la chanson semble avoir été classée « séditieuse ». Autre situation déplorée par Sana Bob, c’est la quasi impossibilité pour un artiste burkinabè de vivre de son art. Paradoxalement, sa reconnaissance, voire son succès populaire ne lui vaut pas de bénéficier de son travail sur le plan financier. « Mon âme vit bien avec ma carrière mais mon corps refuse », résume-t-il, en ces termes, la situation.

IS

L’Indépendant

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 3 février 2010 à 11:29, par L’intègre En réponse à : Sana Bob : Un talent, une humilité et surtout un engagement

    tous mes encoragement à cet artiste qui malgré les difficultés rencontré, il tient bon. il faut noté aussi que cet artiste a contribuer énormement à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH/SIDA, à travers sa participation à plusieurs caravane organisé par le Réseau National des Personnes vivant avec le VIH/SIDa (REGIPIV) à travers le pays. Bravo à toi mon frère que le Seigneur t’accompagne. en même temps, j’interpelle les mélomanes Burkinabè à soutenir cet artiste, juste en le consoment. ce n’est pas seulement avoir ses sons sur nos portables comme sonerie, mais c’est de payer ses oeuvres, pareil pour tous nos artistes. nous les tuons, et nous sommes tous coupables. voilà une lutte qui doit être entamé par tous. payons les oeuvres de nos artiste, pour qu’ils puisse produire encore et encore pour nous. et pour que leurs corps et leurs âmes vivent de ce qu’ils ont.
    et aussi, il faut que nos politiciens du pouvoir comme de l’oposition comprènent qu’on ne doit pas briser la carrière d’un artiste.
    pour ceux qui sont au pouvoir : l’artiste dit ce que le peuple ne peut pas dire, ou même si le peuple dit ça ne sera pas entendu.
    pour ceux qui sont dans l’opposition : l’artiste ne veut pas être utulisé comme une marionette.
    Salut à tous.
    "Sans Gnagoya"

  • Le 4 février 2010 à 01:22, par sansfard En réponse à : Sana Bob : Un talent, une humilité et surtout un engagement

    Bien vu ! et j’espère que les autres presses burkinabè et l’opinion jugeront enfin cet artiste fiable à sa juste valeur. Sana Bob est sérieusement talentueux et patriote. Il mérite amplement d’être soutenu. Et il est temps.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique