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Sommet de l’Union africaine : Le fair-play forcé de Kadhafi

Publié le mardi 2 février 2010 à 03h14min

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« Technologies de l’information et de la communication en Afrique : défis et perspectives pour le développement » ; c’est sous ce thème que se tient, depuis le 31 janvier 2010, la 14e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des 53 pays membres de l’Union africaine (UA), à Addis-Abeba, en Ethiopie.

A ce chapitre, il faut bien sûr ajouter une des questions importantes sur l’avenir de l’Afrique, notamment les conflits au Soudan, en Somalie, en République démocratique du Congo (RDC), les crises politiques à Madagascar et en Guinée Conakry pour ne citer que ces plaies.

Mais, au-delà de ces préoccupations majeures, l’évènement de ces assises aura été l’éviction forcée du guide de la Jamahiriya arabe libyenne, Mouammar Kadhafi, du poste de président de l’UA qu’il assumait depuis février 2009.

En effet, alors que ce dernier tenait à jouir d’un deuxième mandat d’un an, en violation du principe de la présidence tournante, ses pairs sont allés contre ses ambitions monarchistes, en le remplaçant par le président malawite, Bingu wa Mutharika.

Kadhafi avait pourtant tout planifié pour garder le fauteuil, notamment en conviant à ces assises le « Forum des rois, sultans, princes, cheikhs et chefs coutumiers d’Afrique », qu’il préside, pour plaider pour sa réélection.

Le représentant de ladite organisation, Zié Jean Gervais (chef coutumier ivoirien), à qui Kadhafi a donné la parole à l’ouverture du sommet, n’a donc pu convaincre la majorité des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, malgré ses « colliers dorés » et son « bonnet bariolé ».

On peut même dire que ce dernier s’est ridiculisé aux yeux de certains leaders, surtout ceux d’Afrique australe et orientale, qui semblaient rire sous cape en écoutant son discours ampoulé où il invitait à « suivre le Guide qui nous montre la voie ».

On peut bien accepter la doléance de cette organisation kadhafienne d’être associée « dans le cadre de la recherche de la paix ». Mais de là à battre campagne pour le renouvellement du mandat d’un leader d’Etat en violation des textes, c’est un pas que les têtes couronnées du continent ne devraient pas franchir, surtout pour une structure qui se dit apolitique, sous peine de compromettre la paix, dont ils se disent les défenseurs.

L’avènement du président malawite à la tête de l’organisation consacre donc la fin d’un mandat controversé en raison des positions contradictoires dans la gestion des crises politiques au sein même des dirigeants des organes de l’UA : c’est le cas des troubles politiques à Madagascar, en Mauritanie et en Guinée où le guide de la Révolution libyenne soutenait les changements anticonstitutionnels, pourtant condamnés par l’UA.

Eh bien, Kadhafi, malgré lui, s’est vu contraint de céder le fauteuil de la présidence de l’institution. Il faut se féliciter que le « Roi des rois d’Afrique », ainsi se faisait-il appeler par ses pairs, n’ait pas boycotté le sommet. Car en d’autre temps, il aurait claqué tout simplement la porte pour regagner sa tente climatisée à Syrte.

En tout cas, il a dû faire une violence inouïe sur lui pour en venir à déclarer « n’avoir besoin d’aucun titre » et à dire être prêt à « rester sur le front pour la lutte en faveur de l’UA ». N’est-ce pas là un fair-play forcé pour qui connaît bien le colonel Mouammar Kadhafi ?

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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