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Gouvernement guinéen : Rabiatou ou les calculs d’une égérie du syndicalisme

Publié le mardi 2 février 2010 à 03h14min

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Que ce soit à la tribune du Bureau international du travail (BIT) à Genève ou lors d’un meeting syndical à Conakry, Rabiatou Serah Diallo est à l’aise : discours clair, voix de stentor qui tranche avec sa relative petite taille et surtout son abord timide. Ainsi est cette passionaria du syndicalisme guinéen, qui n’hésite pas à croiser le fer avec le pouvoir.

« Je marche parce que je suis une mère de famille, et la marmite sur le feu est vide ; alors je marche pour que la Guinée ne prenne pas feu », aimait-elle répéter lors des marches sanglantes de janvier-février 2007 sous le règne de Lansana Conté. La présidente de la toute-puissante Centrale nationale des travailleurs de Guinée(CNTG) a le caractère bien trempé à l’image d’une autre dame de fer, sa compatriote Saran Dalaban.

Elle est aussi une militante historique de l’Opposition de ce pays, la frontière entre politique et syndicalisme n’étant pas si ténue a fortiori dans un pays où ce sont les syndicats souvent qui entament les luttes ... politiques.

« C’est une dame qui a des couilles », pourrait-on se permettre (que les femmes nous excusent ce parallèle). Car elle a plusieurs fois bombé son poitrail alors que les hommes se livraient à leurs querelles byzantines.

Avec un tel CV de lutteuse polyvalente, il serait injuste qu’elle ne figure pas dans le gouvernement de transition (arrêté avec l’Accord de Ouaga) du premier ministre Jean-Marie Doré. D’ailleurs, les forces vives avaient vu juste en inscrivant son nom dans la short liste des premiers ministrables.

Mais est-ce une raison suffisante pour elle de réclamer le département de l’Administration ? Apparemment elle l’entend de cette oreille, puisque l’égérie du syndicalisme guinéen exige ce poste, peut-être comme lot de consolation, sinon rien. Le strapontin des affaires sociales ? Elle n’en veut pas ;

il est vrai que, depuis plusieurs années, ce ministère est invariablement dévolu aux femmes dans les gouvernements comme si un homme ne pouvait s’en occuper. La patronne de la CNTG n’est pas obligée d’aller s’encrouter à l’Action sociale.

Certes on comprend aussi cette revendication maximaliste de Rabiatou comme pour dire que sa présence dans cette équipe d’union nationale doit être proportionnelle à son poids politique, pardon syndical. Surtout que cette dame a perçu le pouvoir qu’elle détiendrait en étrennant ce ministère, qui sera un centre névralgique du processus électoral en attendant la mise en place d’une CENI crédible et consensuelle.

Cependant toutes ces considérations valent-elles la réussite de cette transition ? En mettant sur la balance les ambitions de Mme Rabiatou et une poursuite paisible du processus, « il n’y a pas photo », et il y a un pas que toute responsable qui manage les travailleurs, qu’elle est, sait ne pas devoir franchir. Sous peine de faire dérailler le train, encore poussif, de la PAIX.

Et on espère que la raison habitera tous les protagonistes guinéens, qui ont demandé et obtenu que, pour cette cuisine intérieure, le facilitateur, Blaise Compaoré, ne « mette pas sa bouche dedans » ;

une initiative louable, car elle permet aux Guinéens eux-mêmes de mettre aux postes qu’il faut les hommes qu’ils estiment capables de conduire cette période délicate jusqu’aux élections. Le pourront-ils sans un coup de pouce du médiateur ? Attendons le gouvernement Doré et la suite pour nous prononcer.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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