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Rehabilitation des sites culturels : Un travail de mémoire à soutenir

Publié le mardi 17 août 2004 à 07h49min

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Identification, réhabilitation, valorisation... Le ministre de la
Culture, des arts et du tourisme, Mahamoudou Ouédraogo, est
un pèlerin infatigable. Depuis qu’il est à la tête de ce ministère,
c’est un véritable travail de restauration du patrimoine culturel
burkinabè qu’il a entrepris. Tous les sites historiques majeurs
ont été visités. On y découvre parfois des richesses
insoupçonnées.

Aujourd’hui, grâce à ce travail exécuté avec la
minutie d’un archéologue, 42 sites ont été inscrits sur la liste
nationale du patrimoine culturel.

Ces sites, reconnus
d’importance nationale, constituent une priorité pour le
ministère, dans le cadre de la mise en valeur des biens
culturels. Une centaine d’autres sites est répertoriée. Les
travaux de recherche continuent pour mieux les faire connaître.
Deux sites, les ruines de Loropéni (zone de Gaoua) et les
peintures rupestres de Pobé Mengaho(zone de Djibo), sont
candidats pour figurer sur la liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO.

Mais cette réhabilitation de la mémoire collective ne
doit pas être dévolue au seul ministère de la Culture qui, parfois,
a du mal à se faire comprendre dans un environnement inculte,
irrespectueux des valeurs léguées par les ancêtres. Cette
politique de revalorisation gagnerait davantage à s’intégrer dans
un grand ensemble où chacun jouerait sa partition. Visiblement,
ce n’est pas le cas.

Pendant que certains s’échinent à donner
une plus value au patrimoine culturel, d’autres assimilent ce
travail de préservation à une perte de temps et d’argent. Sinon
comment comprendre que parfois des bois sacrés, qui ont
traversé des siècles, soient rasés un beau matin, emportés
qu’ils sont par le tracé d’une route ou la construction d’un
bâtiment sans âme. Ailleurs, développement, préservation de
l’environnement et valeurs culturelles s’épousent.

Mieux, s’il y a
des difficultés insurmontables, priorité est donnée à l’oeuvre
culturelle. En Grèce, les travaux de tracé d’une route ont été
bloqués pendant trois mois pour permettre aux archéologues
d’entreprendre les recherches nécessaires sur un site
historique découvert par hasard.

Cette route, bien que construite
dans le cadre des jeux olympiques, n’a rien changé à la volonté
des autorités d’effectuer les recherches nécessaires pour tenter
de réveiller une partie de l’histoire du pays.
L’infrastructure routière a accusé un grand retard dans sa
finition. Mais c’était le prix à payer. La culture est tout ce qui nous
reste lorsqu’on a tout perdu, proclame le philosophe. C’est dire
que la culture d’un peuple ne saurait se prêter à un
marchandage comme on le ferait pour des richesses
matérielles.

Malheuresement, sous nos tropiques, cette
trouvaille archéologique aurait été broyée par des bulldozers.
L’ancienne gare ferroviaire de Ouagadougou a été détruite. C’est
une perte inestimable. Aujourd’hui, l’Acropole, à Athènes
(Grèce), vieille de trois mille ans, est en train d’être réhabilitée.
Pendant ce temps, ici et un peu partout en Afrique, on vend des
masques sacrés à vil prix à des antiquaires sans scrupules.

Du
coup, pour reconstituer notre propre histoire, on doit se rendre
dans les musées parisiens, londoniens ou new-yorkais. Le
combat du ministère en charge de la culture veut donc s’inscrire
dans ce vaste combat contre le pillage des oeuvres d’art tout en
faisant des sites réhabilités, de hauts lieux touristiques. Pour la
pérennité d’un tel projet, il conviendrait d’accorder des facilités
d’accès aux crédits et un allègement fiscal aux promoteurs
culturels pour la construction d’infrastructures d’accueil autour
des sites.

Il est étonnant qu’un paysage touristique, pour ne citer
que le cas des cascades à Banfora, ne dispose d’aucune
infrastructure. Des niches de développement peuvent se créer
autour des sites touristiques pour peu qu’on ose y investir tout
en encourageant les Burkinabè à découvrir leur propre pays. Ce
qui passe par la création d’infrastructures adaptées avec des
prix attractifs, à la portée des Burkinabè qui, souvent, sans s’en
rendre compte, s’ignorent.

Le Pays

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