LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

SORTIE DE CRISE EN GUINEE : La saison des ambiguïtés

Publié le vendredi 22 janvier 2010 à 00h47min

PARTAGER :                          

Alors qu’on n’a pas fini d’applaudir des deux mains les accords obtenus presque aux forceps et qui devraient permettre de voir enfin le commencement de la fin de cette crise guinéenne qui aura, au final, été d’une sévérité qui le disputait à son intensité, le leader historique de l’Opposition guinéenne, Jean Marie Doré, par ses propos, choisit de mettre les pieds dans les plats.

Les propos qu’il a tenus au cours d’une très récente interview seraient passés inaperçus, peut-être, s’ils avaient été proférés par un Guinéen lambda, et encore. Mais qu’ils émanent de cet homme jouissant d’une réputation d’opposant farouche aux différents régimes qui se seront succédé dans son pays, et ce, dans un souci de combat pour plus de justice et d’équité dans son pays, la chose surprend.

Jean Marie Doré, au cours de cette interview, sera resté volontiers ambigu, usant volontiers de termes sibyllins, multipliant à profusion demi-mots et non dits, et ce, sans doute, à dessein. La seule chose qui s’en dégage clairement, on l’aura su, est que l’homme souhaite à la fois disposer des œufs et recevoir l’argent des œufs. Il accepte être l’homme que l’on aura choisi comme Premier ministre de l’ère de la transition mais tient aussi à pouvoir se porter candidat à la présidentielle, le temps venu. Et là, ça coince. Pour la simple raison que les Accords de Ouagadougou ne le prévoient pas ainsi. Cette attitude du nouveau Premier ministre ne saurait manquer alors de susciter de légitimes interrogations.

Et la première sans doute de savoir si Doré s’exprime en son nom personnel ou en celui des Forces vives qu’il est censé représenter. Lorsqu’il rejette sans concession les Accords de Ouagadougou, le fait-il en tant que citoyen guinéen, ou se fait-il le porte-parole du mouvement qui l’a choisi ? On peut sans doute reprocher aux Accords de Ouagadougou sur la sortie de crise en guinée de n’être pas parfaits. En la matière, et vu les circonstances exceptionnelles dans lesquelles les choses se seront déroulées cependant, la sagesse recommande de les accepter comme le fruit d’un consensus longtemps espéré et que beaucoup désespéraient de voir arriver. Et le réalisme commande d’accepter qu’ils constituent assurément un énorme pas en direction de la sortie de cette crise qui paralysa la Guinée, de longs mois durant et lui fit verser des larmes d’horreur, de tristesse et d’amertume.

Que Jean Marie Doré ou les forces qu’il représente les récuse aujourd’hui avec autant de désinvolture, surprend. A leur décharge, ils pourront toujours arguer qu’il s’agit-là de décisions qui n’engagent que ceux qui les ont prises. Mais même là, ils se livreraient à un mauvais jeu. Les Forces vives ont été conviées à la rencontre de Ouagadougou, aux fins de prendre part aux rencontres ayant précédé lesdites prises de décisions. Ce sont elles qui ont choisi de décliner l’invitation, au motif qu’elles préfèrent gérer désormais certaines questions guinéennes à l’interne. Jean Marie Doré peut-il, doit-il aujourd’hui accepter le poste de Premier ministre et proclamer tout haut qu’il veut se présenter à la future présidentielle guinéenne ? Raisonnablement non.

Le souci des Accords de Ouagadougou en refusant à tout membre de la transition toute possibilité de briguer le scrutin présidentiel, est suffisamment clair pour qu’on ne lui cherche pas noise. Il refuse de permettre à quiconque de se servir comme d’un tremplin de la transition pour préparer à son propre profit la présidentielle à venir. L’Opposition guinéenne l’aura elle aussi, compris. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, plus d’un observateur se sera étonné de voir ces Forces vives proposer ses deux principaux atouts, Jean Marie Doré et Rabiatou Diallo pour être membres du comité de transition. Car, ce faisant, ne savait-elle pas qu’elle mettait ses deux cartes maîtresses hors du jeu de la présidentielle ?

Le regretterait-elle à présent ? Ou bien, assisterait-on à une stratégie personnelle de Jean Marie Doré qui doit, lui, avoir un plan bien programmé derrière la tête ?

En tout état de cause, les propos de l’homme suscitent des inquiétudes et ne sont pas pour rassurer les uns et les autres, en Guinée et ailleurs. On peut d’ailleurs se demander ce qu’en pense le désormais chef de l’Etat, le Général Sékouba Konaté, et sutout, la décision qu’il optera de prendre suite à cette sortie plutôt tonitruante et bien malheureuse du leader de l’Opposition historique qui, au final, aura fini d’administrer la preuve qu’il a perdu, là, une excellente occasion de se taire. Car, qui dit que les Accords de Ouagadougou ne constituent pas la première partie d’une tactique mise en place pour le moment et qui pourrait changer à la veille de la présidentielle ? Il se peut qu’on ait décidé la non-candidature des membres de la transition, dans le but de s’attacher à l’essentiel. Rassembler ce qui peut l’être, en Guinée, à l’heure actuelle. Rien ne dit, qu’en temps opportun, on ne décidera pas, par exemple d’élargir la candidature à la présidentielle à tous ceux qui souhaiteraient se mettre en lice. Qui sait ?

Auquel cas, Doré aurait trop, et trop vite parlé. Il faut espérer qu’on n’assiste là, qu’à un banal dérapage verbal d’un homme qui, jusque-là, jouit d’une réputation bien établie, de constance et de pondération. Et si c’était le cas, il faudrait vite rectifier le tir. Sinon, ces propos de Jean Marie Doré n’ajouteraient que de nouvelles et sombres couleurs au tableau déjà laid que l’on peint des politiques guinéens.

Et ce serait là, plus que dommage. Car l’heure est désormais à l’espoir en Guinée.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 22 janvier 2010 à 09:29 En réponse à : SORTIE DE CRISE EN GUINEE : La saison des ambiguïtés

    Voyez cher guinéens.
    Des gens en particulier des personnalités ont accusé Dadis de ne pas tenir à sa promesse de ne pas se présenter à l’élection présidentielle guinéenne prochaine au lendemain de son arrivée au pouvoir. Ces mêmes personnes une fois investies d’une rôle dans la transition semestrielle qui doit conduire au élections présidentielle guinéenne selon l’accord de Ouaga ne sont pas disposer à respecter leur engagement. En s’engageant activement dans l’équipe de la transition, ils sont interdits de candidatures à prochaine élection : c’est une promesse ou une parole donnée faite aux peuple guinéen. Où est l’honneur dans leurs ambitions ? Servent-ils vraiment le peuple guinéen ?

  • Le 22 janvier 2010 à 09:39, par Jack En réponse à : SORTIE DE CRISE EN GUINEE : La saison des ambiguïtés

    Les propos de Doré sur RFI ne rassurent guère. Ne peut-on pas nommer un autre premier ministre qui va appliquer les accords de Ouaga qui à mon avis sont parfaits ? Tergiverser ne fait qu’ajouter de la douleur aux problèmes des Guinéens. Existerait-il des hommes politiques vraiment sérieux dans ce pays-là ?

  • Le 22 janvier 2010 à 10:07, par ibra En réponse à : SORTIE DE CRISE EN GUINEE : La saison des ambiguïtés

    En dehors d’un optimisme beat, personne ne doit tres vite jubiler d’un quelconque succes de la mediatio burkinabe. En effet, pour qui connait le peuple guinneen,
    1.On doit attendre de voir ce conseil nat. de transition et ce gouvernment d’union national mis en place et fonctionner normalement
    2. On doit voir tous les membres du CNDD et du gouvt d’union national renoncer effectivement à se presenter aux elections a venir.
    3. L’accord de ouaga devrait etre signé entre les forces vives et Dadis car à notre connaissance, il’n y avait aucun brouillard a entre konaté afin dadis afin que l’in puisse parler d’accord.
    Salut

  • Le 22 janvier 2010 à 16:50, par Marcellin En réponse à : SORTIE DE CRISE EN GUINEE : La saison des ambiguïtés

    Il ne s’agit point d’une ambiguïté ! Les forces vivent guinéennes avaient déjà obtenu l’accord de KONATE pour la nomination d’un Premier ministre issu de leurs rangs bien avant les accords de Ouaga. Le fait que DORE ait été désigné n’est donc pas une mise en application des accords de Ouaga pour eux. Ils ne veulent pas se sentir concernés par lesdits accords auxquels ils ont refusé de participer ; donc ils n’entendent pas les appliquer.

  • Le 23 janvier 2010 à 12:03, par le modéré En réponse à : SORTIE DE CRISE EN GUINEE : La saison des ambiguïtés

    bonjour mes frères.
    A cette allure le bateau "Guinée" est loin du port. Les guinéens auront encore à subir d’autres déboires si chacun, une fois investi fait fi de toute logique. Le cas Dadis, les morts faits par L Konté, les prisonniers de Sékou Touré, les nombreux exhilés des temps forts du PDG ne suffisent -ils pas pour assagir la classe politique de Guinée ? Et si Sékou Bâ prend goût au pouvoir J.M.DORE aura-il une bouche pour critiquer ? Lui à qui l’odeur du pouvoir a suffi pour tourner la tête, enterrer son honnheur et oublier le peuple au nom duquel il a jusqu’à présent prétendu combattre !
    Voyez-vous mes frères la classe politique Guinéenne mérite bien ce qu’il a subi et qu’il subira. Elle n’a pas fini d’épuiser son KARMA. Et ppuisqu’un peuple le plus souvent n’a que les dirigeants qu’il mérite, le peuple guinéen subi les effets de maladresses de ses chefs.
    De récifs ! encore des récifs !
    merci

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique