"Les frères Boly en cavale". Par cette expérience, l’on est tenté de rêver à une vie de cow-boy dans le Far West Américain, lorsque vous revisitez les pages de Bande dessinée des bédéistes Morris et René Goscinny.

Marianne Bert, gestionnaire du "Karité bleu" et commissaire de l’exposition a tout simplement voulu marquer la différence avec les expositions d’art plastique régulièrement organisées dans cet espace. << Ils sont toujours en ballade dans la nature ces frères Boly. Tantôt à gauche ,tantôt à droite, en Europe , en Afrique ou sur d’autres continents.

L’idée essentielle de ce vernissage consiste à les rechercher, et à pouvoir enfin les regrouper pour une magnifique exposition où ils vont faire converger leurs idées. C’est pour ce projet que j’ai fait référence à l’histoire de Lucky Lucke et les frères Dalton.>>, a révélé Marianne Bert .

Ils ont une démarche artistique particulière, même si leurs techniques les diffèrent les uns des autres. Mais au bout du compte, c’est la fraternité qui prévaut. Leurs styles s’apparentent au naïf, à l’abstraction, au symbolisme et à la narration. Leurs œuvres reflètent des inspirations de la vie quotidienne basées sur une philosophie de comportement de la société en général.

La morale, l’abus d’autorité ou de pouvoir, la peur , la lâcheté, la mesquinerie, les faux-fuyants mais aussi l’ignorance sont des maux dénoncés par Sambo Boly, qui est en même temps conteur et utilisateur de proverbes africains. Sa technique d’artiste consiste à nouer des bandelettes de tissus entre elles, à les relier par des cordelettes sur de grands cadres de bois.

Il applique sur cette matière de la peinture acrylique et des pigments naturels pour donner plus de visibilité à son travail. Ce procédé laisse transparaître des formes humaines plus ou moins hybrides avec des visages où des petites têtes rappelent l’univers des esprits ancestraux, des djinns, des totems que la société des hommes aiment bafouer, mettant en péril leur vie. <>, confie Sambo.

Son frère cadet Moussa utilise par contre des matériaux de récupération (morceaux de tissus, coton, toile de juste, filet de bain, colle à bois) pour réaliser ses tableaux. Il se sert de pigments naturels composés d’un mélange de feuilles d’arbres, de la terre ocre, des cailloux rouges ou jaunes écrasés pour reproduire ses couleurs de fond. A travers une de ses toiles intitulée "Les clandestins", l’artiste symbolise une situation vécue par toute la jeunesse du monde qui considère que l’Occident est le meilleur Eldorado.

Il lance ainsi un message à tous les décideurs politiques pour trouver une solution à la situation. Quant à Aliou, le frère aîné, il jette également son dévolu sur les couleurs naturelles qu’il intègre aux matériaux de récupération (bandes de cotonnade et tissus bogolan). Il s’en sert pour faire des collages sur ses dessins et le contenu de ses tableaux met à nu les comportements des individus dans le milieu social : la vie des couples, le problème de voisinage, l’orgueil... . Kader Boly est peintre résidant en Europe.

Il a adopté le style de peinture rupestre de l’histoire paléolithique et néolithique. Ses tableaux symbolisent l’environnement sahélien qu’ il a connu à travers les collines et dunes de sable, les bergers peulhs et leurs troupeaux en pâturage près des oasis. L’exposition est ouverte au public pendant un ou deux mois.

Privat OUEDRAOGO

Sidwaya