LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Nestor Bassière, vice-président de l’UNIR/PS : « Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 de la Constitution soit révisé »

Publié le jeudi 21 janvier 2010 à 01h05min

PARTAGER :                          

Elu sur la liste UPS dans les Hauts-Bassins, le député Nestor Bassière a ensuite rejoint en 2009 l’UNIR/PS (une coalition de partis sankaristes) où il occupe le poste de vice-président. Dans l’entretien qu’il nous accorde, ce sankariste bon teint aborde les soubresauts au sein de son parti à Bobo-Dioulasso (son fief). Il s’insurge au passage contre la relecture de l’article 37, sujet qui anime les débats politiques au Faso.

Sidwaya (S.) : Que répondez- vous aux militants qui se plaignent que depuis votre entrée à l’Assemblée nationale, vous êtes pratiquement inaccessible ?

Nestor Bassière (N.B.) : C’est la question fondamentale qui concerne de tous les députés, mais je comprends les militants dans la mesure où nous étions ensemble tous les jours et maintenant, ma nouvelle charge fait que je suis plus à Ouagadougou.

Donc pour eux je suis inaccessible. Il faut qu’ils sachent que le député est différent du conseiller municipal dont le travail se fait sur place. Le député, lorsqu’il est élu, est national et appelé à siéger à Ouagadougou, à préparer les lois et à les voter. On peut être député et être absent à l’hémicycle parce qu’il n’y a aucune contrainte pour que le député soit présent aux plénières ou dans les sous- commissions.

En ce moment je peux revenir à Bobo, m’asseoir avec eux. Mais est-ce pour cette raison qu’ils m’ont accordé leurs voix ? Sur douze mois de l’année, nous avons six mois de session ordinaire, un mois de session extraordinaire. En plus de cela, il faut ajouter les travaux en commission et les voyages.

Et lorsque que l’on déduit ce temps des douze mois de l’année, je ne peux pas être fréquent à Bobo-Dioulasso comme par le passé. Ce que je demande aux militants, c’est de suivre ce que je fais au sein de l’Assemblée nationale. Lorsque j’ai le temps, je reviens toujours les voir. Je leur demande de comprendre que ce n’est pas que je les fuis, mais c’est le travail qui m’absorbe à Ouagadougou.

S. : Sous prétexte de n’avoir pas été suffisamment consultés pour rallier l’UNIR/ PS, certains des militants de votre base, dans le Houet menaceraient de vous abandonner. Comment gérez-vous cette fronde ?

N.B. : Lorsque l’on est sankariste, il faut être intègre et dire la vérité. Pensez-vous que réellement Bassière puisse se retrouver à l’UNIR/PS sans les autres camarades ? Avant d’en venir à là, nous avons échangé sur la question au sein de notre structure provinciale à Bobo-Dioulasso.

Nous avons même souvent mené les débats jusqu’à 1 heure du matin. Ceux qui pensent n’avoir pas été consultés menaçaient, si je ne partais pas à l’UNIR/PS, de créer leur propre parti ou nous créons ensemble un parti politique. Notre adhésion à l’UNIR/PS a été un acte de consensus. Si vous avez suivi l’évolution de la création de ce parti, nous avons signé d’abord un protocole d’accord et nous avons expliqué aux militants les enjeux de ce protocole. Ensuite, nous nous sommes donné un temps pour parcourir l’ensemble des provinces pour expliquer les raisons, de cette fusion avant d’aller au congrès.

Donc pour moi, ceux qui pensent ainsi ont d’autres raisons … inavouées, personnelles. Mais je l’ai toujours dit, dans toute organisation politique, c’est la dynamique. Lorsqu’une organisation avance, il y a certains qui ne se retrouvent plus. Il faut accepter qu’on adhère librement à une organisation politique et on y va librement. Par conséquent, ce que nous regrettons par rapport à ces camarades, c’est de ne pas poser leur problème au sein du cadre indiqué. Et lorsque cela a été foulé aux pieds, l’objectif visé, c’est de chercher à diviser le parti en pensant qu’à un certain moment, c’est eux qui faisaient le parti. Aujourd’hui, certains sont partis, d’autres ont fait leur autocritique et sont avec nous.

Comme pour paraphraser Laurent Bado qui disait qu’il y a des coups d’Etat salvateurs, je dirai qu’il y a des démissions salvatrices. Il y a des démissions qu’il faut souhaiter parce que ça libère. Notre préoccupation aujourd’hui, c’est de travailler à donner plus confiance à nos militants. Je suis avec eux depuis douze ans et ce n’est pas à un individu de me juger et de m’accompagner afin que je puisse accomplir avec beaucoup plus d’efficacité la mission qu’ils m’ont confiée.

S. : Voulez-vous donc dire que tout va bien actuellement au sein du parti, dans le Houet ?

N.B. : En tant que coordonnateur régional, j’affirme que le parti va très bien dans le Houet. Ceux qui, à un certain moment, se sont sentis lésés parce qu’à un certain moment ils ne se reconnaissaient plus, du fait que ça ne leur offre pas un cadre pour l’épanouissement du sankarisme, sont partis. En dehors de l’UNIR/PS, quel est le parti sankariste qui peut leur offrir ce cadre ? Nous constituons aujourd’hui le chef de file de l’opposition.

Ceux annoncés démissionnaires ne sont finalement que deux. Et les camarades qui avaient été entraînés par un individu en fonction de ses intérêts, se sont ressaisis et ont fait leur mea culpa au cours d’une assemblée générale dirigée par le président national. Le bureau provincial fonctionne bien, et un nouveau président a été porté à sa tête, qui est le professeur Samandou Coulibaly qui dirige bien l’organisation. Pour nous c’est comme si rien ne s’est passé.

S. : La relecture éventuelle de l’article 37 de la constitution sautant le verrou de la limitation du mandat présidentiel fait rage. Quel est votre avis là-dessus ?

N.B. : Pour tout démocrate, la limitation du mandat est une chose indiscutable. En Afrique, nous sommes en retard en démocratie. Ailleurs, lorsqu’un chef d’Etat ou un ministre fait un détournement, il peut être interpellé.

Chez nous, c’est quand tu détournes que tu renforces davantage ta position. Quand un chef d’Etat détourne, dirige mal, c’est en ce moment qu’il renforce davantage sa position. Pour cette raison, il faut limiter le nombre de mandats pour ne pas donner l’impression à des gens de penser qu’ils ne sont nés que pour diriger et que les autres sont là pour subir.

Au Burkina Faso, l’article 37 de la Constitution a connu d’abord une première révision. Sous la pression de la rue, on a remis l’article 37 ancien à sa place. Je ne vois pas aujourd’hui l’intérêt d’une relecture de cet article. Le pouvoir en place doit savoir que c’est une question de vie ou de mort pour le peuple burkinabé. Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 soit révisé.

C’est l’occasion d’interpeller l’ensemble des citoyens, des Burkinabé, d’éviter de tomber dans des considérations du genre si ce n’est pas Blaise, il n y a plus quelqu’un. Je dis non ! C’est parce que les autres n’ont pas eu l’occasion de diriger. Quoi qu’on dise, l’alternance est nécessaire au Burkina. Notre position est claire à l’UNIR/PS : il n’est pas question de toucher à l’article 37.

S. : A l’orée de l’élection présidentielle de 2010, des voix s’élèvent pour réclamer une candidature unique de l’opposition. Est-ce un scénario possible ?

N.B. : Au sein de l’UNIR/PS, nous sommes pour une candidature unique de l’opposition, surtout que nous assumons le rôle de chef de file de l’opposition. Nous pensons que c’est le moment de regrouper l’ensemble de l’opposition autour d’un consensus.

C’est à nous, en tant que chef de file de l’opposition, de poser le problème pour être débattu. Nous ne pouvons pas réussir l’alternance, vouloir le pouvoir et occulter la question d’une candidature unique de l’opposition. D’ailleurs, lors des travaux de notre groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, la question a été étudiée et examinée.

Une résolution a même été prise, invitant le président à mener des concertations avec l’ensemble des partis du groupe parlementaire, et de trouver un consensus que nous allons proposer à l’ensemble des partis de l’opposition. Déclarer son candidat ne veut pas dire qu’il ne peut pas avoir un consensus avec les autres candidats pour aboutir à une candidature unique. C’est faisable et nous militons pour ça. Je reste confiant que cette fois-ci, nous n’allons pas aller à l’élection présidentielle en 2010 en ordre dispersé.

Propos recueillis par Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 janvier 2010 à 02:25 En réponse à : Nestor Bassière, vice-président de l’UNIR/PS : « Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 de la Constitution soit révisé »

    Je ne suis pas de l’UNIR/PS et mieux je suis pas sankariste. Mais sachez que pour votre lutte contre la révision de l’article 37, vous pouvez compter sur moi et sur beaucoup de mes semblables. Je le dis, ils devront passer sur nos corps pour nous imposer ce dicta. La stupidité a été de n’avoir organisé aucune manifestation publique quand les valets du pouvoir ont lancé leur ballon d’essai. Les déclarations dans la presse ne suffisent pas. Il nous faut commencer à mobiliser et à réagir.
    A VOUS LES RESPONSABLES POLITIQUES DE L’OPPOSITION, PRENEZ VOTRE RESPONSABILITE ET MONTREZ VOTRE COURAGE.
    Merci Mr Bazière : C’est une question de vie ou de mort.

    INVITATION
    J’invite les tous les burkinabé à faire du 30 mars la journée de la paix et du refus l’arrogance. SORTONS MARCHER CONTRE LES INTENTIONS ARROGANTES DU POUVOIR.
    C’est au cours de cette journée du 30 mars que le peuple a obtenu ce consensus. C’est au cours de cette journée que nous devons montrer au pouvoir que nous méritons le respect.
    N’AYEZ PAS PEUR

  • Le 21 janvier 2010 à 15:53, par kabess26 En réponse à : Nestor Bassière, vice-président de l’UNIR/PS : « Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 de la Constitution soit révisé »

    Bsr à Mr Nestor, c’est vraiment deplorrable de savoir qu’une personne reste tout le temp à changer les constitutions comme s’il etait dans sa valise, le BURKINA est un pays et non une chambre à coucher qu’on peu ammenager comme on veux et quand on. Quand est ce que les homme qui se disent integre comprendront que Blaise n’est pas integre mais egoïste,il ne pense pas au Burkinabè mais à sa personne où que dirai encore ? vraiment un peu de changement ferra l’affaire du burkina.
    Mr le journaliste et autres fidelles lecteur, les mots me manque pour que je puisse exprimer mes sentiments face à un dictateur qui se fait passer pour un facilitateur ; ; ;mon oeil oui pendant que les Burkinabè mangent et se nourrient pas qu’est ce qu’il fait pour éviter cela .........................L’égoïsme tue mon cher president
    Allors mefiance....
    KARIM depuit la CI

  • Le 21 janvier 2010 à 19:04, par lizekore En réponse à : Nestor Bassière, vice-président de l’UNIR/PS : « Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 de la Constitution soit révisé »

    Dieu merci, il y’a toujours de dignes africains comme SOME. Dès que je finis de lire un article, je m’empresse à lire l’intervention de SOME : claire, bien cadrée. réaliste,bien instruit, je le laisse mon email pour une éventuelle échange, ça pourra beaucoup m’aider sur le plan intellectuel. au fait je ne vois plus ces écrits.
    mon email : lizekore@yahoo.fr

    • Le 1er février 2010 à 05:36 En réponse à : Nestor Bassière, vice-président de l’UNIR/PS : « Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 de la Constitution soit révisé »

      J’espere que SOME qui est intelligent ne sera pas assez naif pour se devoiler. C’est comme ca qu’ on coopte ou "mieux", qu’ on coopte les grandes intelleigences dans ce pays. C’est pourquoi le cdp et la mouvance presidentielle, a ne pas confondre avec la majorite presidentielle, selon la theorisation d’ un grand "opposant" de ce pays compte les tetes les mieux pensantes de ce pays. Mais ils sont lamentablement muets comme des carpes. Ils ont ete co- optes. SOME, ne te devoile point. reste dans l’ ombre pour etre hors d’achat. Sibnon ils vopnt nuire a tes parents et a tes interets afin de t’ amener a etre avec les mechants.

  • Le 21 janvier 2010 à 20:39 En réponse à : Nestor Bassière, vice-président de l’UNIR/PS : « Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 de la Constitution soit révisé »

    "Mais est-ce pour cette raison qu’ils m’ont accordé leurs voix ? Sur douze mois de l’année, nous avons six mois de session ordinaire, un mois de session extraordinaire. En plus de cela, il faut ajouter les travaux en commission et les voyages".

    Voila la preuve par quatre que notre AN est budgetivore. Si en plus elle n’etait ps une machine qui passe son temps a s’acharner sur l’Article 37, on n’aurait pas trop a redire 6mois x30jrs x30.000francs de perdiems jou/= 5.400.000frs
    Plus 45 jours de session Extraordinaire x 30.000frs= 1.350.000frs. Ca fait deja 6750000frs (six millions sept cent cin mille francs)plus maintenant leur salaire normal du mois, soit 700.000 mille francs x 12= 8.400.000frs. Ca fait deja 15 millions cent cinquante mille frs par an ? Plus les 3 millions pour jouer a Papa Noel. Donc au bas mot le depute nous coute 18 millions pour modifier des constitutions. C’est aussi le salaire d’ un haut cadre superieur en au moins 18 ans de service quand on sait que l’ on ne commence pas avec 150.000frs. Je n’ajouterai pas les prets pous les wagons neufs qu’ ils paient quand ils veulent et comme ils veulent. Vraiment, le BF est un pays qui fait ecole en matiere de civisme fiscal. La seule difference que cette democratie familiale et personnelle fait, c’est qu’ on risque moins d’etre enleve la nuit par un Kaf et de se retrouve mort quelque part kafcidente en mission d’etat. Sinon, elle nous coute trop cher. mais est-ce qu’ on ne [pouvait pas amener la securite sans mettre en place ses mangeurs inutiles qui sont si promptes a s’ amuser avec notre loi fondamentale avec une frequence qu’ on n’applique pas meme pour des lois ordinaires ? Cette fois- ci le morceau est trop gros et le peuple ne se laissra plus faire. Un ancien militaire prevenu en vaut trois. seulement contre tout un Peuple.

    LOP.

  • Le 26 janvier 2010 à 02:54, par Major En réponse à : Nestor Bassière, vice-président de l’UNIR/PS : « Nous ne pouvons plus accepter que l’article 37 de la Constitution soit révisé »

    Je suis vraiment en phase avec les intervenants précédents ; et je constate que malgré l’intimidation,il existe toujours des femmes et des hommes dans ce pays prêt à denoncer les derrapage de ce pouvoir qui a fini de montrer ses limites.
    Quoi qu’il en soit je vous assure d’une chose ; tant que nous dormirons, ils continuerons de renforcer leur dictature. Chaque peuple mérite ses dirigents - Naa Laara, an Saara (paix à ton âme mon professeur).

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique