Selon les termes de l’accord, signé à Ouagadougou, aucun membre de la junte ne pourra prendre part au scrutin à venir. A l’instar des membres de la transition. S’ils étaient donc habités par un quelconque désir de succéder à Dadis Camara, les voilà donc à présent hors jeu. Du moins, pour ce qui concerne les élections présidentielles annoncées.

Dans ce cas, la Guinée ne grille-t-elle pas deux cartouches à la fois, à travers la désignation de Jean-Marie Doré et de Rabiatou Diallo, deux monuments des Forces vives ? Comment deux œufs aussi précieux ont-ils ainsi pu se retrouver dans le même panier ? Car c’est connu, ce pays doit une fière chandelle à ces deux grands meneurs d’hommes, ces deux porte-flambeaux de la lutte pour une Guinée libre et démocratique. Jean-Marie Doré, il est vrai, est aujourd’hui septuagénaire. Il est vieillissant. Mais ne rêve-t-il pas toujours pour autant d’un destin national ? En tous les cas, J.M Doré a vu passer bien des hivernages !

En revanche, plus jeune et sans doute plus populaire est Rabiatou Sérah Diallo. Une popularité qui peut, plus tard, lui ouvrir les portes de la présidence. Reste à savoir si elle y pensait. Toujours est-il qu’en acceptant ce poste de vice-Premier ministre, elle signe de fait son entrée en politique. Une occasion, pour elle, de se faire davantage la main en politique et qui sait, de prétendre un jour au fauteuil présidentiel. Ira-t-elle jusque-là ? Si oui, la Guinée montrerait alors qu’elle innove dans un pays où la course à la présidentielle a toujours été la chasse gardée des hommes.

A ceux qui mettraient en avant son long parcours syndicaliste pour prétendre qu’elle est disqualifiée, qu’il leur soit rappelé que la lutte syndicale a servi de rampe au père de l’Indépendance de la Guinée, Sékou Touré, pour son accession au pouvoir.

Jean-Marie Doré et Rabiatou Sérah Diallo ont peut-être accepté l’offre, avec l’intime conviction que si la Guinée leur doit beaucoup, ils doivent en retour beaucoup à ce pays. Et qu’à cet effet, aucun sacrifice n’est de trop pour amener la Guinée à passer avec succès et dans les meilleurs délais, le cap de la transition. Si cela peut se comprendre, on peut toutefois s’interroger sur l’efficacité de la lourde machine mise en place pour conduire la transition. Certes, il est avancé des considérations d’ordre ethnique et régional fondées sur le nécessaire équilibre régional. Mais grande est l’impression qu’on a voulu contenter tout le monde avec le gros attelage que constitue le Conseil national de transition (CNT) de 101 membres, qui sera présidé par un religieux. On attend de voir désormais les acteurs à l’épreuve du terrain.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays