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REVISION DE L’ARTICLE 37 DE LA CONSTITUTION : Une voie de verrouillage de la démocratie, estime l’UFP

Publié le lundi 18 janvier 2010 à 03h51min

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Ceci est une déclaration de l’Union des forces progressistes (UFP) dans laquelle ce parti, par le biais de son secrétaire général, se prononce sur les grandes questions politiques nationales de l’heure.

Au seuil du nouvel an, le Bureau exécutif national de l’Union des forces progressistes (UFP) souhaite une bonne et heureuse année 2010, aux militantes et militants du parti, ainsi qu’à l’ensemble du peuple burkinabè. Que cette nouvelle année, réserve à toutes et à tous la santé, le succès et la paix ! Les douze mois qui viennent de s’achever ont vu le pouvoir CDP conforter sa position dominante par la relecture de certaines lois (code électoral, lois sur le financement des partis politiques).

On notera aussi qu’une nouvelle loi sur le statut de l’opposition politique a été adoptée. Au titre du code électoral, les propositions pertinentes de l’opposition visant à faire des communes et des régions des circonscriptions électorales respectivement pour les municipales et les législatives ont été rejetées avec le maintien des villages et des provinces. Avec ce système qui génère la domination d’un seul parti , le parlement et les conseils municipaux issus des élections ne pourront relever les défis auxquels est confronté notre pays. Quant au financement des partis politiques, le seuil pour en bénéficier a été ramené à 3%, mais très peu de partis peuvent remplir cette condition dans le contexte politique actuel. C’est une manière insidieuse de limiter les effets du multipartisme prévu à l’article 13 de la Constitution.

Sinon, comment peut-on justifier que des partis représentés à l’Assemblée nationale ou gérant des mairies ne puissent bénéficier d’aucun appui de l’Etat ? Pendant ce temps, le parti au pouvoir continue d’abuser des moyens financiers, matériels et logistiques de l’Etat. Dans son message à la nation du 31 décembre, le chef de l’Etat disait que l’approfondissement de la culture démocratique exige l’élaboration et la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles répondant à notre aspiration commune de bâtir une société d’espérance et de solidarité. Ce serait donc l’occasion d’inclure les lois ci-dessus citées dans ces réformes et d’abandonner les velléités de modification de l’article 37 de la Constitution limitant les mandats présidentiels. Aussi bien au plan politique qu’éthique, la révision de cet article ne se justifie pas. Le calme apparent qui prévaut sur le front social ne doit pas faire oublier que cet article est un fruit de manifestations populaires. La majorité des Burkinabè souffrent du manque d’emplois, des effets de l’impunité, des injustices de la gouvernance locale et nationale. C’est dire que le feu couve sous la cendre, donc la perspective d’alternance entretiendrait l’espoir d’une évolution favorable en contenant ses ressentiments.

Laisser tomber la révision de l’article 37

La société d’espérance et de solidarité, chère au chef de l’Etat, passe par le maintien en état de l’article 37 de la Constitution et la possibilité d’alternance dans notre pays. La levée de la limitation des mandats présidentiels serait, à n’en point douter, la voie du verrouillage de la démocratie et des périls. Elle sonnera le réveil et le déchaînement des frustrations longtemps accumulées et fragilisera la relative paix sociale. C’est pourquoi, il est impératif de s’en éloigner. Avec l’élection présidentielle prévue en novembre, 2010 est une année électorale d’envergure nationale. L’équité, la transparence et la participation massive des citoyens confèreront donc au vainqueur une grande légitimité. A cet effet, l’UFP accueille favorablement la décision du gouvernement de reporter en 2015 la date de prise d’effet du vote des Burkinabè de l’étranger. Quant au projet de lois visant à réduire les pièces pour les opérations électorales, nous estimons qu’une réflexion approfondie s’impose.

En plus des 4.466.354 inscrits sur les listes électorales, il faut ajouter au moins 1.500.000 personnes non encore inscrites pour la confection des CNIB. Malgré la réduction du prix de la carte nationale d’identité à 500 F CFA que nous saluons, une grande frange de l’électorat risque de ne pas pouvoir s’inscrire sur les listes électorales, faute des pièces requises. En effet, l’opération de délivrance d’actes de naissance et de CNIB, lancée le 27 avril 2009, a été partisane et continue de l’être. Par endroit, elle a été bâclée, ce qui n’a pas permis à de nombreux citoyens de s’en procurer. Dans les communes rurales, le manque de matériel et l’insuffisance de ressources humaines qualifiées sont fréquents. La question de la CNIB sera plus complexe dans ces communes, si des équipes mobiles ne rejoignent pas les populations dans les villages en y consacrant un temps suffisant.

Maintenir les anciennes pièces pour les inscriptions

Par ailleurs, des inscriptions sur les listes électorales ont été faites avec des cartes de familles et d’autres pièces. Quel sort sera réservé à ceux-ci ? L’opposition doit faire beaucoup attention au projet de loi en cours, car dans tous les cas, le CDP ne manquera pas d’occasions pour satisfaire ses partisans. Pour preuve, des chefs traditionnels et des conseillers municipaux oeuvrent dans ce sens depuis le lancement de l’opération de confection des pièces d’état civil. Au regard de tous ces problèmes, de la capacité pratique de confection très limitée des CNIB (50 par jour) dans les commissariats, seul le maintien des anciennes pièces permettra à tous ceux qui le souhaitent de s’acquitter de leur devoir civique dans des scrutins à court terme. Dans le contexte de faible participation aux élections, le processus démocratique a plus que jamais besoin de la confiance et du soutien des citoyens. Pour atteindre cet objectif, il faut, à notre sens, le maintien des dispositions essentielles de la Constitution du 2 juin 1991 et la création des conditions d’une participation massive aux différents scrutins. C’est la voie d’une démocratie ouverte, de l’espoir et de la paix.

Solidarité-Travail-Justice

Ouagadougou, le 15 janvier 2010 Le Secrétaire général de l’ UFP YE Modou Michel E- mail : ufprogressistes@hotmail.com

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2010 à 20:02 En réponse à : REVISION DE L’ARTICLE 37 DE LA CONSTITUTION : Une voie de verrouillage de la démocratie, estime l’UFP

    Oui, parlons d’un Burkina émergent. En fait les politiciens qui nous parlent d’un Burkina émergent ne travaillent pas pour le développement réel de notre pays. En effet, depuis l’avènement de la démocratie, il n’y a eu aucun projet de développement digne de ce nom.
    Je m’explique : les infrastructures seules ne font pas le développement. Avant de doter le pays des infrastructures, il faut former les enfants du pays à des métiers. Il faut leur donner instruction de haut niveau, leur enseigner aussi la démocratie. Si non, on a beau construire des échangeurs et Zaca, le pays sera encore à la traine.

    Je reviens aussi aux infrastructures ? Comment peut - réaménager un aéroport alors qu’il est censé déménager dans moins de 5 ans ?

    Pourquoi depuis l’avènement de la démocratie une route digne de ce nom ne relie les grandes villes du pays pour alléger et désengorger la trafic (Ouaga Bobo, Kougougou, Pô, Ouahigouya, Fada).

    Regarder la route de Pô, réaménagé combien de fois en 10 ans. Quel gâchi. Et si l’option des quatre voix n’est pas adoptée, il faudra encore recommencer dans 10 ans.

    pourquoi il n’y a pas eu les grandes assises du développement pour les 50 à 100 années à venir pour le pays ? Parce que cela n’intéresse pas les dirigeants actuels. Les individus se développent au détriment du développement.

    Je souhaite donc que les gens passent le témoin à la génération nouvelle, symbole d’innovations. Merci aux dirigeants actuels pour les services rendus, ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec les moyens qu’ils avaient.

    Maintenant, la jeunesse qui a la force physique et intellectuelle ne veut pas qu’on disperse ses énergies.

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