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COTE D’IVOIRE : L’horizon s’assombrit

Publié le vendredi 15 janvier 2010 à 01h33min

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La grosse fièvre qui, d’habitude, s’empare des nations à l’approche des élections d’importance commence à sévir en Côte d’Ivoire. Et durement. On pourrait s’en accommoder s’il ne s’agissait pas précisément d’un pays qui, depuis 7 ans, traîne à se sortir des larmes et des divisions causées par une crise décidément tenace et dont on a de sérieuses raisons de penser que si elle irrite la nation ivoirienne ainsi que la communauté internationale, il existe cependant une minorité à qui elle profite. Fort logiquement, et bien malheureusement, cette minorité ne lèvera pas le petit doigt pour aider le pays à enfin réussir à s’en départir. Bien au contraire, elle choisit - solution qui lui est plus profitable - de jeter de l’huile sur le feu.

Des faits et événements se sont succédé en Côte d’Ivoire, ces derniers jours, qui n’augurent pas de l’éventualité d’une présidentielle apaisée. Il y a eu les accusations portées par le président Gbagbo en personne à l’encontre de la Commission électorale indépendante. Robert Beugré Mambé, président de ladite Commission, a été personnellement pris à parti par le chef de l’Etat, en des termes peu amènes. Il y a eu ensuite, la manifestation réprimée de certains jeunes du PDCI. Ils avaient pour intention de protester contre ce qui, à leurs yeux, apparaissait comme une mainmise de Gbagbo et de son parti sur la RTI, pourtant média d’Etat. Les forces de l’ordre eurent pour mission de les disperser. A coups de gaz lacrymogènes. Certains des manifestants furent interpellés et conduits dans les locaux de la police, avant d’être relâchés.

Il y a enfin la grande intention annoncée des jeunes patriotes de Blé Goudé de manifester leur soutien à leur chef, Laurent Gbagbo, et partant son désaccord avec le président de la CEI. Ils auraient le projet d’organiser une manifestation d’envergure qui s’étende à l’échelle nationale. Ce à quoi, le président de la jeunesse du PDCI répond, du tic au tac : "Si vous descendez dans la rue, vous nous trouverez sur votre chemin".

Et toute cette surenchère dans une atmosphère de tempête qui contraste immensément avec l’absence d’une date précise quant à la tenue de cette désormais bien fameuse élection. Comme on le sait, en matière d’élections saines et démocratiques, l’option de la surenchère verbale et de la violence n’a jamais fait la preuve qu’elle était la solution la plus idoine. Les plus hautes autorités ivoiriennes ne peuvent pas l’ignorer. La question se pose plutôt de savoir pourquoi elles autorisent cette surenchère, et semblent tout mettre en oeuvre pour lui faire son lit. La réponse à cette interrogation peut sembler anodine, mais elle s’impose, après analyse. Ce n’est pas tous les Ivoiriens qui ont intérêt à ce qu’une élection présidentielle se tienne enfin en Côte d’Ivoire. Et, ce en dépit des bonnes paroles et des promesses jurées devant tous, la main sur le cœur.

On se surprend à avoir l’impression, au regard de l’imbroglio qui se joue en Côte d’Ivoire, que Gbagbo et son camp, au plus fort de la crise ivoirienne, ne recherchaient qu’une neutralisation des Forces nouvelles. Histoire d’éteindre la menace des armes. Ils auront accepté toutes les concessions à cette fin. A présent que la donne a changé, ils ont beau jeu de tout mettre en œuvre pour enrayer le processus de sortie de crise qui passe obligatoirement par l’organisation et la tenue d’élections libres, démocratiques, saines, pour être crédibles.

Car, toute la bonne foi du monde ne suffira pas pour justifier les six reports déjà enregistrés, de cette présidentielle. Et peut-être, bientôt, le septième, puisqu’à ce jour, nul ne sait avec précision à quelle date commencera le scrutin de la présidentielle ivoirienne. Tout au plus, a-t-on une idée de la fourchette dans laquelle elle devra se tenir : fin février, début mars. Et à quelques jours de cette période déjà approximative, les préliminaires pourtant nécessaires en sont l’objet d’amères controverses. Autant dire que le processus lui-même végète et que conséquemment, la présidentielle annoncée depuis belle lurette risque à nouveau de se révéler un leurre amer. Et pendant ce temps, le président en place bénéficie d’un nouveau bonus.

On est en droit de se demander combien de temps encore durera cette mascarade politique qui ne dit pas son nom. Et ce, d’autant qu’elle a fini de lasser, à l’intérieur et à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. A supposer que Gbagbo soit le candidat dont veulent les Ivoiriens, ainsi que les faucons de son parti se plaisent à le répéter à l’envi, pourquoi ne pas enfin se décider à aller à ces sacrées élections, ne serait-ce que pour légitimer l’actuel président et ainsi légitimer son mandat qui, au final, depuis 7 ans, n’aura été qu’un cumul de bonus ainsi "providentiellement" obtenu pour cause de manque de stabilité nécessaire à l’organisation d’un scrutin présidentiel crédible ? Sans compter que cette situation de langueur finira un jour ou l’autre par devenir exaspérante, insoutenable et peut, de ce fait, réveiller de vieux démons dont on peut d’ailleurs se demander s’ils étaient tout à fait endormis.

C’est peu de dire que l’horizon s’assombrit au fur et à mesure que passe le temps qui approche inexorablement de la présidentielle ivoirienne. Et il ne faudrait pas qu’éclate l’orage car elle pourrait se révéler une bien cruelle tempête. C’est à présent que les décideurs de l’arène politique doivent résolument arrêter de faire dans l’inutile diversion pour faire appel à ce qui leur reste de patriotisme, en vue de sauver la nation ivoirienne. Il faut espérer qu’ils puissent se croire capables et dignes d’une pareille prouesse.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 15 janvier 2010 à 12:03, par N’dabi En réponse à : COTE D’IVOIRE : L’horizon s’assombrit

    La mission primordiale pour tout peuple désireux de liberté et de démocratie, serait de vaincre l’hypocrisie politique nationale. Tel serait le défis du peuple D’Eburnie dans les jours et les années à venir.
    Boulot de titans, mais l’espoir reste à espérer.

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