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REFERENDUM EN GUYANE ET EN MARTINIQUE : Le triomphe du réalisme

Publié le jeudi 14 janvier 2010 à 01h40min

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Guyanais et Martiniquais, comme s’ils s’étaient passé le mot, ont dit non au projet d’autonomie renforcée répondant ainsi au référendum que leur proposait la France. Ces deux territoires des Antilles françaises ont décidé de rester dans le douillet cocon de l’Hexagone. Le peuple souverain en a décidé ainsi. Il n’en reste pas moins que cette décision des Guyanais et Martiniquais laisse bon nombre d’Africains perplexes.

Il est vrai que ce n’est pas encore l’indépendance que leur offre la métropole, mais une occasion de gérer leurs départements de façon plus autonome. Même cela, nos « frères des Antilles n’en veulent pas. Ils préfèrent être rattachés aux mamelles de la France, jouir des avantages y relatifs plutôt que de s’embarquer dans cette aventure de l’autonomie renforcée".

Les Guyanais et les Martiniquais apportent ainsi un cinglant revers aux autonomistes et à tous ces politiciens qui ont des visées indépendantistes. Le peuple n’est pas encore prêt mais le second message qu’il envoie à ses dirigeants locaux, c’est qu’il n’a aucune confiance en eux, en leurs capacités de tenir le pari de l’autonomie accrue. Les indépendances des pays africains francophones, dont le continent commémore cette année le cinquantenaire sont là, comme un épouvantail pour les DOM-TOM. Le bilan est en effet maigre au plan économique et politique, malgré les immenses ressources naturelles. Pire, la démocratie ne favorise que l’expression de la volonté des pouvoirs africains en place, qui, eux-mêmes, ont toujours du mal à couper le cordon ombilical avec l’ancien colonisateur. Et puis, l’exemple de Mayotte, une île française dans l’Océan indien qui a décidé de rester avec la France, au contraire des Îles Comores est là comme un phare pour guider le choix des Dom-Tom en quête d’autonomie ou d’indépendance.

Car il ne faut pas oublier qu’en la matière, tout choix a ses conséquences. Il faut être prêt à les assumer, car la lutte pour la dignité et l’identité est d’abord une question politique mais se prendre en charge, bâtir une nation viable est une question de moyens humains, de ressources économiques, financières et de gestion. Il faut un bon dosage entre ces préalables pour se construire un destin à travers les chemins tortueux du développement. En cinquante ans d’indépendance, l’Afrique en est encore à se poser la question, sur la viabilité et la pertinence de son choix. Des indépendances qui n’en sont pas vraiment. Les Guyanais et les Martiniquais ont décidé de laisser le temps au temps. En attendant, leur choix s’apparente au triomphe d’un réalisme visionnaire.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2010 à 07:10, par maurice melliet En réponse à : REFERENDUM EN GUYANE ET EN MARTINIQUE : Le triomphe du réalisme

    Je suis entièrement d’accord avec le contenu de cet article. Je connais bien les Antilles pour y avoir séjourner 4 ans et avoir été dans les 3 départements d’Outre-mer : Guadeloupe-Martinique et Guyane.
    J’ai aussi été en Haïti... et là, il n’y a pas photo entre ces îles et la Guyane. surtout depuis ce tremblement de terre à Port-au-Prince ! la France est sur place dans nos Dom-Tom, et elle répond comme n’importe quelle catastrophe en métropole en plus de soutenir l’économie à bout de bras dans ces îles.
    Je connais aussi le Burkina Faso et d’autres pays en Afrique, et il est vrai que si ces pays étaient aujourd’hui sous la protection financière de la France, il y aurait certainement moins de difficultés. Mais l’indépendance, il y a 50 ans était dans l’air du temps. Ne revenons pas en arrière, allons tous ensemble de l’avant avec l’espoir que les peuples malheureux auront un jour de quoi être heureux en les aidant un peu mieux que ce que font les pays riches. Elt là encore, il faudrait que les gouvernants des pays pauvres soient moins gourmands pour eux-mêmes et leur "cour" de pique-assiettes...
    La France ne peut plus être la vache à lait de tous les pays pauvres puisque la France développe sa propre pauvreté sur son propre territoire.
    Mais nous sommes encore loin d’atteindre celle des pays pauvres ! alors, continuons à partager afin de réduire la misère dans le monde.
    Maurice Melliet

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