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Développement local : Bagaré s’entoure de ses forces vives

Publié le vendredi 8 janvier 2010 à 02h16min

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La communalisation intégrale a suscité le rapprochement des populations de leur terroir, afin d’enclencher le développement à la base. Cette dynamique a guidé l’initiative de l’Association des ressortissants du département de Bagaré résidant à Ouagadougou (ARDB/RO) à retourner aux sources, les 19 et 20 décembre 2009 pour mieux envisager la contribution de ses membres au progrès de cette commune rurale du Passoré.

Bagaré, localité située dans la province du Passoré à une quarantaine de kilomètres de Yako sur l’axe de Tougan aux confins entre le Sanguié et le Nayala, n’oubliera pas de si tôt les journées des 19 et 20 décembre 2009. Ce sont les dates choisies par l’Association de ses ressortissants résidant à Ouagadougougou (ARDB/RO) pour sonner le rassemblement autour du développement de cette commune rurale.

A l’orée du nouvel an, elle a engagé la réflexion autour du thème « « Retrouvailles et renforcement des acquis pour la réussite des actions à entreprendre pour le développement de la commune », afin de jauger sa contribution aux efforts consentis pour assurer le bien-être des populations locales.

A bord de deux cars et de véhicules personnels, un échantillon non négligeable des Ouagavillois originaires de Bagaré sont retournés aux sources pour communier avec leurs parents et mieux appréhender leurs réalités. « Il s’agit pour l’association d’entretenir un lien parental et fraternel entre les populations locales et ses membres afin que ceux résidant hors de la localité, s’imprègnent des réels besoins en matière d’amélioration des conditions de vie et apporter leur pierre à l’œuvre de développement communal », a expliqué Jérôme Rakistaba, président de l’ARDB/RO.

Le son de cloche a été entendu par toutes les sensibilités originaires de cette commune rurale. Ils sont des dizaines, toutes couches socioprofessionnelles, toutes opinions, tous âges confondus, à avoir effectué le déplacement. Certains comme des élèves et des étudiants y mettaient les pieds pour la première fois, tandis que d’autres natifs ont accepté le voyage pour une des rares occasions. Le sacrifice a valu bien la peine. En deux jours, populations locales et ressortissants ont ensemble pactisé autour d’une préoccupation commune : « Bayir yélé » (affaire de terroir).

Moments de retrouvailles, instants de réflexion, l’excursion studieuse de l’ARDB/RO a tenu toutes ses promesses. Cette activité rompt avec sa principale occupation, la séance de reboisement organisée pendant la saison pluvieuse. Des rencontres d’échange avec les autorités locales et centrales, manifestations culturelles et sportives ont bien agrémenté la sortie.

« Chaque membre de l’ARDB/RO peut soutenir une action pour le bien-être de ses parents tout en étant à Ouagadougou ou ailleurs dans le pays, voire dans le monde. Mais encore faut-il qu’il sache d’abord d’où il vient, ensuite se familiariser avec ses frères et sœurs pour mesurer la portée de sa participation, enfin marcher dans une synergie de vue avec eux dans le sens de les aider à surmonter l’adversité et à vaincre la pauvreté endémique dans cette partie du pays », a souligné le président Rakistaba.

Cette démarche a été bien accueillie par les habitants de Bagaré et ceux des autres villages de la commune. Avec à leur tête, les chefs coutumiers et les élus locaux, ils sont sortis nombreux pour réserver un accueil chaleureux à la délégation de l’ARDB/RO et afficher une grande participation aux différentes activités. « Il y a longtemps que mon conseil municipal attend une telle rencontre pour canaliser les énergies de toutes les forces vives de la localité autour de son programme de développement communal », s’est réjoui Hélène Ouédraogo née Saba, maire de la commune rurale de Bagaré.

Le clou des retrouvailles a été sans conteste, les échanges à bâtons rompus, entre la délégation, les élus locaux, les autorités centrales, les chefs coutumiers et l’ensemble de la population. « Notre présence ici se justifie par l’unique souci de booster le progrès de notre très chère collectivité à tous. Il ne s’agit ni d’une affaire de politique ni du problème d’un seul village. Mon association veut que nous réfléchissions ensemble sur notre avenir, celui de nos parents et de nos enfants.

C’est en faisant preuve de mobilisation pour créer notre propre développement que nous pouvons espérer le soutien des partenaires techniques et financiers », a rappelé Jérome Rakistaba, président de l’ARDB/RO. Le décor étant campé et l’assurance donnée, les uns et les autres ont sérieusement vidé leurs tripes.

Les participants au forum ne sont pas passés par quatre chemins pour dénoncer la survivance des querelles inutiles, des rivalités destructrices entre des villages ou des familles, l’utilisation de la politique à de mauvaises fins, etc. Ils ont plaidé pour une union sacrée autour d’une préoccupation commune, celle de construire ensemble le développement et le bonheur des populations.

Le souci de reverdir les pâturages

Bagaré serait une déformation de « Bangrin » (Parc à boeufs en langue nationale mooré), synonyme de verts pâturages. Jadis une zone abondant d’eau et d’herbe pour le bétail et les cultures qui ont forgé sa renommée, la localité a aujourd’hui suffisamment perdu son lustre d’antan. Elle reste le reflet de nombreuses contradictions en matière de développement dans le Passoré.

Bien qu’érigée en circonscription administrative depuis 1963, l’une des premières du cercle de Yako avec Arbollé et Samba, Bagaré peine toujours à se trouver une voie vers le progrès véritable. Peuplée de Mossi, Peulh et Gourounsi s’adonnant essentiellement à l’agriculture, à l’élevage, au commerce, cette commune rurale de 480 kilomètres carrés pour 23 311 habitants répartis dans 24 villages ne dispose que de deux (2) Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) et de nombreuses écoles primaires sous paillote. L’approvisionnement en eau potable reste insuffisant et les retenues d’eau sont quasiment inexistantes.

A L’heure où les cultures de contre-saison sont le leitmotiv de la politique nationale agricole, la plupart de ses jeunes, actuellement désoeuvrés, sont tentés soit par l’aventure dans les champs ivoiriens ou ghanéens, soit par la consommation abusive de boissons frelatées. A la faveur du processus de communalisation intégrale, le conseil municipal de 48 membres présidé par Hélène Ouédraogo née Saba a pris à bras-le-corps les différentes préoccupations en matière de développement et multiplie les partenariats en vue du financement de ses projets.

Avec un budget en constante progression (14,3 millions F CFA en 2007, 16,9 millions F CFA en 2008, 18,4 millions F CFA en 2009), le développement local semble être en marche avec des réalisations notamment dans les services sociaux de base : écoles, approvisionnement en eau potable et bien d’autres infrastructures tel l’aménagement d’une plaine rizicole, de périmètres maraîchers… Le conseil municipal commence à bénéficier déjà du soutien d’une dizaine de partenaires au développement mais les actions prioritaires restent nombreuses.

Il s’agit entre autres de la mise en œuvre du Plan communal de développement, de l’ouverture de voies, de la réhabilitation des écoles sous paillote et du système d’adduction d’eau potable de la ville, de la réalisation de marché à bétail, de lotissements, de la construction de maisons des jeunes et des femmes, de l’érection du CEG en lycée, etc. En plus des appuis individuels et institutionnels, le conseil municipal veut jouer activement la carte de la coopération décentralisée et de la mobilisation de l’ensemble des forces vives de la localité.

« La décentralisation suppose miser d’abord sur ses propres forces avant de compter sur celles des autres », enseigne le maire Hélène Ouédraogo née Saba. Aussi, la commune a retrouvé son commissariat flambant neuf sur un financement personnel du couple Fatoumata et Gilbert Diendéré, une mairie construite sur fonds du budget de l’Etat et des infrastructures scolaires acquises grâce à l’Association Rossignol Vandoeuve de Suisse…

Dans son élan de battre le rappel de sa diaspora, Bagaré peut d’ores et déjà, compter sur la participation effective de l’ARDB/RO dont les membres viennent de négocier et obtenir un financement japonais pour la construction de l’école primaire de Kalla.

Alcide NATHAN

Sidwaya

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