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SERVICES SECRETS AMERICAINS : Le lustre perdu de la CIA

Publié le jeudi 31 décembre 2009 à 00h09min

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Le problème de sécurité demeure une préoccupation dominante aux Etats-Unis, pays considéré comme le plus puissant au monde. Toutefois, les derniers faits montrent qu’il existe un réel problème de gestion du renseignement. En effet, les services de sécurité étaient demeurés inertes suite au soupçon exprimé par le père du jeune terroriste nigérian lui-même. Indexée en particulier, la CIA semble avoir perdu de son lustre d’antan. Elle subit aujourd’hui les foudres du président Obama en colère face à ce qui s’apparente à une inefficacité des services secrets américains.

Victimes de la lourde bureaucratie qui pèse de tout son poids sur leur fonctionnement, les services de sécurité, la célèbre CIA américaine en particulier, semblent avoir pris du plomb dans l’aile. Suite aux dérapages constatés les années précédentes, notamment durant les deux mandats successifs de Bush fils, les autorités américaines, le Congrès notamment, ont beaucoup mis en avant le souci de traçabilité, de rigueur et de transparence dans la gestion des fonds et l’observance de nouvelles règles éthiques et déontologiques. Tout en se voulant intraitable, la nouvelle Amérique de Barak Obama, voudrait ne jamais rien céder quant au respect strict des libertés, la protection de la vie privée, entre autres. La fermeture programmée de Guantanamo et le renoncement à la torture comme moyen d’extorquer le renseignement, donnent un aperçu de ce revirement salutaire. Cette nouvelle philosophie plonge les services de sécurité intérieure et extérieure dans un dilemme : comment obtenir de la manière la plus efficace, la plus rapide et la plus conforme aux nouvelles exigences éthiques, déontologiques et politiques, le renseignement le plus utile et le plus sûr ?

Elle parait bien loin, cette période de la guerre froide où la grande sentinelle de l’Amérique fière et arrogante émerveillait autant par son image que par son efficacité. L’Américain moyen rêvait alors de servir l’Amérique à travers la CIA, cette maison puissante et sérieuse. Les autres citoyens de la planète ne paraissaient pas indifférents devant la sérénité et les exploits des agents de la nationale du renseignement que les écrans du monde entier glorifiaient. Rendus sympathiques par les bâtisseurs d’images, la CIA et son pendant intérieur, le FBI, ont des décennies durant, paru…infaillibles. Aujourd’hui, les actions marketing paraissent bien inadaptées. L’image se délite alors que l’insécurité se fait pesante tant aux Etats-Unis qu’à l’extérieur.

Partout, les actes terroristes, les rapts et les agressions se multiplient. Nombreux sont aujourd’hui les défis à relever : malgré la traque, Ben Laden court toujours et Al Qaïda multiplie ses prouesses ; groupes mafieux et cartels de la drogue font preuve d’ingéniosité ; pirates des mers et océans multiplient les agressions pendant que des dirigeants politiques décriés menacent la paix à travers le monde. Aujourd’hui, à l’intérieur comme à l’extérieur des Etats-Unis, l’ennemi se montre tout aussi redoutable. Comme les services de sécurité publique, lui aussi a vite appris à exploiter les retombées du progrès technologique. Tout en cherchant à peaufiner ses méthodes et moyens d’action, il semble vouloir opérer de l’intérieur de la puissante Amérique. Avec la grande complicité de citoyens américains dont ni l’intelligence, ni la respectabilité, encore moins la loyauté, ne sauraient être mis en doute, le danger se trouve donc là.

Dans une démocratie aussi exigeante que celle des Etats-Unis, le président Obama peut s’estimer heureux de l’échec de la tentative du jeune terroriste nigérian. Car, tout comme lui, le chef de l’exécutif américain est noir, et il a des attaches sur le continent africain. Les adversaires politiques mais surtout les racistes indécrottables embusqués ici et là, auraient trouvé là l’occasion rêvée d’en finir avec ces diables de « peau noire » qui envahissent l’Amérique, enlaidissent ses trottoirs et décolorent les couloirs de ses immeubles de leurs immondices.

En fait, le monde a changé et les réalités du terrain sont tout autres. Dans de grandes démocraties comme les Etats-Unis, les acteurs politiques que les citoyens élisent pour gouverner leurs intérêts, deviennent chaque jour plus regardants. Parce que l’opinion publique bien informée et au fait du droit, veille au grain et se fait pressante. Le citoyen électeur exige désormais plus de transparence dans la gestion de la chose publique, plus de respect des libertés publiques et davantage de protection de la vie privée. Qu’on se rappelle à ce propos, les fusillades ayant opposé il y a quelques années, des éléments de sectes religieuses et ceux de la police fédérale.

Preuve s’il en est, de l’existence de divergences entre le citoyen et les services de sécurité publique quant à la compréhension des concepts de liberté, de droit, de l’étendue et de l’exercice de ce droit dans l’espace public. Certes, à l’intérieur, les lobbies qui défendent les droits du citoyen se font pressants. Mais de plus en plus, ces groupes de pression deviennent intraitables, s’agissant du respect des droits de la personne que l’on cherche justement à promouvoir à l’extérieur même des démocraties occidentales. On l’a vu à travers la défense des prisonniers de Guantanamo, des détenus de l’Irak occupée ou lors des agressions extérieures (cas de viols impliquant des soldats américains, appui aux escadrons de la mort en Amérique Latine, etc. ).

Obama ne pouvait demeurer discret et silencieux devant l’acte envisagé par le jeune terroriste nigérian. Une tentative qui montre que certains aspects de la lutte sont négligés et que des dispositions devront être prises surtout en ces périodes de fêtes. Dorénavant, il faudra s’attendre à l’adoption de mesures drastiques dans les aéroports américains mais aussi à travers le monde. Car, tout dérèglement du système sécuritaire américain, de loin le plus performant, a des répercussions sur le système mondial.

Les critiques formulées par Barak Obama à l’égard des services de renseignements sont fondées d’autant que le nouveau chef de l’exécutif américain ne doit pas avoir que des alliés dans le milieu. Mais Obama a beau être en colère, il lui faudra faire avec tous ces gens, même avec les racistes les plus indécrottables qui se trouvent cachés dans le système en restructuration. En exprimant sa juste colère, le premier président africain américain traduit en même temps le besoin légitime d’un sursaut moral salvateur au niveau de la nationale du renseignement. Et par là même, la nécessité et l’urgence d’apporter à l’agence tout le soutien indispensable à la réussite de sa mission.

"Le Pays"

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