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Port sec de Bobo-Dioulasso : Les premières marchandises incessamment attendues

Publié le mercredi 30 décembre 2009 à 04h07min

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Lancés en décembre 2006, les travaux de la gare routière internationale ou port sec de Bobo-Dioulasso sont terminés. L’objectif de ce projet d’un coût estimé à plus de 6 milliards et demi de nos francs est l’amélioration du fret et la promotion des exportations, à partir de la ville de Sya. C’est l’un des composantes de la relance économique de Bobo-Dioulasso, à l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso qui se matérialise ainsi.

Parler d’un port sec pour un pays sahélien et sans débouchés maritimes comme le Burkina Faso, peut relever à la limite, de la dérision. Mais entendu comme un point d’entrée et de sortie, une infrastructure agréée avec un statut spécifique, un port peut donc ne pas être situé en bordure de mer.

C’est le cas du port sec de Bobo-Dioulasso, situé à la lisière Est de la zone industrielle non loin de l’aéroport, du chemin de fer et de la route ralliant la ville au port d’Abidjan. La réalisation du port sec comprend en réalité, deux composantes : une plate-forme multimodale pour le traitement du fret national et international et un port franc.

C’est la première composante du projet, c’est-à-dire la plate-forme multimodale, qui vient d’être effectivement réalisée. Elle se compose essentiellement de six volets : les magasins sous et hors douane, le terminal à conteneurs, le terre-plein destiné au transit et au stationnement des camions de marchandises diverses et des citernes, les bureaux, le matériel de manutention et un embranchement de ferroutage.

L’objectif principal visé par la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso, est d’offrir une plate-forme moderne et adéquate de fret en vue de réunir les formalités douanières pour l’importation et l’exportation des marchandises, en un seul lieu. Ceci permettra du même coup, de limiter les fraudes fiscales dues à la faible capacité de la gare routière actuelle et les chargements qui se font souvent en pleine rue à Bobo-Dioulasso.

La plate-forme est réalisée sur financement d’un consortium de banques burkinabè constitué de la BICIA-B, la BCB, la BIB, la BACB, la SGBB et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso. L’inauguration officielle de l’infrastructure est annoncée pour janvier 2010. Sur place, l’activité semble déjà devancer les choses, car les services de transit de Bobo-gare de la douane éta ient en cours d’emménagement dans les locaux du port sec à notre passage.

Il ne reste des travaux que l’érection du pont-bascule autour duquel s’activent les ouvriers. Quant au financement du port franc, la 2e phase du projet, il serait en cours de négociation avec les structures bancaires. Le port franc réunira les infrastructures d’accueil des PME exportatrices et les services d’accompagnement.

Avant même l’ouverture de l’ouvrage, les opérateurs économiques nourrissent l’espoir de pouvoir investir d’autres domaines d’activités sur la base des facilités que l’infrastructure va leur offrir. C’est le cas de Souleymane Guira, directeur général de la Société universelle de commercialisation et de transformation des produits oléagineux (SUCOTROP) IMPEX.

Cette société est spécialisée dans la collecte et l’exportation des produits du cru. Selon son directeur général, le port sec « va beaucoup les arranger » surtout dans le cas de l’exportation du sésame qu’il faut obligatoirement mettre dans des conteneurs. « Cela signifie que si nos marchandises sont conditionnées au port sec de Bobo, c’est comme s’ils l’étaient sur un port maritime.

Ce qui va nous permettre d’être payés rapidement. Les contrôles se feront aussi plus vite », se réjouit, M. Guira. Actuellement tournée vers l’exportation, il envisage de se lancer dans l’importation de produits alimentaires et de matériaux de construction grâce aux facilités que le port va lui offrir. Il suggère cependant une campagne de sensibilisation des utilisateurs directs de cette nouvelle infrastructure, avant sa mise en exploitation, pour qu’elle soit utilisée à bon escient et que les transporteurs ne continuent pas de faire partir leurs marchandises par les voies habituelles.

Cette inquiétude est partagée par le président de l’Association interprofessionnelle des industriels, commerçants des produits agricoles (APICAB), Hamza Koné. Beaucoup d’opérateurs économiques ignorent même l’existence du port sec, à en croire M. Koné. « Nos produits sont généralement acheminés par les ports d’Abidjan, de Lomé et de Tema. Mais après avoir signé les contrats, nos partenaires commerciaux changent de ton dès que les marchandises parviennent dans ces ports. Ils estiment que le produit est avarié à 25 ou 50%, ce qui entraîne une dépréciation des prix.

A cela s’ajoutent les faux frais et les tracasseries diverses ». Telles sont les difficultés rencontrées à l’exportation, résumées par le président de l’APICAB. Le port de Bobo est vu dans ces conditions comme une panacée car la responsabilité de l’exportateur serait dégagée dès que la marchandise y sera déposée, le reste du processus incombant aux transitaires.

« Enfin, nous allons oublier que nous sommes un pays enclavé », se contente, très optimiste, le directeur de la station de conditionnement de mangues ,de légumes et de produits divers, Issiaka Bougoum Cette PME basée à l’aéroport de Bobo-Dioulasso exporte par voie maritime et aérienne, des produits locaux telles les mangues séchées.

Pour son promoteur, avec l’exploitation du port, c’est la fin des difficultés pénalisantes liées à l’éloignement de la mer, toute chose qui va permettre aux opérateurs économiques burkinabè de rivaliser avec ceux des autres pays qui ont un littoral. Il rappelle cependant que la Société internationale de transport africain par rail (SITARAIL), déjà débordée par la demande en transport de fret, augmente le nombre de wagons pour suivre l’accroissement du trafic. Et réduire ainsi les délais d’acheminement jusqu’ au port d’Abidjan.

Loin de cette euphorie, des entrepreneurs ne se sentent presque pas concernés par le port sec. C’est le cas d’Arondel de Hayes Philippe, un expatrié qui s’investit depuis 3 ans maintenant dans la relance de l’exportation des haricots verts à partir de la ville de Sya. Pour M. d’Arondel, les produits frais comme le haricot vert ont une durée de vie très courte (72 heures, de la récolte au champ jusqu’au client), et l’avion est le moyen le plus adapté pour le transport.

« S’il y a une volonté politique qui a permis le développement des transports routier et ferroviaire, la même volonté pourrait permettre de doter l’aéroport international de Bobo du matériel nécessaire à son exploitation pour le transport des produits frais », se convainc le promoteur dans ce qui paraît comme un appel du pied aux autorités nationales.

Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

Sidwaya

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