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CONFERENCE SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Pourquoi Copenhague a échoué

Publié le lundi 21 décembre 2009 à 00h32min

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Aujourd’hui, les puissants du Nord ont le profil bas, car les petits pollueurs émergents du Sud ont su faire front à leur diktat. Les raisons de l’échec ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. Il y a tout d’abord l’évolution du contexte international qui subit présentement les affres de la crise internationale. Dans les pays industrialisés, notamment en Occident où la croissance a pris un rude coup, les critiques se font vives. Partout, l’heure est aux grandes réformes. Certains pays ont ainsi entrepris une redéfinition des politiques, notamment au plan industriel.

Nul n’ignore par exemple les initiatives du président Obama qui a imposé des conditions d’aide drastiques à l’industrie automobile américaine en contrepartie du soutien financier des pouvoirs publics. La plupart des réformes étant en cours, il faudra peut-être attendre d’en avoir les premières évaluations avant de procéder à d’autres remises en cause. De nouveaux bouleversements, des dirigeants ont bien pu les redouter à cette conférence sur les changements climatiques. Manifestement, certains n’avaient pas intérêt à voir émerger des solutions consensuelles à Copenhague.

L’égoïsme, l’hypocrisie, le difficile contexte économique international constituent de ce fait les raisons majeures susceptibles d’expliquer l’échec de la conférence. Il semble évident que si cette grande rencontre se tenait trois ans avant ou après la récession économique mondiale, les résultats auraient été différents. Après tous ces travaux d’experts sur les grands périls auxquels nous sommes exposés, on s’attendait à un engagement chiffré et contraignant de réduction des gaz à effet de serre. Mais les hommes n’ont apparemment pas tous la même lecture de la situation. La perception des dangers et des enjeux n’est point identique d’un milieu à l’autre. Les puissants industriels du Nord, s’arc-boutent sur leurs positions et interpellent l’Inde et la Chine dont ils exigent le même sacrifice que celui qu’on attend d’eux.

En fait, cette autre réunion sur les changements climatiques a montré une nouvelle fois qu’on se soucie très peu des générations futures. Seuls comptent les intérêts du moment. On se préoccupe davantage d’aller sur d’autres planètes. En effet, à Copenhague, on semble avoir plutôt cherché à gagner du temps. Le Nord ne veut pas mettre la main à la poche à la hauteur de son péché de grand pollueur. A défaut de battre sa coulpe lorsque l’évidence de sa culpabilité crève les yeux, il tergiverse, cherche des boucs émissaires, le temps de fourbir de nouvelles stratégies. Au finish, cette rencontre sur les changements climatiques aura été un grand désenchantement, une grande illusion. La montagne a accouché non d’une souris, mais d’un plus petit encore : un charançon. Cet échec était bien prévisible car, pour de nombreux analystes, Copenhague ne pouvait être qu’une étape. Une de plus pour tous ceux qui s’intéressent à la préservation de notre environnement, et suivent les débats qui se multiplient tout en se ressemblant. Encore une fois, la cupidité de quelques uns pourrait mettre en danger la vie de milliards d’individus. Mais aujourd’hui, plus personne n’est dupe.

Grâce à la conférence de Copenhague, l’humanité a hautement pris conscience de la gravité de la situation et cela est très positif. La forte médiatisation des travaux a accentué les traditionnels efforts de sensibilisation. Cela a porté fruit à l’échelon universel. Chacun admet aujourd’hui la nécessité d’assurer la protection de la planète. Certes, les voies divergent quant à la façon d’y parvenir, mais il est acquis que désormais on fera un peu plus attention quant à la préservation du petit jardin bleu que constitue la planète Terre. Des espoirs sont donc permis suite à la réunion de Copenhague. D’autant que les petits pays du Sud ont fait preuve de vigilance et de combativité. Dans une solidarité agissante et à l’épreuve des faits, ils ont su constituer un bloc. Les petits pollueurs émergents attendent désormais d’être soutenus dans leurs efforts tant au plan du financement que celui du transfert des technologies.

Mais dans les pays du Sud, en Afrique en particulier, on devra prendre les devants. Afin de réduire notre dépendance vis-à-vis de l’étranger, il importe d’intégrer dans les budgets nationaux et communautaires, le financement des éléments répertoriés à Copenhague. Plus que jamais, la perspective des changements climatiques doit nourrir les réflexions et gouverner les actions. Dans cette optique, il faudra financer davantage la formation et la recherche, et compter sur l’action des médias car la vulgarisation devra s’intensifier.

A Copenhague, on aura donc appris à mieux se connaître. Mais en dépit de tout, on partage désormais une même préoccupation : sauver notre planète Terre.

"Le Pays"

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