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M. Bali Nébié, exploitant de films africains : « Si vous avez un bon film africain, vous faites salle comble »

Publié le mercredi 23 décembre 2009 à 03h57min

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L’exploitation des salles de cinéma en Afrique connaît des hauts et des bas. Surtout que les exploitants de ces salles éprouvent des difficultés à établir un contrat avec les cinéastes africains. Alors que, de nos jours, les films africains font salle comble. Pour en savoir plus nous avons rencontré M. Bali Nébié exploitant de la salle de Ciné de l’arrondissement de Nongr-Massom de Ouagadougou. Il fait l’état des lieux tout en rendant hommage au regretté cinéaste gabonais André Ottong, dont il a la charge pour la région ouest-africaine, la diffusion du film « Confession finale ».

L’Hebdomadaire du Burkina : Vous êtes exploitant de films africains au Burkina et dans la sous-région d’une manière générale. Quelle est la nature des rapports qui vous lient aux cinéastes ?

M. Bali Nébié : C’est vrai, je suis exploitant de films africains. J’ai un contrat qui me lie avec la commune de Ouagadougou et je gère la salle de cinéma de l’arrondissement de Nongr-Massom. Mes relations avec les cinéastes africains sont au beau fixe. Je ne suis pas professionnel du cinéma, mais je cultive beaucoup d’amour pour le cinéma. Pour la simple raison que je conçois les cinéastes comme des éducateurs de la culture africaine et surtout œuvrant à la valorisation de la culture africaine. A mon niveau en tant qu’exploitant de films, je joue ma partition en vulgarisant les films africains. C’est dans la logique de cette démarche que j’ai eu le contrat avec le cinéaste gabonais André Come Ottong (paix à son âme) lauréat du FESPACO 2009 du prix IPPF.

Présentement, quels sont les films dont vous avez en charge de faire la promotion dans les salles de cinéma ?

Nous avons une association des exploitants des salles de ciné de la ville de Ouagadougou. Avec les films africains et particulièrement burkinabè nous essayons de travailler avec les réalisateurs pour leur exploitation avec une redevance de 50 % des recettes après diffusion.

Les cinéastes africains pensent qu’après le FESPACO, les films africains sont relégués au second plan dans les salles de cinéma. Pourquoi ?

Ce constat concerne le passé. Actuellement, les films africains marchent mieux que les films importés. Si vous avez un bon film, vous faites une salle pleine. Les réalisateurs nous disent que le coût de la réalisation est cher si bien que l’exploitation de ces films se fait à comptes gouttes. De nos jours, nous faisons plus de rentabilité avec les films africains que les films étrangers.

Etes-vous satisfaits du contrat avec les cinéastes ?

Satisfait c’est trop dire. Parce que les réalisateurs pointent du doigt le coût du film et n’acceptent pas de signer facilement les contrats avec nous. Ils préfèrent une exploitation commune. C’est-à-dire que l’exploitation du film est faite à 50 % des recettes alors que la charge revient à l’exploitant du film. Mais comme nous sommes des collaborateurs nous travaillons pour une compréhension mutuelle. Car il ne sert à rien d’avoir un film qui n’est pas exploité.

Plus spécifiquement pouvez-vous nous parler de la nature du contrat qui vous lie au regretté cinéaste gabonais André Ottong ?

Oui, j’ai un contrat avec le film « Confession finale » du cinéaste gabonais (paix à son âme). Lors du FESPACO 2009, le film « Confession finale » devait passer dans ma salle. Ce jour-là, la salle était archicomble. A l’issue de la projection, j’ai approché le réalisateur pour avoir un contrat d’exploitation du film. Chose qu’il a acceptée avec plaisir. A partir de là nous avons signé un contrat en bonne et due forme. J’ai ainsi obtenu l’autorisation d’exploiter le film.

Avez-vous déjà commencé l’exploitation du film « Confession finale » ?

Pas encore. Parce qu’il faut faire un lancement officiel du film avant son exploitation. Le devis du lancement officiel se chiffre à environ 4 millions de F CFA. Je cherche des partenaires pour m’aider à faire le lancement du film. Je suis en pourparler avec M. Rodrigue du ciné Neerwaya qui m’a promis une collaboration afin que le film puisse être lancé.

André Ottong vient de tirer sa révérence. Comment avez-vous vécu la nouvelle de son décès ?

Avec tristesse. Nous étions en contact permanent, mais, à un certain moment, je n’arrivais plus à le joindre. Finalement j’ai pu le joindre au téléphone un jour, et il m’a fait savoir qu’il était souffrant. Ça n’a pas duré et j’ai reçu un coup de fil de Libreville apprenant qu’il est décédé. Je vous avoue que j’ai été choqué. J’ai téléphoné à sa famille pour lui présenter mes condoléances.

André Come Ottong est une figure bien connue du FESPACO. Il a été primé en 2001 avec la série « La chambre des filles » et en 2009 avec le film « Confession finale ». Comment voyez-vous l’homme que le monde du cinéma pleure aujourd’hui ?

C’est une perte pour le cinéma africain. Il est rentré dans le cinéma en coup de maître. Pourtant il m’a dit qu’il n’était pas un professionnel d’école du cinéma. Je vois qu’André Ottong avait du génie dans le cinéma. Il faisait des films extraordinaires. Il avait de la passion pour le cinéma et il croyait surtout à ce qu’il faisait. C’est le seul secret de sa réussite et il a pu imposer ses marques dans le cinéma africain. Je pense que le monde du cinéma africain va le regretter. C’est un homme qui avait de l’avenir dans le cinéma qui a été arraché à notre affection.

Le long métrage « Confession finale » dont vous avez en charge la diffusion en Afrique de l’Ouest, avez-vous un calendrier pour le faire ?

Oui, j’avais établi un calendrier de diffusion qui devrait débuter en septembre. Malheureusement avec sa mort survenue en août, j’ai immédiatement suspendu le programme en signe de deuil. Je respecte sa mémoire et je suis en contact avec sa famille pour suivre ce qui se passe. Je compte refaire un nouveau programme de diffusion en début janvier.

Que comptez-vous faire de façon spécifique pour le repos de son âme ?

Je suis en communication directe régulièrement avec sa famille au Gabon. Les recettes du film, je ferai en sorte que le contrat que nous avons signé ensemble soit respecté. Il m’a fait confiance et je témoignerai cette confiance à sa famille, tout en lui rendant hommage.

Interview réalisée par Théodore ZOUNGRANA (tzoungrana@yahoo.fr)

L’HEBDO du Burkina

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