Lefaso.net : vous êtes la présidente de la commission régionale d’organisation du 49e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, la célébration vient de s’achever, quelles sont vos impressions ?

Viviane Yolande Ouédraogo (V.Y.O) : Ce sont des sentiments de satisfaction qui m’animent. Organiser la fête nationale de l’indépendance présidée par le chef de l’Etat et tous les présidents d’institution, le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale est un grand défit. Au sortir de cette fête, d’après les commentaires que j’entends au niveau de la population et même au niveau des supérieurs hiérarchiques, tout le monde est satisfait de l’organisation et du déroulement de la fête. Alors si les gens sont satisfaits, nous aussi. Il est vrai que c’est une œuvre humaine. Dans toute œuvre humaine, il y a toujours des choses à faire pour parfaire. Mais dans l’ensemble, ça s’est bien passé. C’est un grand motif pour rendre grâce à Dieu d’avoir mis sa main sur l’ensemble de cette organisation et pour les résultats que nous avons obtenus.

Lefaso.net : on peut donc dire mission accomplie pour madame le gouverneur ?

V.Y.O : Je peux dire que nous nous sommes acquittés convenablement de la tâche qui nous était confiée.

Lefaso.net : L’organisation de cet anniversaire a offert un nouveau visage à Ouahigouya dit-on, qu’est-ce qui a réellement changé ?

V.Y.O : Nous avons tout fait effectivement pour que les choses changent au niveau de Ouahigouya parce que lorsque le gouvernement a pris la décision de célébrer de façon tournante la fête nationale, moi, je n’étais pas là mais quand j’examine la décision, ça fait partie d’une stratégie de développement du Burkina Faso. A partir du moment où une région reçoit la fête nationale, c’est une opportunité pour cette région de montrer ce qu’elle sait faire et ce qu’elle veut faire pour faire avancer les choses. C’est un défit mais c’est surtout une opportunité pour aller de l’avant, pour faire bouger ce qui peut être structurant pour l’avancée, le progrès au niveau de la région. C’est ce que nous avons tenté de faire en nous basant sur les réalités de la région du Nord. D’ailleurs le thème de la célébration du 11 Décembre traduit cette réalité qu’est l’intensification des cultures de saison sèche. Nous avons essayé de capitaliser cette réalité et de voir quels sont les pions qu’on pouvait bouger pour faire participer la population et créer un minimum de condition pour élargir les opportunités de travail, d’accroissement de revenus et de développement tout court. C’est ce que nous avons tenté de faire. Ceci est une réalité mais je pense qu’il appartient à l’observateur de nous dire aussi ses sentiments par rapport aux décisions et à ce qui a été fait. A ce niveau, je dois vraiment exprimer toute ma gratitude au gouvernement parce qu’il a véritablement accompagné la région. Le gouvernement a vraiment facilité beaucoup de choses à la région. Le gouvernement nous a fait confiance et nous a vraiment aidés à obtenir ce que nous avons vu là. Certains diront que c’est un devoir. Certes, mais il faut aussi qu’on reconnaisse ce qui est fait et qui est bien. Il faut que les gens acceptent de reconnaître. C’est bon de critiquer, mais s’il y a des efforts qui sont faits, il faut les reconnaître. Si on ne célèbre pas les efforts, on ne peut pas avancer. Si on ne célèbre pas les succès, on ne peut pas avancer. Si on ne voit que négatif partout, on ne peut pas avancer.
Je pense qu’il faut que les gens soient objectifs. Qu’ils reconnaissent que cette décision de faire les célébrations tournantes est une décision courageuse et toute la population doit accompagner cette décision pour qu’elle porte des fruits. Le gouvernement donne l’orientation, ouvre la voie mais il appartient à toute la population de s’engouffrer dans cette voie pour faire de l’orientation quelque chose de tangible, de concret pour le bien-être des populations. Je crois savoir que la population de la région du Nord est réellement contente des investissements qui ont été réalisés. Elle est véritablement contente des efforts consentis par le gouvernement pour que nous puissions mettre en place ces investissements.

Lefaso.net : On a remarqué une mobilisation exceptionnelle autour de l’évènement aussi bien au niveau des autorités politiques que des populations ; comment avez-vous réussi à fédérer toutes ces énergies ?

V.Y.O : Des dires des populations de la région du Nord et de celles de Ouahigouya en particulier, il semble qu’on n’a jamais réalisé une telle mobilisation. J’ouvre une parenthèse pour remercier toutes les forces vives de la région du Nord. Que ce soit les responsables administratifs, politiques, coutumiers, religieux, les personnes ressources. La mobilisation que nous avons vue le 11 Décembre est l’œuvre de toutes ces personnes. Je voudrais les remercier sincèrement pour le travail qu’ils ont abattu. Comme je dis toujours, c’est un départ pour nous. Nous avons montré que nous sommes réellement indépendants. Souvent on entend dire que les gens ne s’entendent pas. Pour moi l’entente c’est lorsque l’on peut se mettre ensemble et résoudre un problème, c’est tout. Ce n’est pas toujours s’asseoir, se dire de bonnes choses, se caresser dans le sens du poil. C’est un plus mais ce qui est fondamental pour l’unité, le développement, c’est que tout le monde participe.
Quand on est face à un problème, on se serre les coudes pour relever le défit. Les populations du Nord l’ont montré. Voilà pourquoi, je suis très fière d’être à la tête de cette région. Je suis à côté d’hommes et de femmes qui sont fiers également, qui savent ce qu’ils veulent, qui n’hésitent pas à mouiller le maillot pour atteindre l’objectif qu’ils recherchent. Elles ne sont pas là juste pour critiquer et elles l’ont démontré. Je les remercie et demande que le seigneur les bénisse abondamment, qu’Il les garde et qu’Il nous communique sa sagesse pour que nous puissions encore continuer comme ça.
Ce que nous avons réalisé est une fierté pour nous et pour tout le pays. Je souhaite que le seigneur les restaure tous et qu’ensemble nous nous donnons la main pour le développement de la région du Nord et pour le développement du Burkina Faso tout entier.

Lefaso.net : Comme vous l’avez dit, aucune œuvre humaine n’est parfaite, auriez-vous des pincements au cœur pour n’avoir pas réussi sur certains points quelconques de l’organisation ?

V.Y.O : A proprement parler, non. Mais en tant que gouverneur de la région du Nord, évidemment oui. Au départ, nous avions imaginé un programme d’investissement qui avoisinait 15 000 000 000f cfa. Si le gouvernement pouvait consentir chaque année à nous donner les investissements qui ont été réalisés pour le 11 décembre ; en tant que gouverneur, j’allais être contente. Mais je reconnais que cela n’est pas possible. Je suis une personne responsable, je sais qu’il y a des ajustements à faire, il y a une péréquation qu’il faut réaliser et je comprends parfaitement cette situation. Je remercie le gouvernement pour l’effort déjà consenti. En ces termes là oui, j’en demande davantage pour ma région parce que mon rôle, c’est ça ; ma mission, c’est développer ma région. Ma mission, c’est de faire en sorte que tous les habitants du Nord se sentent en sécurité. Que chacun puisse développer le potentiel que le seigneur lui a donné, qu’il puisse participer au développement de la région. Au regard de ma mission, j’en veux davantage.

Mais au regard de ce que nous avons pu réaliser pour le 11 décembre, je crois que nous avons fait le maximum. Nous ne sommes que des êtres humains, pas des dieux. Dans le travail de l’être humain, il faut regarder la valeur intrinsèque de l’être humain, sa nature, les évènements qu’il vit au jour le jour. Il faut regarder les problèmes de communication, de déplacement. Ça, ce sont des désagréments que je ne peux pas mettre en avant face aux résultats auxquels nous sommes parvenus. Je suis optimiste. J’ai lancé un appel aux populations pour leur dire : naturellement, c’est une organisation et il y a des imperfections. Je demande à chaque habitant de Ouahigouya, à chaque responsable de regarder ce qui est positif et qui peut être un exemple pour tous ceux qui viendront après nous à organiser la fête du 11 décembre. Naturellement qu’il y a des imperfections. J’ai donc demandé à chacun, si vous rencontrez quelque chose qui n’est pas comme vous le souhaiter, corriger.

Lefaso.net : Un dernier mot ?

V.Y.O : Merci à tout le monde.

Entretien réalisé par Moussa Diallo
Lefaso.net