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Immigration clandestine : Impossible dialogue Nord-Sud

Publié le mardi 10 août 2004 à 07h05min

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La Méditerranée s’est encore transformée en cimetière pour
des Africains. En quête d’un hypothétique eldorado européen, ils
ont péri d’inanition et de déshydration à bord de leurs
embarcations de fortune.

Les plus chanceux ont atteint les
côtes italiennes dans un état piteux certes, mais vivants. Au vu
de ce désastre humanitaire, l’éternelle interrogation : qu’est-ce
qui peut bien pousser des personnes à abandonner leur
famille, leur pays et leur continent, pour , au péril de leur vie et au
prix de sacrifices inimaginables, tenter l’aventure européenne ?
Les réponses sont nombreuses.

Mais il est généralement établi que la situation de chômage
chronique en Afrique et la perspective d’un emploi bien
rémunéré en Europe sont les causes essentielles du
phénomène des "boat people" africains.
Contrairement aux pays asiatiques qui sont parvenus, grâce à
un développement endogène, à éradiquer le phénomène des
grappes humaines fuyant à bord de navires brinquebalants, les
dirigeants africains n’ont pas encore su apporter une réponse
au mal de vivre de leurs concitoyens.

Pourtant, il y a longtemps
que le flot de fuyards tente de se déverser dans un Occident
riche mais fermé à la misère du monde. La mondialisation et le
dialogue Nord-Sud n’ont pas droit de cité ici. Les hordes de
clandestins doivent être arrêtées à tout prix. Toutefois, avant de
jeter l’anathème sur les pays riches, de ressasser leur
égoïsime, les dirigeants africains devraient d’abord assumer
leurs responsabilités.

A la tête d’Etats dits souverains et
démocratiques, ils ont le devoir d’offrir à leurs peuples le
minimum de garanties en matière d’emploi.
Mais la réalité est tout autre . Déjà incapables d’inventer des
formules qui encouragent la création d’emplois, les
gouvernements ont davantage baissé les bras avec l’avènement
de la libéralisation. Le tout-privé étant de mode, c’est une
aubaine pour beaucoup d’Etats de refiler la question de l’emploi
au secteur privé.

La désespérance des jeunes s’en trouve accrue avec, signe
des temps, la conviction qu’aucun avenir n’est envisageable
dans leur propre pays. Ils ont perdu confiance en leur capacité
de s’épanouir à l’intérieur de leurs Etats. En fait , les jeunes se
considèrent comme des parias dans leurs propre pays, rien
n’étant fait pour leur prouver le contraire.

Les Etats africains, pour la plupart, sont des oligarchies dont
tous les rouages économiques sont verrouillés et aux mains de
quelques apparatchiks. Même les structures d’appui et de
financement pour les jeunes entrepreneurs, faites pour être
neutres et impartiales, tombent dans la bureaucratie, la frilosité
et le clientélisme.

Dans ce maillage, seuls quelques jeunes
arrivent à tirer leurs marrons du feu et à développer des projets
porteurs. Or les potentialités existent pour l’émergence d’une
nouvelle race d’entrepreneurs.

S’il est désormais convenu que l’Etat ne doit pas se substituer
au privé, il reste que sa souveraineté s’exerce sur bien des
domaines dont la fiscalité. Pour encourager la création
d’emplois ou le recrutement de jeunes, une politique
courageuse de dégrèvement fiscal peut inciter les entreprises à
lutter davantage contre le chômage.

Mais les dirigeants africains
semblent préférer les espèces sonnantes aux projets à long
terme. Ou encore les interminables palabres dont les résultats
se font toujours attendre.

C’est dans ce contexte de crise de l’emploi qu’un sommet se
tient en septembre au Burkina Faso. Les dirigeants du continent
veulent disserter sur le problème de l’emploi. Mais que diront-ils
et que feront-ils de nouveau et de déterminant qui puisse
entraîner un déclic ?
La tenue d’une réunion spéciale sur l’emploi est en soi une
avancée appréciable.

N’empêche que les Africains veulent du
concret. Ils ont envie de travailler, de se sentir utiles à leur
société. Le calvaire d’une immigration clandestine avec la mort
aux trousses ne doit plus être une fatalité.

La détresse africaine, déjà immense dans d’autres secteurs
comme la santé, ne devrait plus aller se répandre jusqu’aux
portes de l’Occident. Le temps du sursaut et de la responsabilité
n’est-il encore pas arrivé ?

Après tant de sommes d’argent déversées sur l’Afrique et qui
n’ont servi qu’à enrichir quelques privilégiés, il ne faut pas
demander à l’Occident de continuer à gérer nos misères.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 10 août 2004 à 15:10 En réponse à : > Immigration clandestine : Impossible dialogue Nord-Sud

    Cet article est assez impressionnant et j’en fellicite son auteur. C’est dommage que nous Africains, passons le temps a nous entredechirer au lieu de nous pencher sur les problemes reels de notre temps.

    Aujourd’hui, rares sont les jeunes qui desirent rester dans leur pays, se satisfaisant de leur hypothetique emplois quant-ils en ont un. Aussi, sont-ils conscients des enormes risques qu’ils prennent lorsqu’ils decident d’emtreprendre l’aventure Europeenne.

    Cela dit, le dialogue Nord-Sud, s’il est difficile, ne doit pas etre impossible. Les pays occidentaux sont conscients de la drande marge qui existe du point de vu des opportunites. Il sont egalement conscients de ce que leurs frontieres ne seront jamais suffisamment protegees et que les vagues d’immigrants font s’accompagnent de vagues de problemes tels que Sida et j’en passe. Il s’agit la d’un phenomene global qui necessite des mesures globales.

    Coulibaly

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