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Projet Amélioration de la qualité de l’alimentation de rue à Bobo

Publié le lundi 9 août 2004 à 07h31min

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L’alimentation de rue, important volet du secteur-informel, fait désormais l’objet d’une attention particulière. Au cœur de l’engagement pour en améliorer la qualité se trouve le Projet pour l’amélioration de la qualité de l’alimentation de rue. Initiée par la FAO, la phase pilote a choisi Bobo-Dioulasso pour sa mise en œuvre, ce, depuis bientôt deux ans. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le coordonnateur, Adama Toé, Docteur en sciences pharmaceutiques. Il nous parle des objectifs et des activités à court terme.

Sidwaya : (S) : Votre projet a un certain nombre d’activités en vue au bénéfice de la ville de Bobo-Dioulasso. Pourrez-vous nous en parler ?

M. Toé Adama : (M. M.) : Les activités sont de plusieurs ordres. Le projet a commencé par une phase de diagnostique, des études pour faire le point et avoir la situation exacte de l’alimentation de rue à Bobo-Dioulasso. Cette phase a concerné les aspects juridiques, les aspects hygiéniques, sanitaires et urbanistiques. C’est donc beaucoup de données qui ont été rassemblées, qui sont disponibles aujourd’hui, analysées par des experts. On connaît donc beaucoup mieux la configuration du secteur informel de l’alimentation de rue à Bobo-Dioulasso.

S : Dans la phase diagnostique, quand vous parlez des études juridiques, de quoi s’agit-il exactement ?

A.T. : Il s’est agi de recenser tous les textes qui régissent le domaine, au niveau de la commune : l’implantation des acteurs, tous ces textes ont été recensés, et on s’est rendu compte que c’est difficile dans l’application et les juristes ont fait des nouvelles propositions pour qu’il y ait des textes beaucoup plus adaptés parce que la plupart des textes qui existent ont été adoptés au moment de la Révolution. Ils ne s’adaptent plus très bien, et les experts ont fait des propositions.

S : Peut-on avoir une idée sur les nouvelles propositions ?

A.T. : Ils ont fait le toilettage des textes. Ce n’est pas encore adopté parce qu’il y a un comité de pilotage qui doit voir ces textes pour savoir si on peut les accepter. Mais il y a tous les aspects, concernant par exemple la taille des infrastructures. Là ce sont les services techniques de la municipalité qui doivent compléter le travail des juristes. Le travail n’est pas fin prêt, mais nous avons les pistes.

S : Peut-on avoir une idée des activités qui vont se dérouler deux ou trois mois durant ?

A.T. : Comme je disais, il y a eu d’abord la phase diagnostique, et la phase d’état du terrain. On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de problèmes d’assainissement. Il y a eu des sites qui ont été choisis comme sites pilotes qui vont être dotés d’infrastructures et d’équipements. La principale infrastructure est en développement actuellement au niveau de la gare routière. On va construire un type de restaurant d’alimentation de rue où il y aura un endroit pour stocker les aliments, un endroit pour préparer, avec les conditions d’hygiène respectées...

Mais il y a d’autres sites comme les écoles où seront construits de petits kiosques où on peut ranger les aliments dans le respect des conditions d’hygiène. Ces infrastructures, on n’a pas fini de les développer. A court terme, dès la semaine prochaine, nous allons avoir des réunions de travail au niveau des arrondissements, pour faire le point de tout ce qui a été fait dans le cadre du projet, de ce qui reste à faire, et pour réfléchir à l’avant-projet. Parce que c’est un projet pilote (un petit projet) dont le but est d’arriver à élaborer un plan d’ensemble pour toute la commune.

Ce plan d’action sera soumis aux bailleurs de fonds, pour avoir un financement plus important, pour pouvoir travailler à l’amélioration des conditions d’hygiène de l’alimentation de rue au niveau de toute la commune. Actuellement, on ne va travailler qu’avec quelques sites pilotes. L’ambition, c’est aussi d’avoir des infrastructures des modèles qui peuvent être repiquables au niveau de toutes les villes du Burkina Faso, puisque c’est la première fois que ce type de projet est mis en place pour être conduit au Burkina Faso.

S : Les sites pilotes seront-ils gérés par le projet ou par des privés ?

A.T. : La principale infrastructure sera développée au niveau de la gare routière. Elle sera gérée par le syndicat de la gare routière et les vendeuses d’aliments installées à la gare. Mais le projet est une assistance de la FAO à la municipalité de Bobo-Dioulasso. A la fin, ce ne sera plus la FAO qui va gérer. Les installations reviennent à la commune, et c’est certainement elle qui va faire délégation de pouvoir à la gare routière (dans ce cas d’espèce), et à la gare routière, ceux qui vont gérer, ce sera certainement le syndicat des transporteurs et les vendeuses regroupées en association.

Il y a des infrastructures qui seront données à des écoles, par exemple l’Ecole Centre, le lycée municipal de Bobo-Dioulasso. Elles vont leur appartenir.

S : Le projet ne concerne que la ville de Bobo...

A.T. : Nous allons organiser en début septembre un séminaire, et les maires des autres communes y seront invités pour voir le travail fait et pouvoir s’en inspirer. On peut dire que ce travail va bénéficier à tout le Burkina, à d’autres villes comme Ouagadougou, mais aussi à tous les pays voisins comme le Mali, le Niger, qui sont confrontés au même problème d’alimentation de rue.

S : Le secteur informel est le plus concerné. Mais vu qu’il est difficile à cerner, l’aboutissement du projet ne fait-il pas craindre des difficultés ?

A.T. : C’est vrai, mais le secteur informel ne doit pas rester informel. Un des objectifs majeurs de ce projet c’est de travailler à long terme à intégrer le secteur informel de l’alimentation de rue dans le paysage socio-économique et urbanistique. Il faut qu’il évolue. Il faut qu’on les aide à évoluer.

S : Il semble qu’il y a un volet formation qui doit accompagner la mise en place de ces infrastructures. Pouvez-vous nous en parler ?

A.T. : Nous avons eu, en juin à former les acteurs impliqués dans ce projet alimentation de rue. Au niveau de la commune, on a eu à former 75 vendeuses, essentiellement sur les bonnes pratiques de préparation et de vente des aliments. Nous avons eu à former 10 contrôleurs pour la commune, qui vont contrôler la bonne qualité des aliments. Ils sont pour une grande part des agents du service d’hygiène. Les autres ministères impliqués pour une mission de contrôle ce sont l’Agriculture, l’Elevage, la direction régionale des Affaires économiques, les Eaux et Forêts, etc. Donc il y a les contrôleurs, les vendeuses elles-mêmes qui ont été formées. On pense qu’elles pourront donner l’exemple aux autres. Maintenant, il y a aussi une campagne de sensibilisation à l’intention des consommateurs, qui eux aussi ont un rôle à jouer...

Jean Luc BONKIAN
Sidwaya

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