LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

KONGOUSSI : Une troupe warba distinguée au Japon

Publié le mardi 1er décembre 2009 à 01h53min

PARTAGER :                          

Double lauréate de la Semaine nationale de la culture (SNC) Bobo 2006 et 2008, détentrice du trophée du festival Warba de Ganzourgou et 3 fois vainqueur du concours Bam vacances culture. Tel est le palmarès de la troupe warba Relwendé de Kongoussi. Le 15 novembre 2009, elle a vu ses efforts couronnés au Japon par la médaille des meilleures pratiques communautaires pour la revitalisation culturelle. Nous avons rencontré le directeur artistique, Patrice Sawadogo, pour en savoir davantage sur la vie de la troupe et la distinction honorifique.

"Le Pays" : Faites-nous l’historique de la troupe Relwendé de Kongoussi.

Patrice Sawadogo : La troupe warba Relwendé a été créée le 25 avril 2003. Elle a eu son récépissé en 2006 et est composée d’une poule adulte et d’une autre jeune. C’est cette dernière qui est la vitrine de la troupe car elle a permis son rayonnement sur les plans communal, provincial, régional et national. La troupe regroupe 49 personnes.

Comment vous êtes-vous retrouvés au Japon ?

Nous avons été contactés par le ministère de la Culture et du Tourisme du Burkina suite à un appel à candidatures lancé par le centre culturel Asie Pacifique pour l’UNESCO (ACCU) qui se trouve au Japon pour participer à une compétition entrant dans le cadre de la revitalisation culturelle. Après la sélection des dossiers au Japon par des experts de l’UNESCO, notre troupe a été retenue. Dès la proclamation des résultats, une lettre de félicitations nous a été adressée, invitant la troupe à se préparer pour participer à un atelier au Japon organisé `par l’ACCU. Au cours de cet atelier, nous devions présenter notre expérience culturelle à d’autres communautés participantes. En même temps la correspondance nous informait que la troupe allait recevoir une distinction honorifique. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à Tokushima (Japon).

Combien de troupes participaient à l’atelier ?

Pour la 2e édition, le centre culturel Asie Pacifique pour l’UNESCO (ACCU) a retenu 6 lauréats. Il s’agit de 3 troupes japonaises, d’une troupe burkinabè, d’une de l’Ouzbékistan et d’une troupe cubaine. Il y avait également une troupe pakistanaise qui a reçu une mention honorable. Au total, ce sont 7 communautés de 3 continents qui se sont retrouvées.

Que ressent Relwendé après cette distinction honorifique ?

C’est un sentiment de satisfaction qui nous anime car la médaille qui nous a été décernée le 15 novembre dernier vient récompenser les efforts que la troupe fait depuis 2003 en vue de la promotion du patrimoine culturel burkinabè. C’est également un sentiment de fierté que nous ressentons pour avoir représenté le Burkina Faso au Japon. Le warba a eu un écho favorable au pays du Soleil levant, et cela nous interpelle à travailler pour améliorer notre capital prix.

Peut-on dire que le warba est entré dans les moeurs des Japonais pendant les 3 jours qu’a duré l’atelier ?

Le warba a fait ses preuves au Burkina. Récemment en Algérie, c’est également la danse warba qui a remporté le premier prix lors de la compétition africaine. Cela voudrait dire que le warba est passionnant et a même un avenir radieux. Cette danse est aujourd’hui une valeur sûre qui peut être exploitée. Le plaisir que les autres communautés ressentent en nous voyant danser finit par convaincre que nous devons nous parfaire davantage.

Les Japonais ont-ils souvent l’occasion de voir des danses traditionnelles comme le warba ?

C’était la première fois que des Mossis foulaient le sol de Tokushima. C’était donc une curiosité pour les habitants de cette ville de découvrir cette richesse culturelle burkinabè. Les Japonais ne se sont pas fait prier pour esquisser des pas de danse warba. Nous espérons que cela pourrait nous ouvrir d’autres portes. Pourquoi ne pas aller former des Japonais à la danse du warba si l’occasion se présentait ?

A qui dédiez-vous la médaille ?

Nous dédions la médaille à l’ambassade de la Chine (Taïwan) pour avoir été d’un apport précieux dans la progression de la troupe. Nous n’oublions pas la communauté chinoise vivant au `Burkina, les Engagements nationaux et tous ceux qui ont contribué à faire rayonner la troupe.

Les membres de la troupe vivent-ils décemment ?

Notre troupe, comme la plupart, travaille dans l’amateurisme et le volontariat. La poule jeune dont je parlais tantôt est composée d’élèves, et au niveau des adultes ce sont des cultivateurs et des chômeurs. Cela voudrait dire que la troupe a un grand nombre de personnes à gérer financièrement. Les recettes sont épargnées à hauteur de 40% pour subvenir aux besoins pressants et les 60% sont partagés équitablement entre les membres. S’il y a un spectacle, les membres de la troupe disposent de petits fonds. Nous sommes nos propres promoteurs et nos propres administrateurs.

Avez-vous un cri du coeur allant dans le sens de la promotion de la culture en général, et du warba en particulier ?

La culture peut être représentative aux niveaux national et international. Relwendé vient de démontrer au Japon que le Burkina a des valeurs culturelles très riches. Cependant, il faudrait y mettre les moyens. Le secret de notre troupe se trouve dans son organisation interne. Nous n’avons reçu aucune subvention jusqu’à ce jour. Relwendé peut faire mieux si elle bénéficie de l’appui de l’Etat par exemple. C’est l’occasion pour nous d’interpeller les autorités qui, même si nous n’en doutons pas, font des efforts pour la promotion de la culture.

Propos recueillis par Gontran ZOUNGRANA

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel