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George W. Bush : A trop jouer avec le feu...

Publié le vendredi 6 août 2004 à 07h56min

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George Bush

L’image a fait le tour du monde. L’austère Colin Powell,
transformé, le temps d’une soirée, en chanteur et danseur et
reprenant un morceau disco des années 1970. Cette
parenthèse de détente très surprenante n’a cependant pas fait
illusion.

Le secrétaire d’Etat américain a toujours de gros
soucis, le bourbier irakien en tête. L’exultation du diplomate
américain pourrait même paraître, au demeurant, indécent, au
regard de la situation catastrophique que vivent les Irakiens.
L’administration Bush dont Powell est un des serviteurs
dévoués est en effet à l’origine du drame irakien avec, chaque
jour, des violations graves de droits humains (Abou Ghraib), des
morts et surtout, un bonheur promis mais inaccessible.

Aucune
perspective de paix ne se profile à l’horizon en dépit des
déclarations rassurantes de Washington. Au même moment,
les Américains ne se privent pas d’ameuter à tour de bras, tous
ceux qui peuvent les aider à sortir du bourbier. La coalition qui
les a accompagnés dans leur conquête irakienne s’étant
montrée incapable d’instaurer la sécurité, Washington s’est
d’abord mise à courtiser l’OTAN, l’organisation du traité de
l’Atlantique nord.

Premier déboire, avec le refus de Paris et de
Bonn, de voir les troupes européennes sortir de leur sphère
d’action. Décidément à la recherche d’une bouffée d’oxygène,
l’Amérique regarde maintenant du côté des pays arabes que
Colin Powell sillonne dans tous les sens. La proposition
saoudienne d’envoyer un corps expéditionnaire en Irak,
accueillie chaleureusement par Washington, ne semble pas
enthousiasmer les autres pays arabes. L’Algérie, elle, a déjà
déclaré forfait.

M. Powell a beau rappeler que des pays arabes
avaient promis d’aller en Irak sous mandat onusien, rien n’y fait.
Même ses déclarations selon lesquelles l’Amérique ne cherche
pas à imposer son système au Moyen-orient ou que les
Etats-unis sont prêts à partager leur savoir-faire en matière de
développement, laissent, pour le moment, les dirigeants arabes
de marbre.

L’opération de séduction a abouti seulement à des
promesses encore vagues indiquant que les forces arabes
pourraient seulement protéger certaines installations ou le
personnel onusien.
Le secrétaire d’Etat américain n’est pas au bout de ses peines
puisqu’au moment où il tente de rallier de nouveaux pays à sa
cause, il doit aussi colmater les brèches intervenues dans ses
propres rangs.

Le doute s’est en effet emparé de la coalition
depuis le départ retentissant des troupes espagnoles. Le retrait
des Philippins , récemment, ne fait qu’accentuer le malaise. Car
en plus des attentats et autres sabotages, les combattants
irakiens ("assassins" et "terroristes", diraient les Américains)
ont trouvé l’arme fatale : la prise d’otages. La présidente
philippine, face à la pression de la rue et à la proximité des
élections, ne pouvait courir le risque de voir exécuter ses
compatriotes en Irak.

Et elle a tranché dans le vif, quitte à
décevoir son allié américain. La défaillance philippine fera-t-elle
tache d’huile ? C’est sans doute la question qui taraude l’esprit
des coalisés dont le chef de file s’amuse à se faire peur sur son
propre territoire. Les services de renseignement américains ont
en effet déclenché tous les signaux d’alerte au prétexte qu’une
menace d’attentat est imminente.

Mais certains spécialistes
mettent en cause la réalité de cette menace , estimant que le
gouvernement s’est appuyé sur des informations vieilles de trois
ans, donc dépassées. En fait, les adversaires de Bush le
suspectent de recourir à la menace terroriste à des fins
électoralistes. Un d’entre eux a même ironisé en disant que
Bush fait monter la cote d’alerte chaque fois que sa cote de
popularité baisse. On est enclin à le croire, tant le sort du
président Bush est lié à sa détermination à éradiquer le
terrorisme.

Mais il faut craindre, pour le candidat républicain, que les
manoeuvres auxquelles s’adonnent ses agences de
renseignement ne finissent par se retourner contre lui. A trop
manipuler l’opinion en brandissant abusivement l’épouvantail du
terrorisme, George W. Bush risque de se brûler les doigts.
L’ancien premier ministre espagnol Aznar pourrait à ce titre, lui
proposer un traité sur les conséquences du mensonge politique
en démocratie...

Le Pays

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