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Avion transportant de la drogue : De la poudre aux yeux des Maliens

Publié le mercredi 18 novembre 2009 à 02h18min

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Ce n’est pas du James Bond, mais le scénario en a tout l’air. Lundi dernier, un Bœing cargo, parti du Venezuela, a atterri sur une piste artisanale à 15 km de Gao (Mali) avant de décharger de la cocaïne et d’autres produits illicites.

Il a ensuite voulu décoller et s’est écrasé. Les trafiquants, pour faire disparaître toute trace, l’ont incendié. Les autorités affirment avoir relevé les numéros de référence de l’appareil et ont annoncé qu’une enquête était en cours sur le propriétaire. Maigre consolation de la part des gouvernants, mais le constat est là : les trafiquants de drogue ne font plus dans la dentelle pour atteindre leurs desseins inavouables.

La période où l’on faisait avaler aux passeurs de petits sachets contenant ce produit dangereux est révolue. Bonjour les grands moyens. La preuve éclatante a été donnée lundi dernier aux encablures de cette ville désertique située à un millier de kilomètres de Bamako, la capitale. Ce n’est d’ailleurs pas une grande première en Afrique.

En 2008, des Vénézuéliens (encore eux !) transportant 500 kilos de cocaïne chacun, à bord d’un avion, avaient été capturés en Sierra Leone, puis en Guinée-Bissau en l’espace de quinze jours. Par contre, la scène qui a eu lieu en début de semaine au Mali est encore plus spectaculaire et promet de jolis rebondissements d’autant plus que de grandes zones d’ombre demeurent. En effet, la cargaison a disparu et point de trace des trafiquants ni du pilote. Bizarre pour un avion qui s’est pourtant crashé.

Aujourd’hui, la zone de prédilection pour acheminer la came en Europe de l’Ouest reste l’Afrique, notamment sa partie occidentale. Et ceux que l’actuel homme fort de Guinée appelle les trafiquants narco ne se privent pas de l’exploiter. Mais pourquoi ? « En Afrique de l’Ouest, on peut acheminer de plus grandes quantités de drogue sans se faire remarquer en raison d’un réseau africain de surveillance quasi inexistant », avait répondu Amado Philip de Andres, représentant adjoint de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC) à Dakar.

Et comme si Dieu était avec ces acteurs de basse besogne, moins d’un cinquième de la drogue y est découvert. Oui, la drogue pose problème. Mais au Mali, l’affaire a pris une autre tournure et interpelle plus d’un habitant de ce pays. Certes, depuis plusieurs années, la zone saharo- sahélienne est devenue une plaque tournante de plusieurs pratiques illicites comme les rébellions, le terrorisme, le trafic d’armes et celui de stupéfiants.

Beaucoup se posent cependant des questions sur l’aisance avec laquelle les mauvais visiteurs ont pu traverser d’autres pays et pénétrer le territoire malien avant d’atterrir dans l’ancienne capitale de l’empire Songhaï. « Vraiment cette information m’inquiète beaucoup. Alors que je me pose la question de savoir si le Mali est fier de son indépendance, il se trouve qu’il n’a même pas la possibilité de contrôler ses frontières (surtout son espace aérien).

J’ai honte que cette histoire se passe au Mali », faisait remarquer sur le Net un habitant du pays de Soundiata Keita… « Cette histoire d’avion et de drogue, si elle s’avère, ATT (Ndlr : Ahmadou Toumani Touré, le président malien), doit des explications au peuple pour le silence de nos autorités » ! « Cela signifie que nos frontières sont devenues de vraies passoires. Pourquoi les autorités se taisent-elles sur cette affaire, gravissime ? Vivement une enquête de l’ONUDC ! », réclame un autre compatriote. Convenons quelque part qu’il y a évidemment un côté humiliant et inquiétant dans cette affaire.

Néanmoins, il faudrait éviter d’avoir l’indignation facile parce qu’il y a tellement de priorités dans nos Etats ! Il est en effet difficile de faire un choix rapide entre installer plusieurs points d’eau dans une zone aride et placer un radar à même de surveiller la même zone, dans la perspective qu’un avion transportant un produit illicite pourrait s’y poser.

Issa K. Barry

L’observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 18 novembre 2009 à 07:56, par maliden1 En réponse à : Avion transportant de la drogue : De la poudre aux yeux des Maliens

    N’accusons pas, aussi vite, ce silence du gouvernement. Il s’agit d’une affaire de narcotrafiquant qui est une organisation très structurée. Toute publication hâtive pourrait compliqué les enquêtes.

  • Le 18 novembre 2009 à 12:57, par wend waoga En réponse à : Avion transportant de la drogue : De la poudre aux yeux des Maliens

    D’après-vous,comment doivent se préparer les réinstallations massives des bases militaires occidentales en Afrique ?

  • Le 19 novembre 2009 à 12:52 En réponse à : Avion transportant de la drogue : De la poudre aux yeux des Maliens

    Même si la couverture aérienne n’est pas bonne, il faut s’interroger malgré tout sur des complicités à différents niveaux pour que l’avion puisse traverser le Mali sans être aperçu. Visiblement, ce n’est pas première fois ni la dernière. C’est un véritable réseaux et il y a forcément des complicités à différents niveaux y compris dans les plus hautes sphères de l’état au Mali pour que cela puisse se faire aussi facilement.
    Qu’attends les américains ou les européens pour fournir des drones pour surveiller cette zone désertique où tous les trafics existent : drogue, cigarette, migrants, etc.

    De plus ce n’est pas à 15 km de Gao mais plutôt à 15 km environ de Bourem, plus au Nord de Gao que c’est arrivé

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