Déluge du 1er du Septembre : Bilan de santé avant évacuation de l’hôpital Yalgado
Un communiqué de presse émanant du directeur général (DG) du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO), Lansandé Bangagne, et daté du 9 novembre dernier, annonçait la réouverture sur place des services de l’hôpital en attendant leur délocalisation dans quelques mois, invitant la population à fréquenter Yalgado « en cas de besoin pour recevoir les meilleurs soins aux meilleurs coûts ». Patients, accompagnants comme commerçants riverains ont apprécié ce retour au cours de notre visite le mardi 10 novembre 2009 qui nous a permis de tâter le pouls du fonctionnement du CHU avant sa prochaine “évacuation”.
Parmi les établissements publics sinistrés par le déluge du 1er septembre dernier, figure en tête le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO). En effet, sous la pression de l’eau débordant du barrage n°3, le mur arrière de l’hôpital a cédé, provoquant l’inondation de plusieurs services dont l’urologie, les maladies infectieuses, la pneumologie, la néphrologie, et le scannage. S’en est suivie aussitôt la délocalisation dans les CMA de la capitale de certains d’entre eux en l’occurrence la pédiatrie, les urgences médicales et les maladies infectieuses.
C’est donc leur retour et réouverture sur place qui ont été opérés quelque deux mois après. « Suite à une rencontre avec le ministre de la Santé, le mercredi 4 novembre dernier, il a été décidé en attendant que la délocalisation soit effective dans quelques mois que … l’ensemble des services du CHU-YO rouvrent et reprennent leur fonctionnement optimum », indique, entre autres, le communiqué de presse y relatif, émanant du directeur général (DG) de l’hôpital, Lansandé Bangagne.
Service maximum
Ce mardi 10 novembre 2009, aux environs de midi, aucun doute ne pouvait planer dans la tête du visiteur lambda quant à la reprise effective des activités de tous les services. Dès la porte d’entrée, de longues files de personnes qui entraient et qui sortaient, étaient visibles. A l’intérieur, patients et accompagnants se pressent dans les différents services. C’est le cas d’Hubert Bouda et de son ami qui sont venus assister un parent admis en traumatologie. Il exprime sa joie de ne plus avoir à parcourir des km pour avoir des soins. « C’est bien que cette réouverture ait pu se faire. Elle nous évite les surcharges au niveau des CMA et c’est maintenant plus proche », nous lance-t-il avant de s’empresser d’aller honorer l’ordonnance que lui ont remise les médecins.
Alassane Kaboré, lui, ayant un parent en soins intensifs car souffrant d’un traumatisme crânien, déplore tout de même une certaine lenteur dans sa prise en charge qu’il impute aux tracasseries du retour sur place et du redémarrage des activités. Il se réjouit, lui aussi, de la réouverture des services du CHU : « Cela arrange bon nombre d’entre nous. Que Dieu donne la force à nos autorités de pouvoir soutenir l’hôpital avec tout le matériel nécessaire notamment un scanner.
Tout cela participe à notre bien-être ». Les chambres sont occupées pour la plupart et dans celles vides, on peut apercevoir des lits et matelas flambant neufs installés certainement grâce à l’élan de solidarité envers le Centre hospitalier, après le déluge. Bibata Zongo/Dembélé qui est hospitalisée avec son bébé apprécie également cette reprise. « J’ai subi une césarienne et je me suis retrouvée séparée entre temps de mon bébé ; alors si Yalgado n’avait pas ouvert ses portes ça allait être vraiment dur ».
Tout ce beau monde qui afflue de nouveau ne doit pas manquer d’appétit au regard des nombreux plateaux de repas qui attendaient, fumants sur les chariots devant le restaurant, à midi. A l’arrière de la cour, le pan du mur qui avait cédé le 1er septembre, a été détruit. Les fondations sur le sol laissent entrevoir que le mur qui va maintenant être érigé sera des plus imposants et sans doute sera en béton.
Les commerçants riverains, se frottent d’ores et déjà les mains dans la perspective de pouvoir à nouveau réaliser de bonnes affaires avec ce retour au bercail de Yalgado. A en croire Rasmané Ilboudo qui a sa boutique tout juste en face de la porte d’entrée, leurs marchandises recommencent à se vendre bien tout doucement. “Inch Allah, ça va aller dans les prochains jours”, rassure son voisin, Ila Sana.
Toutefois, les vendeurs de cartes, postés aux feux tricolores, eux, disent ne pas trop sentir pour l’instant un changement sur leurs ventes. « Rien n’a changé jusqu’à présent mais on espère que dans les jours à venir, ça va reprendre comme avant », martèlent-ils tous. Le parking ne se désemplit pas à la grande satisfaction de ses gérants. L’un d’entre eux que nous approchons, se refuse même à tout commentaire pour motif « qu’il n’a pas le temps », occupé qu’il était à garer les motos et à rendre certaines à leurs propriétaires.
Cependant le fait notable reste la difficulté que nous avons éprouvée à trouver un interlocuteur avec qui évoquer l’avenir de l’hôpital. En effet, à la direction générale de Yalgado (le DG est en mission), comme au ministère de la Santé nos demandes d’audiences et nos coups de fil sont demeurés sans suite jusqu’au moment où nous bouclions cet article.
En attendant donc que les personnes-ressources soient « sensibilisées » à la nécessité de communiquer sur les orientations futures du CHU, on ne peut s’empêcher de se poser un certain nombre de questions : Comment et à quelle date va se faire la délocalisation de Yalgado sur le site que d’aucuns situent derrière le Laboratoire national de santé publique ? En quoi va consister sa réhabilitation ?
Et l’on peut également partager les interrogations à la sous-section du Syndicat autonome des infirmiers et infirmières et agents itinérants de la santé (SAIB) du CHU (voir encadré) pour s’interroger sur la gestion de cette phase transitoire. Autant de maux qui gagneraient à trouver remède rapidement même si l’on se doute bien que tout ceci n’est pas une sinécure.
Hyacinthe Sanou
Délocalisation de Yalgado : La gestion de la transition pose problème”
De la délocalisation de Yalgado, il est également question dans cette déclaration de la sous-section du Syndicat autonome des infirmiers et infirmières et agents itinérants de santé (SAIB) du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO). Pour les militants de la sous-section du SAIB, la gestion de la phase transitoire pose un certain nombre de problèmes. Lisez plutôt.
Le 1er septembre 2009, une pluie diluvienne s’est abattue sur la capitale Ouagadougou et d’autres localités du pays, entraînant une situation de catastrophe naturelle ; officiellement 150 000 sans-abri. Depuis cette date, beaucoup d’efforts louables ont été consentis par les autorités politiques et administratives. Nous saluons la prompte réaction des forces de défense, de sécurité et de la jeunesse qui a permis de sauver des vies et de minimiser les dégâts matériels.
Cette situation a amené le gouvernement à prendre la décision n°2009/445/SG/MS /CAB portant délocalisation des services du CHU-YO dans les autres formations sanitaires de la ville de Ouagadougou. Si la décision du gouvernement de profiter de l’occasion pour réhabiliter le CHU-YO est accueillie avec satisfaction par les travailleurs, cependant la gestion de la phase transitoire pose un certain nombre de problèmes dont :
– La désorientation de la population par rapport à la référence d’un service à l’autre ;
– la baisse de la qualité des soins due à l’insuffisance de l’équipement, de la capacité d’accueil et organisationnelle des services hôtes.
– les difficultés d’intégration des travailleurs ;
– la diminution des recettes du CHU-YO qui aura pour conséquences les ruptures de contrats, la perte des avantages des travailleurs.
Si la difficulté financière dans laquelle se trouve le CHU-YO n’est pas soutenue par le gouvernement, les conséquences pourraient être plus dramatiques ; en atteste déjà le licenciement de certains médecins et infirmières contractuels depuis le 15 octobre 2009. Face à cette situation, nous, militants et militantes de la sous-section SAIB du CHU-YO, exigeons du gouvernement :
1) de maintenir des services du CHU-YO jusqu’à la fin des travaux du nouveau site ;
2) d’accompagner financièrement le CHU-YO afin de permettre à la direction :
– d’assurer le maintien du personnel contractuel ;
– d’évacuer les arriérés financiers existant entre le CHU-YO et les travailleurs relatifs :
• reclassement
• avancement
• reversement
– de reprendre les agents contractuels déjà licenciés depuis de 15 octobre 2009. Nous, militants et militantes de la sous-section SAIB du CHU-YO, nous nous réservons le droit d’entreprendre d’autres actions si toutefois nos revendications ne sont pas satisfaites.
Pour la sous-section ; le secrétaire général : Pemou François
L’Observateur Paalga