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Rentrée politique du CDP : Difficile de cacher son candidat, grand favori pour l’élection de 2010

Publié le mardi 3 novembre 2009 à 01h31min

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Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a entamé sa rentrée politique, à travers une session de formation de ses cadres et des responsables du parti, le 31 octobre 2009 à Ouagadougou. Une occasion de parler de l’élection présidentielle de 2010.

Le CDP ne cache pas qu’il est en campagne pour la prochaine élection présidentielle. En parti “organisé et discipliné”, il ne veut pas dévoiler pour l’instant, le nom de son candidat, mais laisse sentir que rien ne changera. “ Nous allons, bien sûr, demander aux responsables des différentes sections de bien s’organiser pour se mettre en ordre de bataille, car ce n’est pas la veille qu’il faut préparer les armes de combat ”, a soutenu Naboho Kanidoua, 1er vice-président du bureau exécutif national du parti, chargé de l’Orientation, intervenant à l’ouverture de la rentrée politique, samedi passé au ciné Neerwaya.

Il explique que tout parti digne de ce nom est permanemment en campagne, non seulement pour être au contact de la population, mais aussi pour donner sa position sur toutes les questions politiques importantes. La date officielle des campagnes électorales n’est, à ses yeux, qu’une simple “ question d’organisation du système démocratique ”. “ Sinon un parti doit être toujours conquérant ”, a-t-il poursuivi.

Quant au candidat du parti à cette élection, les responsables du CDP éprouvent plus de difficultés à le cacher qu’à le trouver. Ils ne savent pas non plus à quand exactement ils se réuniront pour tenir le Conseil national du parti, l’instance habilitée à désigner le candidat, étant donné selon M. Kanidoua, que la date n’est même pas encore fixée pour tenir ce Conseil.
“ Mais, indique-t-il, pour nous au CDP, on ne change pas une équipe qui gagne ” et d’ajouter : “ ça peut être une indication pour vous ”.
Clément Sawadogo, secrétaire à l’organisation du CDP commence lui aussi par le rappel du sacro-saint principe du devoir de réserve. “ Dans notre parti, il y a des principes qui sont clairs. On ne peut pas faire des déclarations comme on veut ”, fait-il savoir avant d’ajouter : “ nous savons tous à peu près ce qui se passera, mais nous avons besoin de le déclarer à titre officiel, à travers une instance du parti qui en son temps, se déterminera de manière claire ”.

Pour être un peu plus clair, il conseille à tous ceux qui s’intéressent au candidat du méga-parti, de patienter jusqu’à la tenue du Conseil national, “même si cela ne comportera pas de grande surprise, parce qu’au Burkina Faso, tout le monde sait celui qui peut diriger ce pays et qui ne le peut pas”.
La rentrée politique a donné l’occasion au CDP de s’exprimer sur certains sujets. Il a demandé que les acteurs politique guinéens, “ fassent preuve de solidarité et de disponibilité ” à l’endroit du président Blaise Compaoré, dans l’accomplissement de sa mission d’apaisement de la situation en Guinée et de d’accompagnement de la transition sans heurts. Les mêmes sollicitations sont adressées à toutes les parties prenantes issues de la communauté internationale.

Le CDP a réaffirmé son soutien naturel au président du Faso et lui a exprimé ses vœux de succès. L’élection présidentielle étant dans tous les esprits au sein des états-majors, le CDP a saisi l’occasion pour vanter ses mérites, à travers l’action gouvernementale. Il a alors félicité le gouvernement de Tertius Zongo, mais aussi le peuple burkinabè pour la “ promptitude exemplaire et la solidarité déployées dans une totale transparence ” suite aux inondations du 1er septembre.

Former pour se renforcer et pour gagner

Depuis sa création, le CDP n’a enregistré aucune grande défection. Des militants ont certes quitté la chambre principale pour la chambre secondaire, mais personne n’est vraiment entré en grande rébellion pour “se retrouver en brousse”. Toutefois, pour parer à toute éventualité, le parti tient à une “mobilisation consciente et constante” de tous ses membres, capables de résister aux charmes de l’adversaire et de convaincre les électeurs.
Le président du parti, Roch Marc Christian Kaboré, souhaite que le Burkina Faso puisse disposer, au gouvernail de l’Etat, “ des hommes et de femmes politiquement formés, hautement conscients de leurs responsabilités, compétents dans leurs domaines d’action et incarnant avec exemplarité, les vertus du citoyen digne et intègre ”
Cette formation est donc, selon lui, un appel des militants à aller à la conquête du savoir, afin d’exercer avec efficacité leur part de pouvoir en tant que membre du parti dirigeant.

Ainsi, environ 300 cadres et responsables du CDP se sont retrouvés à la salle du ciné Neerwaya pour l’ouverture de la rentrée politique du parti marquée par la session de formation. La formation axée sur la connaissance du parti et l’élection présidentielle à venir regroupe les membres des bureaux des sections provinciales. Les thèmes de cette formation portent sur “ Les origines et la nature social-démocrate du CDP ”, “ les textes qui régissent l’organisation et le fonctionnement du parti ” et “ les résolutions prises par le parti lors de son 4è congrès ordinaire ”.
Cette formation concrétise le début d’un encadrement permanent des membres du parti. Elle répond à un souci récurrent face auquel le 4è congrès ordinaire du parti a pris une résolution.

Le CDP compte ainsi entretenir ses partisans, des cadres aux militants de base, dans la connaissance des enjeux du moment, des fondamentaux du parti, des armes et stratégies politiques pour garantir son leadership au sein des formations politiques du pays.
Les membres des bureaux de section devront à l’issue de cette formation être en mesure d’encadrer les militants de base afin qu’ils puissent connaître l’histoire du parti, sa ligne politique qui est celle de la social-démocratie et surtout connaître ses statuts et règlement intérieur “ pour un fonctionnement dynamique et harmonieux de ce parti”. Tout cela, c’est “ afin de nous préparer pour les grandes batailles politiques à venir ”, de l’avis de M. Kanidoua, par ailleurs, 1er vice-président de l’Assemblée parlementaire burkinabè.

L’élection présidentielle s’invite désormais dans toutes les rencontres du CDP. Ce parti créé en 1996, a remporté toutes les élections à tous les niveaux. Il a défait sans coup férir, ses 12 concurrents au fauteuil présidentiel de 2005. Mais l’opposition burkinabè se forme et s’organise peu à peu et le CDP ne veut prendre aucun risque lui qui, sous la conduite de Blaise Compaoré, entend propulser le Burkina Faso au rang des pays émergents à l’horizon 2020. Le nouveau contrat d’objectifs majeur avec le peuple burkinabè est de faire du Burkina Faso une nation forte et émergente dans les dix prochaines années. Pour ce faire, il lui faut gagner d’abord l’élection de 2010.

“ Il nous faut nous préparer à cette bataille politique qui recèle bien d’enjeux politiques, économiques et sociaux ”, a indiqué le président du parti Roch Marc Christian Kaboré, à la cérémonie de clôture de la formation.
En entendant, la candidature de Blaise Compaoré laisse peu de doute. Après la victoire du CDP durant la courte bataille de l’éligibilité de son candidat en 2005, très peu d’arguments juridiques pourront être opposés en 2010 à Blaise Compaoré, parti pour être le grand favori. Mais il lui faudra d’abord être candidat. A ce sujet Me Bénéwendé Stanislas Sankara arrivé au second rang à la précédente course au fauteuil présidentiel, s’est assuré le titre de premier candidat déclaré pour l’année prochaine.

Former pour un militantisme favorable à la paix

Fort de sa puissance organisationnelle et de ses soutiens multiples, le CDP ne craint presque rien. Et cela peut pousser à des actes de dérive de la part des militants zélés. Cette formation devra permettre d’orienter les énergies vers l’essentiel. Ainsi, le président du CDP ne souhaite pas que ses militants se fassent des ennemis inutilement. Cette session leur dotera d’outils et de savoir suffisants pour agir avec “clairvoyance, sagesse et lucidité”.
“Nous vous appelons au calme et à la sérénité, à la tempérance et à la modération afin de préserver notre pays des saccages de la démocratie mal assimilée et de ses ravages”, a-t-il lancé à l’endroit des participants. C’est un cours de démocratie en règle dispensé par M. Kaboré aux cadres et responsables des sections du CDP. Il a demandé à chacun d’observer la tolérance et d’accepter l’autre pour être en phase avec l’Etat de droit. Le CDP qui dit tenir haut la flamme démocratique opte pour le combat d’idées tout en excluant l’usage des armes.

De l’avis de M. Kaboré, le CDP a pu résister à toutes les épreuves de la vie du pays et a su maintenir “ le cap de la lutte pour la sauvegarde des intérêts des larges masses populaires ”
Aussi les responsables du parti présidentiel appellent-ils les militants à se préparer à l’aube des joutes électorales, à la seule bataille qui vaille, celle des urnes. Ils souhaitent aussi que cette compétition se déroule dans “ la clarté et la transparence totales ”.
Former les militants aux principes et valeurs de la démocratie, les armer pour convaincre les électeurs et vaincre l’adversaire dans la transparence, le CDP entend s’imposer en 2010 de la manière la plus irréprochable possible ; l’opposition est prévenue.

Aimé Mouor Kambiré (aimekambire@yahoo.fr)

Sidwaya

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