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Inondations du 1er septembre : retour sur les ruines

Publié le mardi 20 octobre 2009 à 18h47min

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Des allures de ruines, voici l’image que présentent aujourd’hui certains sous-quarttiers de Ouagadougou ; le vieux Ouagadougou, serait on tenter de dire ; les quartiers Paspanga, Dapoya, Ouidi, Nionksin et Larlé sont les plus touchés. Parfois, sur un bon kilomètre, plus une pierre ne tient sur l’autre. Voici le décor dans lequel se trouvent les sinistrés des pluies diluviennes du 1er septembre. Si pour certains l’heure est à la reconstruction, pour d’autres les pleurs sont devenues intérieures.

Un monsieur d’un certain âge, assis devant un amas de terre, voici la triste image qui se présente à nous dans le quartier Paspanga non loin de la centrale de la SONABEL, ce matin-là. Il est assis devant les ruines de sa cour. Toute sa famille, femme enfants et petits enfants sont partis dans les centres d’accueil aménagés par l’Etat burkinabè. Mais la douleur lui est trop grande pour se séparer de ce qu’il a mis des années, du sang et de la sueur à bâtir. Autour de lui, la vie reprend peu à peu son cours normal. Certains reconstruisent leurs maisons, d’autres leurs commerces. Un kiosque restaurant diffuse de la musique burkinabè à foison. Ce kiosque est géré par la famille Zongo.

Odette Zongo qui est au fourneau raconte : “ Vous voyez derrière le kiosque-là, c’était notre cour ; il y avait quatre bâtiments à l’intérieur et pas une seule brique n’est restée debout. Heureusement, nous avons un grand frère qui vit en France ; c’est lui qui nous a envoyé l’argent pour que trois jours après les inondations, nous puissions louer une maison. Ensuite il est venu lui-même et nous a aidés à mettre ce petit restaurant en place ; les recettes que nous avons ici nous permette de nous reconstruire petit à petit“. Ce sont donc des mines réjouies que présentent les membres de la famille Zongo, qui ensemble gèrent leur nouveau gagne-pain, eux qui ont quasiment tout perdu dans les inondations du 1er septembre dernier. Mais tous n’ont pas cette chance, si l’on peut le dire ainsi.

“Nous attendons la réaction du gouvernement“ ; voici la phrase inlassablement répétée par la plupart des personnes que nous rencontrons. Les maisons qui sont reconstruites les premières, sont les commerces ; pour les habitations, les familles qui ont encore un bâtiment qui tient debout, s’y entassent par dizaine. “Sans aide, nous ne pouvons rien faire“, nous raconte Kader Bonkoungou : “Vous voyez comment les maisons sont tombées ; à moins d’une machine, il nous est même impossible de dégager la terre, n’en parlons pas de reconstruire“, poursuivra t-il.

Des aides sporadiques, c’est ce que reçoivent les sinistrés restés sur place. Déjà, Ils ont reçu aux premières heures du sinistre des nattes, des foyers à gaz et des médicaments. Aujourd’hui, ce sont des vivres, maïs, riz et des pattes qui ont été distribués pas des organismes internationaux. Mais l’attente des sinistrés, la seule attente qui revient sur les lèvres, c’est de pouvoir reconstruire leurs habitations. Désormais, avec la sortie du premier ministre burkinabè Tertius Zongo, les choses sont claires. L’Etat ne reconstruira pas les maisons des sinistrés mais leur apportera une aide dans ce sens. Cette aide sera d’environ 300 000 FCFA par foyer. Réactions mitigées auprès des premiers concernés, qui pour la plupart attendaient plus du gouvernement.

Une chose reste sure, c’est que les inondations auront changé Ouagadougou et cela à tous les niveaux. Un vaste mouvement de déplacement s’est également opéré ; des habitants des zones sinistrés se sont dirigés vers les quartiers Tanghin, Wemtenga ou vers la Patte d’Oie. La conséquence immédiate est la flambée du loyer. Pour le traditionnel “deux pièces“, pour célibataire, il faut débourser un minimum de 25000 FCFA par mois sans compter la caution qui peut être de trois mois de loyer et encore dans certains cas, une avance de deux ou trois mois.

Certes, les populations ont pratiquement tout perdu dans les zones sinistrées, mais elles se battent ; elles ressentent aussi la solidarité tant individuelle que collective ; et Kader Bonkoungou de citer l’exemple de Madame Barry, propriétaire du restaurant “CABAREX“, qui le jour des inondations a offert tout son repas aux sinistrés qui n’avaient plus rien. S’il y a donc une chose à la quelle le sinistre aura servi, c’est de mettre en avant la solidarité des Burkinabè.

Hermann Nazé

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2009 à 13:56 En réponse à : Inondations du 1er septembre : retour sur les ruines

    Mon Dieu pas possible une telle flambée du loyer. L’État devrait intervenir contre ces marchands de sommeil sans scrupule qui ne cherchent qu’à profiter de ce sinistre !!!

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