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Zimbabwe : L’accord politique se porte mal

Publié le lundi 19 octobre 2009 à 03h13min

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Le Zimbabwe traverse encore une crise, politique depuis la décision, vendredi dernier du premier ministre, Morgane Tsvangirai, de suspendre sa participation au gouvernement d’union nationale pour protester contre la persécution d’un de ses proches collaborateurs. Le pays qui avait retrouvé une certaine accalmie depuis l’ouverture du gouvernement à l’opposition résistera-t-il à cette crise ? Le moins qu’on puisse dire, c’est quelle révèle le malaise qui régnait dans l’équipe gouvernementale et les difficultés de son fonctionnement.

« Nous ne partons pas vraiment officiellement » a dit le Premier ministre zimbabwéen, Morgane Tsvangirai lors d’une conférence de presse précisant qu’il s’agit d’un repli stratégique face aux actions du parti au pouvoir, la ZANU-PF. M. Tsvangirai a décidé de ne plus participer aux réunions ministérielles et ne travaillera plus avec ce parti. Par contre, il poursuivra ses activités à l’Assemblée nationale.

Cela en protestation contre l’arrestation d’un des membres influents de son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Roy Bennett, ministre adjoint à l’Agriculture .Il est reproché à ce dernier d’avoir fomenté un complot pour renverser le président au pouvoir, Robert Mugabé . Et après sept mois de libération sous caution, M.Bennett a été arrêté cette semaine en prévision de son procès qui doit débuter aujourd’hui. Tsvangirai attend que la confiance soit rétablie avant d’intégrer véritablement le gouvernement. Cette décision n’émeut cependant pas les dirigeants de la ZANUPF au regard de leur réaction. « Si le MDC veut se désengager (...), nous n’avons pas de problème avec ça", a lancé un porte-parole du ZANU-PF, Ephraim Masawi. Et d’ajouter : "Nous avons des difficultés à travailler avec le MDC, nous avons essayé mais ce n’est pas facile". Voilà la réalité .Le parti a-t-il trouvé le moyen idéal pour éloigner le parti gênant ?

En février dernier, lorsque M.Mugabé et son opposant politique historique se sont accordés pour former un gouvernement d’union, l’on se doutait bien que la collaboration n’allait pas être facile. Mais chacun devait jouer sa partition pour préserver la paix et remettre le pays sur les rails du développement après l’impasse politique dans laquelle il s’était retrouvé suite aux élections générales de 2008.Morgane, à défaut d’avoir obtenu le fauteuil présidentiel, qu’il soutient avoir remporté après les élections devait se contenter d’être le numéro deux du gouvernement avec tout ce que cela comporte comme avantage. Ce qui peut-être en plus des actions qu’il mènent pour le respect des droits humains, lui a valu d’être sur la liste des favoris pour le prix Nobel de la paix décerné finalement au président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama . Le président Mugabé qui dirige le pays depuis son indépendance devait tout aussi gagner dans cette accord. Pour avoir ainsi manifesté sa volonté d’aller à la paix, il pouvait espérer en retour la levée des sanctions internationales qui pèsent sur son pays et ses proches (gel de l’aide, l’interdiction de présence sur le sol européen de M. Mugabe et son entourage). « Notre pays conserve une attitude positive pour avoir de nouvelles relations, empreintes de coopération, avec tous les pays qui nous ont été hostiles par le passé(…).

Nous attendons que ces pays qui ont imposé des sanctions illégales, ayant frappé notre économie et plus généralement notre peuple, les retirent", avait déclaré le chef de l’Etat à l’occasion d’une session parlementaire en octobre dernier. Les problèmes de ce gouvernement ne pouvaient donc étonner mais c’est la capacité des deux leaders à les surmonter et à atteindre les résultats escomptés qui importent .Mais en moins de dix mois, la scission pointe à l’horizon après des signes divers d’essoufflement. Les accusations mutuelles se font entendre maintenant. Le MDC estimant avoir suffisamment toléré certaines situations, la ZANU-PF se disant lassé des agissements de son partenaire .Les résultats restent cependant pourtant très maigres .La tension a certes baissé entre les deux camps ennemis et le Zimbabwe était sur la bonne voix pour la levée des sanctions examinée avec la visite d’une délégation de l’UE au Zimbabwe « Si la crise devait empirer, la solution évidente serait l’organisation d’élections libres et équitables, organisées par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et l’Union africaine (UA) sous la supervision des Nations unies".

Un signal également à la communauté internationale, surtout la SADEC et l’UA qui ont œuvré à la constitution du gouvernement d’union, afin qu’elle s’implique à la résolution de cette crise. De son côté, Mugabé impute les difficultés aux occidentaux .Lors de la dernière Assemblée de l’ONU à New York, Robert Mugabe a accusé les pays occidentaux d’essayer de diviser son gouvernement d’union nationale et de maintenir des sanctions "illégales" contre son pays. En tous les cas, la stabilité obtenue dans ce pays est remise en cause avec ce problème. M. Tsvangirai a-t-il pris la bonne décision en se désengageant du gouvernement et en laissant le champ ainsi libre à son ennemi d’hier ? Il libère ce parti de sa présence qui le gênait qui, en réalité, ne fera rien pour le ramener.

Séraphine SOME

Sidwaya

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