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Santé publique : La fondation Chirac contre les faux médicaments

Publié le mardi 13 octobre 2009 à 05h58min

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L’ancien président français Jacques Chirac, à travers la fondation qui porte son nom, a lancé à Cotonou le 12 octobre 2009, un appel en faveur d’une mobilisation internationale pour lutter contre le trafic de faux médicaments. Cet appel, signé par les sept chefs d’Etat, dont le président du Faso Blaise Compaoré, et par d’anciens chefs d’Etat et représentants de gouvernements présents à la rencontre, leur permettra de s’engager et de demander aux Etats la ratification d’une convention d’interdiction de la production et du commerce de faux médicaments devant les Nations unies.

Une véritable bataille est engagée au plan international, pour mener la lutte contre les faux médicaments ou médicaments contrefaits. L’initiative est de la fondation Jacques-Chrirac, du nom de l’ancien président français (1995-2007).
En effet, c’est à Cotonou au Bénin, que sept chefs d’Etat dont le président du Faso Blaise Compaoré, des anciens chefs d’Etat, des représentants de gouvernement et d’organisations internationales, réunis autour du président Jacques Chirac ont lancé l’appel dit de Cotonou, en faveur d’une mobilisation internationale pour lutter contre le trafic de faux médicaments.
Dans cet appel lu par Jacques Chirac, les sommités présents à Cotonou expriment le vœu que les Etats mettent en œuvre sans délai, des politiques sécurisées d’accès universel à des médicaments de qualité, en cohérence avec les Objectifs du millénaire pour le développement. Elles exhortent les chefs d’Etat et de gouvernement, les responsables d’organisations internationales et des ONG à prendre la pleine mesure des enjeux de santé et de sécurité publiques liés au fléau des faux médicaments et à décider au plan national des mesures appropriées.

En outre, les acteurs de l’acte mobilisateur de Cotonou s’engagent à œuvrer ensemble en vue d’éradiquer la production , le trafic et le commerce illicites de faux médicaments, appellent à la responsabilisation de tous les acteurs y compris des populations pour mettre en œuvre les dispositions qui s’imposent, invitent les chefs d’Etat et de gouvernement, les responsables d’organisations internationales, d’ONG et les chefs d’entreprises concernées à se réunir à Genève en 2010, pour une conférence mondiale visant à arrêter les principes de base d’une convention internationale de lutte contre les faux médicaments.
Et Genève 2010 aura l’ambition de répondre aux trois problèmes majeurs liés au trafic : pallier le manque d’informations afin d’éveiller les consciences, former les techniciens des laboratoires de contrôle de la qualité, élaborer un instrument répressif afin de réglementer la distinction de médicaments et de renforcer le droit des malades pour un accès aux médicaments de qualité contrôlée.
"L’économie criminelle des faux médicaments me révolte", a lancé Jacques Chirac, pour justifier l’initiative de sa fondation. "Parce qu’elle s’attaque aux pays les plus pauvres, et en leur sein, à des familles sans protection sociale et sans moyens, et parce qu’elle concerne les médicaments les plus indispensables à la santé individuelle et collective : ceux qui soignent le paludisme, la tuberculose, le Sida", a aussi indiqué Jacques Chirac, pour exprimer sa colère.

Une initiative salutaire

Pour le président du Faso, Blaise Compaoré, la mobilisation internationale contre les faux médicaments, lancée par la fondation Chirac, est une initiative pertinente et salutaire qui doit être soutenue. Et de traduire sa gratitude à l’ancien président français Jacques Chirac, "un ami de l’Afrique", pour sa contribution au développement durable du continent.
Partageant l’expérience du Burkina Faso, Blaise Compaoré a indiqué que la prolifération des faux médicaments constitue de nos jours un réel obstacle à l’épanouissement des populations. "Au Burkina Faso, 250 produits sont identifiés comme étant de faux médicaments. Et le réseau de ces médicaments est en passe d’être confondu avec le commerce de stupéfiants, entretenu par les jeunes", a dit Blaise Compaoré. Il a également dévoilé la stratégie d’éradication des faux médicaments dans son pays, adoptée en 1998. Menée en synergie avec plusieurs ministères (santé, sécurité, administration territoriale, environnement, etc.), cette stratégie comporte trois axes majeurs : la reconversion des jeunes vendeurs de faux médicaments, la sensibilisation des populations, la saisie et la destruction des produits prohibés.

Blaise Compaoré s’est surtout montré favorable à une dynamique de coopération internationale dans la lutte contre les faux médicaments du Burkina Faso, à œuvrer avec les autres nations pour éradiquer ce fléau. L’hôte de l’Appel de Cotonou le président béninois, Yayi Boni, a pour sa part indiqué que l’accès aux médicaments de qualité est un autre volet du développement durable (en référence au récent forum mondial, tenu à Ouagadougou et consacré à la question). "Au Bénin, la vente de faux médicaments constitue un réel fléau. On dénombre 6 000 vendeurs et 85% de Béninois s’approvisionnent dans le marché informel. Et cette pratique engendre chez les pharmaciens un manque à gagner de 30 milliards de F CFA par an", a laissé entendre le président Yayi Boni. Face à cette donne, le dispositif béninois, mis en place en 1999 pour endiguer le fléau, prend en compte l’amélioration de la disponibilité des médicaments génériques à moindre coût, la sensibilisation et l’information de la population, la répression.
Mais reconnaît Yayi Boni "les limites de cette lutte réside dans la dispersion des efforts". Voilà pourquoi, le président béninois salue la mobilisation internationale, initiée par la fondation Chirac, qui permettra la mise en commun des efforts, moyen efficace pour venir à bout des médicaments contrefaits.

Wade, pour une inspection générale...

Avec le franc parler qu’on lui connaît le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a plaidé pour que l’appel de Cotonou ne soit pas une déclaration de plus. "Il nous faut imaginer un mécanisme qui va soutenir l’appel de Cotonou", a insisté Abdoulaye Wade. Pour ce faire, le président sénégalais a demandé aux "amis" Européens et Américains, la création d’une inspection générale de faux médicaments à l’image de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Aux pays africains, Wade propose de réfléchir à un mécanisme inter-Etats qui sera chargé d’un suivi permanent de la circulation des faux médicaments. "Car, a indiqué Wade, le marché du faux médicaments est un fléau économique et social, déstabilisateur pour les pays africains en particulier". Selon lui, il faut aller à la source, pour combattre le fléau des faux médicaments. "A l’époque, ils venaient de l’Europe centrale et je ne suis pas sûr que ces laboratoires aient disparu", a révélé Wade.

Diverses personnalités comme les représentants de la commission de l’Union africaine, du Secrétaire général de l’ONU de la commission de l’Union européenne, du ministre français en charge de l’écologie etc., ont tous loué l’initiative de la fondation Chirac, et ont marqué la disponibilité de leur institution à accompagner la "trouvaille" de l’ancien président français. Porté sur les fonts baptismaux le 8 juin 2008, la fondation Jacques Chirac agit pour prévenir les conflits. Ceux-ci peuvent avoir pour cause les inégalités entre les peuples pour l’accès à des ressources de plus en plus menacées : l’eau potable, les sols fertiles, les forêts...
La fondation Chirac soutient des projets exemplaires pour améliorer l’accès durable à l’eau potable et à l’assainissement, renforcer l’accès à des médicaments de qualité, lutter contre la déforestation et la désertification, préserver la diversité culturelle.

Gabriel SAMA
Envoyé spécial à Cotonou


Appel de Cotonou contre les faux édicaments

(…) Nous, chefs d’Etat ou anciens chefs d’Etat, responsables politiques et citoyens des Nations d’Afrique, des Amériques, d’Asie et d’Europe. Réunis à Cotonou ce lundi 12 octobre 2009, à l’invitation de Son Excellence le docteur Thomas Yayi, Président de la République du Bénin et à l’initiative de la Fondation Chirac.
- Considérons que l’accès universel à des soins et des médicaments de qualité est un droit fondamental.
- Considérons que dans la plupart des pays en développement, des franges importantes de la population n’ont pas accès à ce droit fondamental, Ce qui est contraire à la dignité humaine et constitue une injustice génératrice de déséquilibres et de tensions.
- Considérons que la production et la vente de faux médicaments constituent un crime et une atteinte à l’ordre public.
- Considérons que le trafic international de faux médicaments nuit gravement aux relations pacifiques entre les Etats ;
- Considérons qu’un terme doit être mis le plus rapidement possible à la production, au trafic international et à la commercialisation illicites des faux médicaments ;
En conséquence nous :
* Exprimons le vœu que les Etats mettent en œuvre, sans délai, des politiques sécurisées d’accès universels à des médicaments de qualité, en cohérence avec les OMD ;
* Exhortons les chefs d’Etat et de gouvernement, les responsables d’organisations internationales et d’ONG, à prendre la pleine mesure des enjeux de santé et de sécurité publiques liés au fléau des faux médicaments et à décider au plan national des mesures appropriées ;
- la mise en application stricte des textes législatifs et réglementaires dans les Etats qui en disposent et l’instauration d’un cadre législatif et réglementaire, là où il fait défaut ;
- la mise en place sur le terrain, d’instruments efficaces de lutte contre le trafic avec des personnels formés et des dispositifs répressifs adaptés à la réalité du trafic des faux médicaments ;
- le renforcement des capacités des personnels de santé dans la prévention et la lutte contre les faux médicaments ;
* la sensibilisation et l’information du public sur les méfaits des faux médicaments ;
A cet effet,
* Nous nous engageons à œuvrer ensemble en vue d’éradiquer la production, le trafic et le commerce illicites des faux médicaments
* Appelons à la responsabilisation de tous les acteurs, y compris des populations, pour mettre en œuvre les dispositions qui s’imposent ;
* proposons d’accroître la mise à disposition de médicaments génériques de qualité pour tous, notamment ceux de la liste des médicaments essentiels établie par l’OMS ;
* invitons les chefs d’Etat et de gouvernement, les responsables d’organisations internationales, d’ONG et les chefs d’entreprises concernés à se réunir à Genève visant à arrêter les principes de base d’une convention internationale de lutte contre les faux médicaments.

Jacques Chirac, Ancien président de la République française : Président de la Fondation


Qu’est-ce qu’un faux médicament ?

Un faux médicament est un produit qui a été délibérément ou frauduleusement mal étiqueté. Cela peut s’appliquer aussi bien aux produits de marque, qu’aux produits génériques.
Les faux médicaments incluent ceux ne contenant pas de principe actif, des principes actifs corrects mais avec un mauvais dosage et ceux ayant un faux conditionnement.
Les produits médicaux falsifiés concernent les faux médicaments, les faux vaccins (contenant par exemple uniquement de l’eau) et les faux dispositifs médicaux).
L’OMS regroupe dans son analyse :
- les copies de produits princeps (médicaments de spécialité) ou de génériques.
- L’intention frauduleuse
- Les copies avec des noms modifiés,
ou indépendamment de ce que contiennent les produits.
- Les médicaments de qualité médiocre
- les médicaments vides (sans principes actifs)
- les médicaments avec erreur de principe actif (souvent des gélules remplies de façon artisanale ou industrielle, avec de l’amidon).

Source : Fondation Chirac

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 octobre 2009 à 20:15, par Tissoufou En réponse à : Santé publique : La fondation Chirac contre les faux médicaments

    Le Bon vieux Jacques Chirac, sa fondation et ses africains contre les médicaments de la rue.

    ‘’Jacques Chirac fustige en Afrique le trafic des faux médicaments’’ entouré pas six chefs d’états africains selon le titre de certaines presses. Jaques Chirac peut tout dire car il a la sécurité sociale comme les 60 millions de français.Chacun doit se souvenir de la loi la loi n° 2007-248 du 26 février 2007 et ses conséquences pour nous africains vivant en Afrique. Il y a des éléments qui me gênent : Chirac et ses amis roulent pour qui ? Pas pour les peuples d’Afrique même si je d’avis que les médicaments de la rue sont un problème pour nos pays. Après avoir voté une loi pour la collecte des médicaments en France, L’ancien chef de l’état français sous couvert de sa fondation se métamorphose en ambassadeur au profit de l’industrie pharmaceutique française. Regarder le site de la fondation. Pour les africain, quand ils entendent Fondation, on ne réfléchit plus mais les rasta nous disent que ‘’Babylon’’ a plusieurs forme. Pendant le vote de la loi, très peu d’association ont protesté, certaine association comme AIDES ont ‘’en off’’ soutenu cette loi. Son directeur était sur RFI ce matin avec des bonne paroles.Chirac fustige le trafic des médicaments mais ne propose rien qu’une autre rencontre à Genève (un autre voyage pour ses amis encore). Encore Genève, le lieu ou on parle de l’Afrique sans l’Afrique. Dans tout ce processus, et la société civile ? wait and see

  • Le 13 octobre 2009 à 20:55, par un citoyen En réponse à : Santé publique : La fondation Chirac contre les faux médicaments

    J’alais dire que ceci n’est qu’un sommet, un appel ou une fondation de plus pour l’AFRIQUE. l’ETERNELLE AFRIQUE de tous les maux.
    Mais la réaction du Président WADE m’a devancé et j’espère que son appel sera bien entendu.

    Je suis heureux de ce que Le Président COMPAORE a dit surtout. A savoir qu’au BURKINA, une stratégie de lutte contre ces mauvais médicaments existe depuis 1998.

    En effet, de temps à autre, il y a quelques SCARAMOUCHES qu’on nous présente à la presse (télé, radios, journaux). L’incinération de quelques broutilles...

    Mêêêê...Mais il y a encore du chemin car les vrais cerveaux sont là, visibles mais INTOUCHABLES.

    Peut-on me dire par exemple qu’est ce qu’on a fait du Monsieur qui par l’intermédiaire de sa femme qui est un agent de santé en poste à ZORGHO et du chef du district sanitaire de MEGUE (environ 25 km de ZORGHO) avait tissé tout un réseau de vente de faux médicaments aux patients, à l’intérieur même des postes de santé ?

    Cette révélation avait été faite grâce aux investigations combien PERILLEUSES et courageuses du journal "L’EVENEMENT".

    Alors qu’on cesse de nous divertir avec des mots et des discours. Car si nous attendons que ce soit encore l’occident qui vienne nous dire comment nous défendre d’un fléau aussi simple à éradiquer, c’est "SIMPLEMENT RIDICULE".

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