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Obama, Nobel de la Paix : Le piège pacifiste

Publié le lundi 12 octobre 2009 à 03h32min

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Le jury du Prix Nobel de la Paix n’est pas allé chercher loin : le vendredi 9 octobre 2009, il a en effet jeté son dévolu sur Barack Hussein Obama, le Président des Etats-Unis d’Amérique.

A la surprise générale. Le premier à être étonné est le récipiendaire lui-même, qui avoue n’être pas sûr de mériter l’affaire. Qu’importe, il sera présent à Oslo pour la remise de la distinction le 10 décembre prochain, jour anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et des Peuples.

En choisissant le locataire de la Maison-Blanche, le Comité Nobel norvégien savait pertinemment que sa décision ferait l’objet d’une polémique certaine. Car cela fait seulement neuf mois qu’Obama s’est installé dans le bureau oval ; et le dead-line pour les candidats ayant été fixé au 12 février 2009, moins d’un mois après son arrivée aux affaires, il avait certainement des chats plus urgents à fouetter que de courir après des chrysanthèmes. Et puis, il faut avoir un bilan, avoir posé des actions concrètes en faveur de la paix, ce dont on ne peut pas vraiment créditer le 44e président des USA.

Comme emportés par un effet de mode avec cette obamania qui s’est emparée de la planète entière depuis que le premier Noir a été propulsé à la tête de la Nation la plus puissante du monde, les jurés ont néanmoins opté de passer outre ces considérations, quitte à fouler aux pieds leurs propres principes.

En distinguant cette personnalité, Thorbjoern Jagland, le président du Comité, et ses camarades ont sans doute voulu primer l’antibushisme, qui a créé un nouveau climat dans les relations internationales, marquées cette dernière décennie par le bellicisme outrancier du cow-boy texan et des néoconservateurs, lesquels avaient pignon sur rue au 1600 Pensylvannia avenue à Washington.

Il faut reconnaître que c’est une trajectoire diamétralement opposée qu’a suivie le nouveau chef de l’Exécutif américain, qui multiplie tous azimuts les actes de bonne volonté :
- retrait annoncé des troupes US d’Irak ;
- renonciation, au grand soulagement de Moscou, au projet de bouclier antimissiles américain en Europe ;
- fermeture programmée de Guantanamo ;
- main tendue à l’Iran et à la Corée du Nord ;
- attachement à la non-profilération des armes nucléaires ;
- pression (jusque-là vaine, il est vrai) sur Israël au sujet du dossier palestinien ;
- discours du Caire en juin dernier, destiné à recoller les morceaux entre son pays et le monde arabo-musulman, aux relations plutôt exécrables ;
- appel au multilatéralisme, par le biais notamment de l’ONU, là où son prédécesseur faisait dans l’unilatéralisme forcené et ne cachait pas son envie de liquider la Maison de verre de Manhattan, etc.

Un vent nouveau souffle donc sur le monde, porteur en principe de plus de justice, de paix et de solidarité. Au regard des états de service de son devancier, c’est, certes, déjà un bon état esprit, mais ce n’est hélas, pour le moment, qu’un faisceau de bonnes intentions, qui attendent d’être réalisées. Ironie de cette histoire norvégienne, c’est le jour même, se plaisent à relever tous les observateurs, où l’élu devait présider un conseil... de guerre sur l’envoi probable de troupes supplémentaires (entre dix mille et quarante mille hommes) en Afghanistan qu’il a été fait Nobel de la Paix. Reste à savoir si la nouvelle donne va influencer sa décision, qu’il mûrit depuis de longues semaines.

Au demeurant, c’est une sorte de piège pacifiste qui vient de se refermer sur Obama avec cette récompense. Il n’a rien fait, ou pas grand-chose, pour l’obtenir, c’est après coup qu’il devra en mériter l’honneur et assurer le service après-vente. Pour ainsi dire, c’est au pied du Nobel qu’on reconnaîtra le récipiendaire, et il n’a certainement pas tort de prendre la chose comme un “appel à l’action”, un encouragement à poursuivre sur la voie qu’il s’est tracée, malgré les forces d’inertie intérieures et extérieures qui se dressent sur son chemin.

Qu’à cela ne tienne, c’est un peu risqué de sanctifier un chef d’Etat qui est au début de son premier mandat et qui a, encore, qui sait, sept longues années à passer comme “commander in chief”, susceptible donc de changer radicalement au gré des circonstances.

Peut-être que Georges Walker Bush, voué aux gémonies, n’aurait pas été le va-t-en guerre qu’il fut si ses deux mandats n’avaient pas, dès l’entame, été pollués par les attentats du 11-Septembre. Alors prudence, car la colombe Obama peut tout aussi bien se transformer en faucon.

Vu d’ici, cette couronne norvégienne décernée à l’homme le plus puissant de la terre fait d’ailleurs penser aux négreries qui ont souvent cours chez nous, où on baptise des rues, écoles et autres lieux publics du nom de personnalités qui ont encore tout à prouver, quand, comble du narcissime, on ne s’autodécerne pas ce genre de reconnaissance.

Ousséni Ilboudo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 12 octobre 2009 à 10:23 En réponse à : Obama, Nobel de la Paix : Le piège pacifiste

    Le prix Nobel est remis à Stockholm (Suède) et non à Oslo (Norvège). In memorium au physicien suedois Alfred Nobel qui a inventé la dynamite et qui est le créateur du prix Nobel á partir de sa propre fortune.

    • Le 12 octobre 2009 à 14:12 En réponse à : Obama, Nobel de la Paix : Le piège pacifiste

      Mon frère ! tu as le net donc il faut t’en servir, il te suffit juste d’un clic pour savoir que le Nobel sera remis à Oslo et non à Stockholm comme tu le prétend. Franchement si tu n’a rien à dire sur l’article faut pas venir critiquer le travail des autres ! C’est révoltant tous ces gens qui passent leurs temps à des critiques inutiles comme s’ils auraient pu mieux faire !!!

    • Le 12 octobre 2009 à 14:54 En réponse à : Obama, Nobel de la Paix : Le piège pacifiste

      Le prix nobel à Obama ! Quel gachi ! Il n’a fait que des promesses : des lueurs d’espoir. C’est le grand prési Blaise Compaoré qui le merite. Lui au moins, il a reussi à amener les ivoiriens sur une table de negociation

  • Le 13 octobre 2009 à 11:23, par garmani En réponse à : Obama, Nobel de la Paix : Le piège pacifiste

    Ce prix auriat ete une bonne chose dans d’autres circonstances, mais franchement le President OBAMA n’avait pas besoin de ça cette publicité fortuite .
    Et puis je constate que les journalistes disent souvent des choses qui ne sont pas vraies qu’ils se ressaisisent.

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