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Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

Publié le mercredi 9 septembre 2009 à 04h32min

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Pour attirer du public, les musiciens de Kinshasa comme de Brazzaville, n’hésitent pas à faire monter sur scène, ou à montrer dans les clips, des danseuses très peu vêtues qui s’exhibent sans pudeur. Ces filles qui servent d’appât choquent de nombreux Congolais, surtout les femmes.

Vingt-deux heures trente, ce 5 août, la 7e édition du Festival panafricain de musique (Fespam) bat son plein. Sur les planches du stade Eboué, c’est la prestation de Ferré Gola, un artiste de la RD Congo. Quatre danseuses, vêtues de jupettes qui s’arrêtent à mi-cuisse et de cache-cœurs qui laissent le nombril à l’air, s’agitent au rythme de "Qui est derrière toi" ? "Le port de tenues sexy nous permet de danser tranquillement et de captiver notre public lors des concerts. Il est vrai que ces tenues laissent parfois apparaître nos parties intimes", reconnaît Bibi, une de ces danseuses, avant de monter sur scène. Danseuses et chanteuses, qui accompagnent presque toujours sur scène les groupes musicaux, sont nombreuses aujourd’hui à s’habiller ainsi. Cette utilisation du corps des femmes, voire de très jeunes filles, en tenues jugées indécentes par les Congolaises, suscite leur indignation.

Atteinte aux bonnes mœurs

Certes, la femme est la principale source d’inspiration des auteurs compositeurs congolais : sur 20 chansons, 18 lui sont consacrées. Ce qui fait dire à Jean Serge Essou, 75 ans, leader des Bantous de la capitale qu’"il est plus facile de composer sur la femme que sur autre chose. Parce que la femme c’est le quotidien, le passé, le présent et le futur. Sans elle, la chanson va se raréfier et peut-être même disparaître, c’est elle qui vend la chanson". Selon une étude menée en 2002 par Jean Bruno Mitsoko, journaliste-chercheur, et publiée en février 2008, sur plus de 16 000 chansons et clips réalisées entre 1945 et 2002 à Brazzaville et Kinshasa, plus de 14 000 parlent de la femme. Sur scène comme dans les clips des chansons des deux rives, les déhanchements et les contorsions des femmes occupent une place de choix, constate-t-il. Dans Alia, l’une des vidéos de Koffi Olimidé, on pouvait voir des jeunes filles presque nues se roulant sur un lit de manière lascive, ce qui, pour les Congolais, est une atteinte aux bonnes mœurs. La tenue de scène des hommes est toujours normale et décente, remarque aussi ce chercheur, alors que ce n’est le cas que pour 20 % des danseuses.
Le 5 août, au palais du Parlement, lors de l’élection Miss Fespam, les candidates ont défilé en caleçon ce qui, selon la culture bantoue, est une manière d’humilier la femme. "La cellule familiale au Congo en a pris un coup, car certains parents ne contrôlent plus les filles. L’autorité parentale n’a plus ses assises dans la famille. C’est pourquoi nous assistons à ces spectacles où les chefs d’orchestre et certains responsables de la culture congolaise laissent les filles à demi nues", se lamente madame Bernadette Ebaka, directrice au ministère de la Promotion de la femme, à Brazzaville.

Prostitution déguisée

Non seulement la tenue des filles frise la honte, mais les paroles de certaines chansons sont aussi choquantes, décrivant crûment des scènes érotiques avec de nombreux détails. Pourtant, les autorités ne les interdisent pas toujours, par faiblesse dans l’application de la loi, comme l’a reconnu le ministre de la Culture de la République du Congo, Jean-Claude Gakosso, lors d’un entretien à propos des dérapages des artistes.
La femme n’est pas seulement utilisée pour les productions musicales. A moitié nue, elle agrémente aussi les soirées dansantes. Aujourd’hui, il est difficile de voir un orchestre sur une estrade de Brazzaville tout comme de Kinshasa, sans filles. Deux musiciens sur trois affirment que celles-ci jouent un rôle capital dans leur succès.

Pour autant, ces danseuses dont on exploite le corps, sont en général très mal voire pas du tout payées pour leurs prestations. Quatre sur cinq d’entre elles avouent qu’en marge des soirées dansantes, elles pratiquent une prostitution déguisée pour compléter les maigres sous que leur proposent les chefs d’orchestre. Pas question de salaire, tout juste des perdiems, variables selon la tâche demandée et l’ancienneté. "Elles servent également de "coussins nocturnes" aux chefs d’orchestre et à certains chanteurs chevronnés. Lors des tournées à l’étranger, certaines paient de leur charme dans l’espoir de faire partie du voyage et vont parfois jusqu’à hypothéquer leurs perdiems pour obtenir des billets d’avion. Une fois en Europe, révèle Jean Bruno Mitsoko, elles organisent des joutes sexuelles dans les couloirs sombres des dancings".

Marien Nzikou-Massala

(SYFIA)

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Vos commentaires

  • Le 9 septembre 2009 à 12:22 En réponse à : Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

    au lieu de parler de congo et chez vous meme regarger ce que la tnb fait passé parfois comme clip et encor a quelle heure regarder le feilletons qui passent en pleine journée et on se permet de mettre en bas -12 .au faso nous somme toujours comme ca on se plaind toujours des autres pourtant il se passe pire chez nous .laisser nous en paix parler nous des realités de ntre pays

  • Le 9 septembre 2009 à 14:06, par Ilias Lafricain En réponse à : Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

    Je partage un peu l´avis du precedent intervenant. Il ne sert a rien de crier le scandale qui a lieu a des milles de kilometres du Faso sans faire reference a ce qui se vit sous nos cieux.

    L´air, la danse et les textes de beaucoup de musiques en vogue au Burkina sont presque aux antipodes de la pudeur, du du respect de la femme et aucunement educatifs.

    Je ne dis pas de chanter comme a l´eglise ou au temple, mais dans toute culture humaine, il faut savoir garder place aux tabous, pas retrogrades, mais en tant que sujets qui mettent a rude epreuve la moralité publique.

    Je ne pointe pas mon index seulement sur le domaine musical ; mais sur toute l´organisation sociale de la distraction publique ; quand on pense á ces videotheques sous hangar et ambulantes, qui commercialisent des films de tous genres, ne soyons point etonnés de cette autre forme d´orgies d´un autre temps.

    Quand nous leverons nous en Hercules pour nettoyer nos ecuries d´Augias ?

  • Le 9 septembre 2009 à 14:27, par Gbè est mieux que drap En réponse à : Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

    Mais toi tu n’as rien compris...Il s’agit de faits relatés et le métier de journalisme est fait pour ça..Lui (le journaliste) s’est penché sur des faits sociaux qui, oui comme tu le dis, touchent aussi notre pays.Je vois pas pourquoi tu te plains quand il parle du congo..c’est juste que si tu ne sais pas,c’est plus flagrant là-bas..donc arrête de te prononcer pour rien

  • Le 9 septembre 2009 à 19:09 En réponse à : Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

    enfin on ose s’indigner du sort fait aux femmes dans sle monde musical en afrique surtout dans le domaine de la musique dite congolaise ; c’etait abject la vision que l’on donnait de la femme africaine. je m’aventurerai pour incriminer plus particulierement la RDC (Zaire). Par je ne suis pas d’accord avec les precedents intervenants pour dire que l’on ne devrait pas s’en preoccuper car il y en a pareil au burkina. l’evolution de l’etre africain (et partant de l’etre tout court) ne se fera pas seulement sur la base d’une localité mais dans la generalité car tout probleme qui touche la personne humaine doit nous concerner, meme si on doit commencer par regarder chez soi
    somé

  • Le 9 septembre 2009 à 20:39, par Kontêguê En réponse à : Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

    Suis désolé mais on se trompe là. Syfia est une agence d’informations basée dans plusieurs pays africains. Et en faisant attention au nom de l’auteur de l’article on se rendra compte que c’est un nom à consonance bien congolaise. Pour faire simple, c’est un article de Syfia Congo qui a été repris ici par le un journal burkinabé.
    Molo mes frères...

  • Le 9 septembre 2009 à 22:04, par BAGUIAN69 En réponse à : Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

    Je crois qu’il faut laisser le soin aux femmes de mener ce combat contre la nudité des filles dans le showbiz.
    Elles sont les premières à revendiquer tous sortes de droits et à accuser les hommes de tous les péchés d’Israël.
    Le moment est venu pour elles de civiliser le débat en cours et de monter la voie de la descence morale à nos filles et sœurs dévêtues et nues qui pullulent dans la cité et sur nos écrans.
    FEMMES au combat...

  • Le 16 septembre 2009 à 15:37, par VP En réponse à : Congo Brazzaville : Choquante exploitation des femmes par les musiciens

    Moi,je ne suis pas content de la TNB dans ces derniers temps,car elle fait passer un spot publicitaire qui apprend aux enfants à voler.Je veux parler du spot de la patte alimentaire ’Pastani’ ou KADI JOLIE a participé.Depuis que ce spot là a commencé,mon fils immite ce que font les enfants dans cette publicité.S’il vous plait il faudra revoir.Je croyais que la TNB devrait contribuer à une bonne éducation de la jeunesse.L’argent c’est bon mais le service est mieux.

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