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Pr. Lucie Nébié Ouédraogo : une cardiologue au grand cœur

Publié le mercredi 9 septembre 2009 à 04h33min

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Pr Lucie Nébié Ouédraogo

Lorsqu’on lui rappelle qu’elle est la première – et jusque-là la seule - femme cardiologue au Burkina, elle hausse les épaules. « Je pense que c’est plutôt un hasard. Il y a d’autres disciplines compliquées, notamment en pédiatrie ou en gynécologie, dans lesquelles on a autant d’hommes que de femmes », se justifie-t-elle. Lucie Nébié épouse Ouédraogo a du mal à dissimuler sa passion, quand elle parle de sa discipline…

Depuis la classe de sixième, elle avait juré qu’elle serait médecin. Mais après son baccalauréat, décroché en 1983, elle songe à s’inscrire dans une école de commerce ou d’architecture, à cause de ses prédispositions pour les mathématiques. C’est l’avènement de la révolution qui va stopper son élan. « Le gouvernement révolutionnaire a décidé que la plupart des étudiants devaient être réorientés au Burkina. Il m’a fallu refaire un choix ».

A l’époque, il n’existait pas d’école de commerce ou d’architecture digne de ce nom au Burkina. « Du coup, je suis revenue à mes anciennes amours, la médecine », explique Pr. Lucie Adélaïde Valérie Nébié. L’ancienne pensionnaire du lycée mixte de Gounghin et de la petite école française de Moscou, où son père était ambassadeur, s’inscrit donc dans la toute nouvelle faculté de médecine de l’Université de Ouagadougou. Trois ans plus tard, elle décide de poursuivre ses études dans la faculté de médecine d’Abidjan : « Je rêvais de faire de bonnes études et une belle carrière. J’ai donc opté pour une faculté plus vieille et plus rôdée ».

En Côte d’Ivoire, elle passe, avec succès, le concours d’internat et choisi de se spécialiser en Oto-Rhino-Laryngologie (ORL, une branche de la médecine, spécialisée dans le diagnostic et le traitement des troubles du nez, de la gorge, de l’oreille, et de la région tête et cou) et en chirurgie maxillo-faciale. « J’étais plutôt attirée par le côté petite chirurgie de cette discipline », avoue–t-elle. Puis, pour des raisons de quota, elle prend une inscription à l’Institut de cardiologie, alors dirigé par le professeur André Ouezzin Coulibaly, un éminent cardiologue. « Il a facilité mon inscription, en m’évitant de perdre des années, puisque j’avais déjà fait une année en ORL », reconnaît Lucie Nébié.

Une clinique et une fondation

En 1995, lorsqu’elle rentre de ses études, elle doit encore patienter. « Il était question que j’aille à Tenkodogo ou à Ouahigouya, à cause d’un problème de place », précise-t-elle. Finalement, elle sera admise au Centre hospitalier et universitaire national Yalgado Ouédraogo, où elle restera douze ans. Et comme elle avait un profil universitaire, elle a été admise à l’Université de Ouagadougou pour enseigner. Son plus haut fait d’armes reste, selon elle, cette agrégation arrachée en 2006 à Bamako, au Mali. « C’était une victoire sur moi-même et le couronnement de ma carrière », se rappelle-t-elle encore.

Aujourd’hui, Lucie Nébié Ouédraogo est une femme comblée, qui veille sur le confort de Bernard Ouédraogo, son époux, délégué médical de son état, et de ses trois garçons. Elle dirige aussi « La clinique du cœur », qu’elle a fondé avec le professeur Ali Niankara, un autre cardiologue de renom. « Je voulais être plus utile en faisant un centre très spécialisé, où il y aurait tout le matériel pour m’occuper convenablement des malades du cœur », assure t- elle.

En créant une Fondation du cœur, l’espoir de cette femme au grand cœur est de pendre en charge les enfants souffrant de problèmes cardiaques. Pour le moment, faute de gros moyens, la fondation se contente de prendre les petits malades en charge, jusqu’à leur opération en Europe. Cependant, espère le professeur Nébié, « si à terme, la fondation est bien financée, nous pourrons peut-être financer nous-mêmes des opérations ».

Fasozine

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