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Poko Jérôme, fabricant de “calimba” : “J’ai confectionné des “calimbas” pendant 4 ans sans en vendre un seul au Burkina”

Publié le lundi 31 août 2009 à 03h14min

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Poko Jérôme Ilboudo est un artisan spécialisé dans la confection du “calimbas”, instrument de musique traditionnel. Dans sa maison située au secteur n°16 de Ouagadougou, il s’adonne avec amour à son métier avec ses frères. Sidwaya Mag Plus lui a rendu visite.

Sidwaya Mag Plus (S.M.P) : Parlez-nous de votre activité.

Poko Jérôme Ilboudo (P.J.I) : Je confectionne le “calimba” qui est un instrument de musique traditionnel. J’ai hérité l’activité que j’exerce de mon père. En effet, mon père fut un danseur de warba (danse traditionnelle moaga). Il avait sa propre troupe de danse. Mais avec l’âge, il n’arrivait plus à s’adonner à son activité favorite qui est la danse de warba. Alors il commença à confectionner des petits objets artisanaux. C’est ainsi qu’est née la confection du “calimba”. Je suis allé à l’école mais je n’ai pas fait de longues études. A la mort de
mon père, j’ai donc décidé de poursuivre son activité tout en apportant quelques innovations. Les « calimbas » que je confectionne ont une certaine originalité liée à ma
touche particulière. Mais en plus des “calimbas”, je confectionne aussi les “salengué “qui sont des récipients de décoration.

S.M.P : Depuis quand exercez-vous cette activité ?

P.J.I : Je peux dire que je confectionne les Calimba depuis mon bas-âge. Mais c’est depuis le décès de mon père que j’en ai fait un métier, donc 15 ans exactement.

S.M.P : Quelles sont les matières qui entrent dans la confection d’un “calimba” ?

P.J.I : la matière principale dans la fabrication du “calimba” est la calebasse. Cependant, il faut aussi du contre-plaqué de 10 mm, du bois blanc, des lames en fer, du fer mou, du cuir, de la teinture.

S.M.P : Comment-êtes vous organisé ?

P.J.I : La confection du “calimba” est une activité familiale. Je travaille avec mes frères mais aussi, avec ceux qui manifestent l’intérêt d’être formés. J’ai eu à former plus d’une dizaine de personnes. Parmi les jeunes que j’ai formés, il y a un certain Jean Ouédraogo qui évolue à son propre compte. Par contre, il y a ceux-la qui ne restent pas jusqu’à la fin de leur apprentissage. Ils vont mettre sur la place du marché des « calimbas » qui ne sont pas de qualité. Je n’ai pas d’employés salariés. Quand j’obtiens un marché, je fais appel à de la main d’œuvre que je paie immédiatement après le règlement de ma facture.

S.M.P : Qui sont vos clients ?

P.J.I : j’ai confectionné des “calimbas” pendant quatre (4) ans sans en vendre un seul au Burkina. J’exporte mes produits vers Accra, Lomé, Cotonou, Bamako. Je travaille avec une association française qui passe beaucoup de commandes. Il y a aussi un Burkinabè qui achète mes “calimbas “ pour les revendre aux Etats-Unis d’Amérique. Je vends environ 8 000 “calimbas “ par an.

S.M.P : Participez-vous aux expositions lors des grandes manifestations comme le SIAO et le FESPACO ?

P.J.I : Je n’ai pas assez de moyens pour louer les stands lors des grandes manifestations, mais mes produits sont exposés grâce aux clients grossistes qui les achètent pour les exposer. J’ai eu à participer à une exposition organisée par le Projet des micro-finances en 2006 à la maison du Peuple. Mes produits ont été beaucoup appréciés.

S.M.P : Vous parliez tantôt du manque de moyens. Travaillez-vous avec les institutions financières ?

P.J.I : Je travaille avec PRODIA qui octroie des prêts. J’ai pu bénéficier de l’appui financier de PRODIA, mais cet appui reste insuffisant. Il me faut plus pour professionnaliser mon activité.

S.M.P : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre activité ?

P.J.I : Les difficultés sont essentiellement d’ordre financier mais aussi il y a le problème d’écoulement des produits. Mes clients européens demandent à ce que je m’organise mieux pour faciliter leur commande. Le marché local ne m’est pas favorable. Les gens ne sont pas prêts à débourser la somme de trois mille (3 000) francs pour s’approprier un « calimba ». Ils préfèrent acheter les “calimbas” mal confectionnés qu’ils trouvent sur la place du marché, à moindre coût.

S.M.P : Peut-on dire que vous vivez de votre métier ?

P.J.I : J’arrive à survenir à mes besoins familiaux grâce à mon activité. Je peux donc dire que je vis de la confection des “calimbas”.

S.M.P : Quelles sont vos perspectives ?

P.J.I : La création d’une association afin de pouvoir bénéficier d’appuis financiers consistant pour professionnaliser mon activité est aujourd’hui ma priorité.

Entretien réalisé par
Daniel ZONGO
Roukié NANA (stagiaires)

Sidwaya

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