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Emile Paré : « Il n’y a plus de rapports personnels entre Laurent Bado et moi »

Publié le mercredi 26 août 2009 à 01h03min

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Le Dr Emile Paré

Le Dr Emile Paré a été candidat à la dernière présidentielle en 2005. Ancien numéro deux du Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS), il dirige aujourd’hui sa propre formation politique, le Mouvement du peuple pour le socialisme/ Parti fédéral (MPS/PF). Dans l’entretien qu’il a accordé à Fasozine.com, ce docteur en médecine fait le diagnostic de la situation politique nationale, et revient sur ses rapports avec Laurent Bado, un opposant avec qui il a tenté de nouer une alliance.

Fasozine.com : Vous étiez visé lorsque Feu le professeur Joseph Ki-Zerbo, alors président du PDP/PS, disait qu’« un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune debout ». Vous arrive t-il, avec le recul, de regretter d’avoir quitté le parti du professeur ?

Emile Paré : Je ne regrette pas. Il y avait des raisons politiques objectives pour quitter ce parti. J’ai seulement un pincement au cœur quand je pense que cette formation politique aurait pu aujourd’hui jouer un rôle d’avant-garde dans la lutte pour une alternative démocratique dans notre pays. Pour moi et mes camarades de lutte, cette alternative devait passer par un parti socialiste comme le PDP/PS.
Au moment où je militais dans ce parti, il incarnait cet idéal. Il se présentait comme un parti d’opposition, fort et capable de proposer une alternative à notre pays. Nous croyions que le professeur allait mener la barque et créer les conditions d’un renouvellement de la classe politique au sein du parti.

C’est dommage, le combat que certains ont mené contre moi était un combat prématuré de la lutte pour la succession. J’ai regretté qu’une formation politique aussi bien expérimentée ait pu mener ainsi une lutte de succession autour du professeur. Je crois que c’est cette lutte qui justifie mon éjection de ce parti. Je n’ai pas supporté, en tant que numéro deux, d’être suspendu de toutes les instances, sans raison valable et d’être relégué au stade de simple militant. Je pense qu’on peut laisser la place à un jeune à la tête du parti tout en gardant sa place, même si on est âgé. Je souhaite qu’il y ait un souffle nouveau au sein de ce parti. Ne serait-ce que pour un regroupement crédible des partis socialistes en vue d’une alternative crédible pour notre pays.

Le docteur Paré va-t-il se présenter comme candidat à la prochaine présidentielle ?

Il est certain que nous allons dégager une position au sein du MPS/PF par rapport à la conduite à tenir pour ce qui concerne l’élection présidentielle à venir. Nous avions dit dès la création de notre parti, que si les conditions minimales sont réunies, nous serons présents à toutes les élections.
Pour ces présidentielles, le parti verra s’il faut présenter un candidat ou s’il faut nouer une alliance avec les autres partis de l’opposition et soutenir un ou plusieurs candidats qu’ont aurait désigné. Les élections de 2010 ont renforcé les conditions de candidature. La caution a été doublée. Elle est passée de cinq à dix millions de francs CFA, sans compter qu’il faut être parrainé par au moins 200 élus dans 7 régions du Burkina. Cette mesure va barrer la route à beaucoup de candidats. Pour ce qui est de ma candidature, c’est le parti qui va décider.

Quelles relations entretenez-vous aujourd’hui avec le professeur Laurent Bado, avec qui vous avez tenté de former l’Opposition burkinabè unie (Obu) ?

Au niveau du Cadre de concertation des partis de l’opposition (CPO), je me retrouve avec des membres de son parti. Nous avons des points de convergences sur certaines questions. Cependant, je tiens à le souligner, il n’y a pas de rapports politiques entre son parti et le mien. Cela dure depuis 2005. Entre lui et moi, il n’y a plus de rapports personnels, comme c’était le cas en 2005. Peut être que les choses vont évoluer, mais nous en sommes à ce stade actuellement.

Quels commentaires vous inspirent la proposition de Salif Diallo selon laquelle le Burkina doit aller à un régime parlementaire ?

La proposition de Salif Diallo est bonne mais elle est inachevée. Je n’ai pas tous les détails de sa proposition. Elle est parue sommairement dans une interview, mais je pense qu’en tant que 1er vice-président de son parti, à l’époque chargé de l’orientation et des questions politiques, il a eu le mérite de reconnaître l’échec de ce régime. En tant que parti de l’opposition, nous avons condamné le fait que le régime présidentiel, qui est le nôtre, concentre trop de pouvoirs entre les mains du chef de l’Etat. Les institutions comme l’Assemblée nationale et la justice sont entre ses mains. Nous déplorons le fait qu’il puisse dissoudre l’Assemblée nationale, alors qu’il tire sa légitimité du peuple, lequel peuple donne sa légitimité au parlement. Nous saluons sa proposition dans la mesure où elle reconnaît avec l’opposition que le régime présidentiel n’est pas bon pour notre démocratie.

Notre parti propose en lieu et place du régime parlementaire de Salif Diallo, un régime semi-présidentiel semi-parlementaire. Le régime parlementaire classique, les gens ne l’ont pas toujours souligné, signifie que c’est le parlement qui élit le chef de l’Etat, comme en Afrique du sud. Or, dans la proposition de Salif Diallo, le chef de l’Etat est considéré comme une reine d’Angleterre. A l’étape actuelle de notre processus démocratique, l’Assemblée n’est pas encore suffisamment stable pour désigner le chef de l’Etat. Il y a encore le nomadisme des députés et les situations de crises peuvent vite arriver. Pour ce qui est de la proposition de mon parti, le chef de l’Etat est élu au suffrage universel direct. Il est l’incarnation de l’unité nationale. Notre pays en effet, est multiethnique. Il est très important de continuer à renforcer l’unité nationale. Le parlement allait avoir la possibilité de sanctionner le chef de l’Etat, qui, comme l’Assemblée nationale, tire sa légitimité du peuple.

Quelle analyse faites-vous de la situation au Niger, où le peuple a été contraint à un referendum ?

La communauté internationale n’est plus très regardante sur les questions de politique sur le continent. C’est ce qui explique ce coup d’Etat constitutionnel de Tandja. Il s’agit bel et bien d’un coup d’Etat. Une chose est sûre, il a forcé le referendum pour, dit-il, rester, mais rien ne garanti que le peuple va le laisser achever ses chantiers. Un revirement peut venir de partout.

Il y a aussi le Gabon qui cherche ses marques pour assurer l’après Omar Bongo…

Je salue au Gabon la volonté des dirigeants de la transition de faire les choses avec la forme. Jusque-là un effort est fait pour rester fidèle aux textes et à la loi fondamentale. Comparé au Niger, le Gabon présente nettement un visage plus démocratique.

Roger Niouga Sawadogo

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 26 août 2009 à 01:22, par Bénéwindé En réponse à : Emile Paré : « Il n’y a plus de rapports personnels entre Laurent Bado et moi »

    Courage Dr, mais franchement le peuple deteste le pouvoir actuel mais reconnaissons qu’il y a rien en face. aucune alternative. Votre ancien compère, Bado disait que ce n’est pas le pouvoir qui fort mais l’opposition qui est faible. Pourquoi vous ne pouvez pas vous unir pour affronter Blaise COMPAORE ? Je préfère à ce rythme rester à la maison l’année prochaine à l’occasion des elections présidentielles gagnées d’avance par BC.

  • Le 26 août 2009 à 21:53, par camarade En réponse à : Emile Paré : « Il n’y a plus de rapports personnels entre Laurent Bado et moi »

    je pense que emile pare a voulu subitement gagner un poids politique en voulant etre president de OBU juste sur la base que le Pr bado naime pas le pouvoir(ce dernier sest fait piege dans sa propre ligne).Le dr aurait du soutenir le pr bado et exige le titre de dauphin au cas ou ce dernier prenait sa retraite,ce qui nest pas aussi evident en politique.Encore un probleme de leadership et cela tue opposition en afrique.chacun doit savoir qui il est(politiquement,intellectuellement,ect)bref que 2015 soit le dernier mandat de blaise compoare ou ca va chauffer.

  • Le 29 août 2009 à 16:18 En réponse à : Emile Paré : « Il n’y a plus de rapports personnels entre Laurent Bado et moi »

    Nos politiciens sont immatures et égoistes. Aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition. Personne ne lutte pour un idéal, tout le monde lutte pour un poste. Je trouve cette attitude vexante. Prêt à dire n’importe quoi pour s’attirer la faveur des urnes. Pour le développement, on attendra encore longtemps. La justice sociale, hmm.

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