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Campagne agricole : La nouvelle agriculture en marche

Publié le mercredi 26 août 2009 à 01h03min

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Le Premier ministre, Tertius Zongo en tournée depuis le 24 août 2009 dans la région de l’Est pour s’enquérir de l’état de la campagne agricole s’est dit satisfait de constater que les cultures présentent une bonne physionomie, que les producteurs sont mieux organisés et ouverts aux nouvelles techniques culturales.

C’est à peine si le Premier ministre, Tertius Zongo n’a pas crié « oui ça marche ». Il s’est dit ravi de constater de nouveaux changements conformes à sa vision de l’agriculture du Burkina, dans ce monde d’aujourd’hui.
Le chef du gouvernement burkinabè a consacré une partie de ses vacances à visiter des sites de production agricole afin de constater la physionomie et les difficultés de la campagne en cours mais aussi de se rendre compte de la nouvelle dynamique insufflée sous ses auspices dans l’agriculture, notamment après la crise alimentaire qui a frappé le pays.
Parti matinalement de Ouagadougou le 24 août, le Premier ministre a visité quatre sites dont le bas-fond rizicole de Rapadama dans le Ganzourgou, l’exploitation de terres aménagées en aval du barrage d’Itenga dans le Kourittenga, ainsi que le bas-fond de Nagré et la ferme semencière de Lenli dans le Gourma.

Pour lui, il faut produire de plus en plus en grande quantité, sachant bien par avance que le statut du Burkina Faso en tant que pays sahélien ne date pas d’aujourd’hui. En d’autres termes, la sécheresse, les insectes ravageurs et l’ignorance des producteurs sont des paramètres à prendre en compte mais pas des obstacles qui excuseraient pour toujours une sous-production. Faisant un point de la journée à Fada avec sa délégation et les acteurs impliqués dans la production, M. Zongo a exprimé sa satisfaction devant la détermination des uns et des autres pour moderniser l’agriculture dans le pays.
Il a enregistré sa première satisfaction à Rapadama V1, un bas-fond de 112 parcelles nouvellement aménagées dans la commune rurale de Mogtédo, sur une superficie de 20 ha. 70 femmes et 42 hommes y travaillent. Ils utilisent le FKR19, une variété de riz aux propriétés améliorées.

Ce qui a retenu l’attention du Premier ministre, c’est d’abord l’implication des femmes. Il espère qu’elles réussiront dans les années à venir à éclipser complètement les hommes pour mieux s’occuper de la scolarité et des soins des enfants, contrairement à bien des hommes qui ne pensent qu’à multiplier les femmes en fonction de leurs richesses. Il s’est dit également impressionné par le résultat en cours, soit 80 tonnes de riz attendues, comparé au moyens mis en œuvre pour aménager le bas-fonds. « Les aménagements réalisés ultérieurement coûtent 20 à 30 fois plus cher que ceux-ci », a-t-il dit.
De près, seule la physionomie des champs peut laisser penser à un aménagement particulier. Pas de construction métallique ou en béton, mais seulement des diguettes en terre à peine visibles. Les encadreurs ont utilisé plutôt leur maîtrise de la circulation de l’eau dans le bas-fond.

En outre, le Premier ministre a accueilli favorablement l’intervention du maire de Mogtédo, axée selon lui sur les préoccupations des populations et non pas, comme de coutume, sur les « voitures et les bureaux ». Les autorités locales ont en effet « souhaité ardemment » la réhabilitation des routes des AVV, construites dans les années 1970 et le soutien à la santé des populations. Enfin, le Premier ministre s’est réjoui de la réaction des techniciens de l’agriculture vis-à-vis des caprices de la saison. Dans le Plateau central, près de 30% des superficies initialement prévues pour les céréales ont été affectées à la culture du niébé, de l’arachide..., en raison des perturbations climatiques. « En réponse aux poches de sécheresse, la promotion de la réalisation du zaï et des demi-lunes s’est intensifiée. Aussi, pour le respect du calendrier cultural, les céréales ont été remplacées par les légumineuses », a confié la directrice régionale du Plateau central, Gisèle Tapsoba.

Sur tous les sites visités, le Premier ministre a trouvé des motifs de satisfaction. A Itenga, 140 km à l’Est de Ouagadougou, les producteurs organisés en groupements pré-copératifs disposent tous de fosses fumières et produisent ainsi du fumier organique évalué à 1,44 millions F CFA. Très organisés, ils disposent également d’un fonds de roulement et participent au développement de leur commune à hauteur de 268 mille F CFA au titre des taxes.
Quant à Nagré, situé à 40 km de Fada N’Gourma, les bénéficiaires se sont approprié le site rizicole que cela crée des frustrations pour les autres. Pour 20 ha , les producteurs attendent 90 tonnes de riz à raison de 4,5 tonnes à l’hectare.

Au-delà, les producteurs et les encadreurs se sont comportés comme de véritables élèves de la nouvelle école agricole du Burkina. On a une impression itérative que l’exercice des producteurs consistait à présenter les comptes d’exploitations et celui des directeurs régionaux de l’Agriculture à présenter la situation agricole dans son ensemble. Chacun s’est mis dans son rôle. A tour de rôle, les responsables agricoles des trois régions ont présenté la situation pluviométrique, phénoménologique et phytosanitaire des cultures, l’utilisation des intrants, l’état des sites emblavés, la disponibilité et l’accessibilité actuelles des denrées alimentaires, la contribution des ONG à la production agricole, les difficultés rencontrées et les solutions suggérées.
Mais la vedette de la journée reste ce producteur de semences de Lenli, à 8 km de Fada N’Gourma. Il dispose d’un arsenal aratoire impressionnant, composé de deux tracteurs, deux charrues, deux pulvériseurs, d’un sarcleur, de deux butteurs et d’un semoir acquis selon l’intéressé à plus d’un million de francs.

Le semoir a une capacité de 5 hectares l’heure. 19 personnes travaillent sur ce site qui, selon les données des comptes d’exploitation, autorise un bénéfice de près de 1,5 millions à l’hectare.
Les perspectives sont à la hauteur des moyens mis en œuvre. Le fermier souhaite en effet la construction d’un magasin, d’une salle de formation pour leurs jeunes et l’intensification de l’embouche bovine pour aider à la fabrication de l’engrais organique.
Tout dépend encore de la clémence du ciel Les pluies se sont installées tardivement dans les trois régions visitées, avec des poches de sécheresse par endroits. Les techniciens accusent aussi une mauvaise répartition des pluies. Toutefois, les producteurs ont su réagir par diverses adaptations. Ils sont aussi jusqu’à présent à l’abri d’attaques d’insectes ravageurs. L’Est a enregistré certes des attaques de chenilles sur le sorgho, mais on a pu circonscrire et enrayer le mal.

Un peu partout, les cultures se développent normalement ; le tallage pour le riz, les ramifications pour les légumineuses, la montaison pour le maïs… mais selon les spécialistes, il faudrait que les pluies se poursuivent jusqu’en mi-octobre pour permettre une bonne récolte des toutes les variétés. Pour qu’il en soit ainsi, le chef du gouvernement n’a que ses « prières ». « Seul le ciel sera notre limite » ; il ne croyait pas si bien dire !
Pour le reste, les préoccupations des producteurs se recoupent et sont à la portée du gouvernement.. Ainsi, Rapadama souhaite l’élargissement des zones aménagées, tout comme Nagré. Dans cette localité, les populations laissent entendre qu’ils pourraient un jour s’affronter si certains producteurs restent sans parcelles aménagées.

Le Premier ministre suggère, pour sa part, de travailler à rendre possible les cultures de contre-saison, à condition que les parcelles soient utilisées à cette période rien que par les femmes. Quant aux habitants du Kourittenga, ils veulent voir leur décortiqueuse remise en service. L’Etat pourrait alors rétrocéder sa gestion au privé qui frappe déjà à la porte.
Mais avant, il faudra que le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Laurent Sédogo ait la certitude que tous les producteurs du site d’Itenga disposent de fosses fumières. Par contre, ils seront sans doute déçus de leur proposition de hausser le niveau du déversoir de leur barrage pour disposer de l’eau en quantité suffisante. Les spécialistes estiment déjà que cette situation peut entraîner des inondations dans les villages en amont de la retenue d’eau. En revanche, l’idée d’un nouveau site semble recevable.

A écouter le ministre Laurent Sédogo, le Programme national d’eau potable et d’assainissement est en marche et pourrait répondre à cette préoccupation des populations. La géologie dans cette partie du pays est telle qu’il est très difficile de trouver de l’eau souterraine. D’où la gestion combinant l’irrigation et l’utilisation du barrage à des fins d’eau potable. « Nous sommes conscient du problème. Si nous voulons atteindre nos objectifs, 95-97% d’eau potable d’ici à 2015, nous avons encore des efforts à faire » a-t-il dit.
Après la pause de Fada N’Gourma, le Premier ministre a poursuivi sa tournée en direction de Diapaga en passant par Kantchari.

Mouor Aimé KAMBIRE : (Aimekambire@yahoo.fr)


"Les paysans ont désormais confiance en eux-mêmes", dixit le Premier ministre

Il y a des motifs de satisfaction lorsqu’on considère les objectifs pour lesquels on est sorti. Le stade de développement des plants est bon, la campagne se déroule correctement. On ne peut que remercier le ciel pour tout ce qu’on a reçu comme eau, au bon moment. Mais, il y a aussi l’effort des hommes. Un certain nombre de problèmes avaient été soulevés l’année passée, notamment l’arrivée tardive des engrais, des semences, l’encadrement, la formation. Vous avez été témoins ce matin ; les producteurs ont reconnu qu’au niveau des services apportés par l’Etat, il y a eu beaucoup d’améliorations ; qu’au niveau de la formation, il y a eu une très grande proximité avec les agents du ministère de l’Agriculture. Nous avons des raisons de nous réjouir. Il y a un troisième motif de satisfaction. Nous avons ouvert de nouveaux chantiers. Nous avons vu l’implication des autorités locales, des maires, les conseillers municipaux et des élus nationaux. Ce qui est bien, c’est que petit à petit, on a compris que l’important, c’est la confiance qu’on a en soi-même, la confiance qu’on peut aller de l’avant.

Sur ce sujet, quand vous voyez les paysans, vous sentez qu’ils ont confiance en eux-mêmes. Mais la confiance seule ne suffit pas. Il faut aussi s’adapter aux techniques nouvelles. Et c’est ce que nous venons de voir. Ailleurs, on aurait pu nous dire qu’il s’agit d’un champ d’un ministre qui est à Ouagadougou. Mais ce n’est pas le cas. Et comme vous le voyez, ce champ est aussi grand, aussi bien entretenu. C’est la preuve qu’on n’a pas besoin d’être à un certain niveau pour réaliser certaines choses. Il suffit de croire en soi et de savoir qu’on a besoin des autres pour avancer.
Je félicite et encourage tous les acteurs. Je souhaite qu’il y ait suffisamment la pluie pour que le dernier grain puisse rentrer dans
le grenier.

Propos recueillis Par M.A.K sur le site de la ferme semencière de Lenli

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 août 2009 à 17:14, par Goama En réponse à : Campagne agricole : La nouvelle agriculture en marche

    Il faut lire l’intervention de Damette sur le développement du Burkina. Tous ces déplacements sont du folklore pour distraire...

    Posez des actes et le reste suivra : pas besoin de trimbaler tout le monde sur les champs avec les 4x4 et autres engins polluants.

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