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Lu pour vous : Saartje Baartman ou le symbole de l’humiliation des Noirs

Publié le mercredi 19 août 2009 à 01h58min

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La Venus Hottentote est le surnom de Saartje Baartman, une jeune adolescente sud-africaine enlevée par des Afrikaners en Angleterre. Elle est exhibée dans les cirques et les musées et décapitée à sa mort seulement pour son embonpoint.

Arrachée de son Afrique du Sud natale, exposée en Angleterre et en France comme une bête de cirque, Saartje Baartman incarne l’humiliation du peuple africain par la race blanche. Saartje Baartman a 20 ans lorsqu’elle est engagée en 1810 comme domestique chez un afrikaner du nom de Peter Caezar. Elle est africaine d’un peuple nomade de l’ethnie Khoï-Khoï rebaptisée Hottentot. Cette période de l’histoire est marquée par des préjugés sur les femmes noires sud-africaines en Europe. “Des femmes jugées anormalement fessues et dont on racontait que les parties génitales se prolongeraient d’une mystérieuse élongation des petites lèvres. Un terme spécifique fut même trouvé par les scientifiques occidentaux pour
La mémoire de la Venus Hottentote est perpétuée dans ce livre de l’historienne Sylvia Serbin.

désigner cette “anomalie” du sexe des “Hottentotes”, raconte Sylvia Serbin dans son livre “Reines d’Afrique”. Cette conception faisait partie des nombreux clichés extravagants sur la femme noire.
En Europe, l’on parlait de leur “vulve si proéminente qu’elle débordait sur la cuisse !”. Des Européens se déplaçaient rien que pour voir ces spécimens totalement imaginaires.

Un jour, Caezar et son ami Hendrick Dunlop pensèrent à la vue de Saartje de l’emmener en Angleterre. Sa forte poitrine, ses fesses rebondies, ses cuisses larges pourraient rapporter de l’argent. Le plan est monté et Saartje, surnommée la Venus Hottentote est emmenée en Angleterre pour être exhibée en spectacle. L’on fit croire aux Européens qu’elle avait signé un contrat, en connaissance de cause, juste pour de l’argent. Elle n’avait pourtant pas conscience de ce qui l’attendait. C’est après avoir échoué de la vendre que Caezar eut l’idée d’exposer la Venus Hottentote. Elle est enfermée dans une cage et exposée nue. Seul un petit pagne cache son sexe.

Les spectateurs sont appelés à regarder là-dessous tout en payant plus pour satisfaire leur curiosité. Sylvia Serbin rapporte que “certains lui pincent les fesses pour sentir l’épaisseur de sa peau. D’autres la palpent ou la piquent de leur canne pour s’assurer qu’elle est bien faite de chair et de sang. Des élégantes boutonnées jusqu’au cou la cognent de la pointe de leur ombrelle pour l’obliger à montrer ce que leur ticket d’entrée leur a donné le droit de voir”. Lorsque Saartje refusait d’obtempérer, son impressario Caezar baissait le rideau et la frappait avec un bâton. Celui-ci va la vendre à un Français Réaux. A Paris, Saartje est montrée dans la rue et dans les salons mondains. Réaux, voyant ses affaires prospérer, loue un local où il l’exhibe dix (10) heures par jour. Elle est plus tard prêtée au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Les chercheurs veulent mener des études scientifiques sur elle. Elle refuse de se laisser faire malgré les propositions d’argent.

C’est finalement après sa mort mystérieuse le 29 décembre 1815 suite à des mauvais traitements qu’elle fut décapitée clandestinement. Les scientifiques seront surpris de ne constater aucune excroissance particulière. Le Pr Cuvier présentera plus tard un mémoire sur cette Venus Hottentote paru en 1817 sous le titre “Extrait d’observation sur le cadre d’une femme connue sous le nom de Venus Hottentote”. Ses organes génitaux sont exhibés.
A partir de 1994, une bataille diplomatique naquit entre la France et l’Afrique du Sud. Les Sud-africains réclament le retour des restes de Saartje. Une loi adoptée le 22 janvier 2002 par l’Assemblée nationale permet le retour de ce qui restait d’elle en Afrique du Sud. Le 9 août 2002, des funérailles nationales sont organisées en son honneur et retransmises dans le monde entier. Le seul crime de Saartje Baartman a été de ne pas avoir une forme obeïssant aux normes occidentales.

Boukari OUEDRAOGO (Stagiaire)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 août 2009 à 12:20, par monica En réponse à : Lu pour vous : Saartje Baartman ou le symbole de l’humiliation des Noirs

    L’histoire de Saartje Baartman sera racontée au cinéma dans un film d’Abdelatif Kechiche, "Venus Noire", qui est actuellement en tournage en France, produit par la société MK2. Et qui sera peut-être montré au festival de Cannes 2010. Avec enfin une belle reconnaissance pour cette jeune fille victime des préjugés et du racisme de toute une époque.

    • Le 7 décembre 2009 à 09:28, par Zaira En réponse à : Lu pour vous : Saartje Baartman ou le symbole de l’humiliation des Noirs

      je suis ravie de savoir que des gens aient penser à elle et à son histoire.De savoir que la génération d’aujord’hui connaîtra son histoir,moi même je ne la connaissait pas c’est seulement quand mon professeur en a parlé et nous a montré une photo d’elle que j’ai connu son histoire il ya malheuresement 3 jours, c’est quand même triste quand on a fait toute une scolarité et de ne r1 savoir sur ses ancetres.
      Alors vivement que le film soit sur les ecrans

  • Le 20 août 2009 à 17:45, par Chérif Keita En réponse à : Lu pour vous : Saartje Baartman ou le symbole de l’humiliation des Noirs

    Un excellent film documentaire a été réalisé il y a une dizaine d’années sur la question par le sud-africain Zola Maseko(réalisateur de "Drum", Etalon de Yennenga, 2005). Le titre est "The Life and Times of Saartje Bartman". Merci d’avoir attiré l’attention des lecteurs sur ce pan douloureux de l’histoire africaine.
    Chérif Keita

  • Le 24 août 2009 à 18:38 En réponse à : Lu pour vous : Saartje Baartman ou le symbole de l’humiliation des Noirs

    salut
    la compagnie Marbayassa a fait un tres beau spectacle sur cet sujet en 2003.il spectacle a été joué plusieur fois au burkina et dans plusieurs festival en france et en afrique

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