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Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

Publié le mardi 4 août 2009 à 21h53min

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Premier vice-président et coordonnateur national de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), Salifou Ouédraogo apporte sa voix dans le débat que continue de susciter l’interview de Salif Diallo parue dans l’Observateur paalga du mercredi 8 juillet 2009. Pour le fidèle lieutenant de Me Hermann Yaméogo, le “mea culpa” de “l’ancien numéro 2 du régime Compaoré” augure un “changement spectaculaire des temps”. Dans la foulée, il considère qu’une amnistie en faveur du chef de l’Etat et de son entourage est un scénario propice à une alternance apaisée au Burkina Faso.

Ancien député, intellectuel au sang bleu, docteur en économie, pourquoi n’avez-vous pas intégré les rangs du parti au pouvoir comme de nombreux autres cadres burkinabè ?

• Alors que vous me posez cette question, je pense aux gens de plus en plus nombreux qui, au contraire, félicitent ceux qui, comme moi à l’UNDD, sont restés fidèles aux idéaux de leur parti malgré toutes les difficultés que vous savez. Le constat aujourd’hui, au vu de toute l’agitation politique et intellectuelle autour des réformes, de la dénonciation de la privatisation de l’Etat, c’est, d’une certaine façon, la validation a posteriori de positions que nous avons toujours défendues à l’UNDD.

On peut y trouver une certaine récompense ou un certain encouragement à un engagement politique. C’est mon cas. Ma conception de la politique se situe au-delà des clivages partisans opposition/majorité. Je ne suis contre personne et je n’ai pas d’ennemi en politique.

J’ai seulement, avec certains acteurs de la vie politique nationale, des divergences sur le plan des idées, dans la manière de conduire les affaires du pays du point de vue de la gouvernance politique, économique et sociale. Je ne suis pas contre le CDP ou tout autre parti politique et, dans le parti majoritaire, se trouvent des parents et des amis à moi. Je suis rentré au pays à la fin de mes études en France, plus précisément le 20 octobre 1987. Après une absence d’une dizaine d’années, j’ai retrouvé, à mon retour, un cadre déjà formaté, un environnement politique bouleversé.

Après une période d’observation de plus de trois ans, je me suis engagé en politique active, au début des années 90, dans l’un des rares partis qui, à l’époque, se battait résolument pour l’instauration d’une vraie démocratie au Burkina Faso. Un parti de propositions pour des avancées significatives de notre processus démocratique. Cependant, de tout temps, mon engagement politique n’est pas et ne sera jamais un engagement sectaire. J’ai une autre conception de la politique (même si elle est largement minoritaire dans ce pays).

Et après mon passage à l’Assemblée nationale, où j’ai côtoyé aussi bien des députés de la majorité que de l’opposition, j’ai constaté, et j’en suis aujourd’hui convaincu, qu’il y a aussi bien dans les partis de l’opposition que dans ceux de la majorité des gens de valeur, des patriotes, avec qui on peut travailler, avec qui on peut s’entendre pour, au-delà des clivages archaïques traditionnels importés et/ou imposés à nos pays, impulser ou initier des réformes de fond à même d’améliorer la gouvernance dans notre pays.

Malheureusement, avec les conceptions actuelles de la politique, les approches trop partisanes, l’absence d’honnêteté, de modestie et de retenue, nous vivons dans un environnement peu propice à la réflexion féconde, peu propice au consensus, seule voie à même de permettre un développement harmonieux du Burkina Faso. Et des gens comme moi en souffrent énormément.

N’avoir pas été reconduit à l’Assemblée nationale après les législatives de 2007 n’a pas émoussé vos ardeurs ?

• C’est vrai que ce fut un choc ; car cette campagne, je l’ai battue avec rage et espérance. Avec rage, car je savais que l’UNDD, plus que tout autre parti d’opposition, devait se battre non pas contre le seul parti au pouvoir, mais contre l’appareil de l’Etat. Avec espérance, car la campagne se déroulait à un moment où le temps nous donnait raison dans nos prises de positions, où le vent du changement gagnait jusqu’aux campagnes les plus reculées. J’étais surtout plein d’optimisme parce que, sur le terrain au Kadiogo, hormis le CDP, je n’en voyais pas beaucoup à battre les secteurs et la cambrousse de jour comme de nuit comme notre parti.

J’ai personnellement parcouru tous les six départements (la presque totalité des 180 villages) et les trente secteurs du Kadiogo. J’ai fait confectionner quatre mille t-shirts. Lors de cette campagne, j’y ai investi personnellement plus de quatre millions de francs CFA sans compter les apports en nature et en espèces de mon parti. A la clôture de la campagne, j’avais donc le sentiment du travail bien accompli.

J’ai donc été douché par les résultats, je dirai même tétanisé, mais l’injustice étant trop grosse, cela m’a empêché de m’en prendre à moi ou à mon parti. Je savais qu’à cause des prises de positions du président du parti, comme de l’UNDD, sur l’alternance, la gouvernance nationale, sur certaines crises comme en Côte d’Ivoire, la décision avait été prise de nous priver de toute présence dans les institutions. En plus des preuves de fraudes multiples que nous avons eues, j’aurai confirmation de cette décision, et je peux dire aujourd’hui que les propos récents de Salif Diallo ont fini de m’en convaincre.

Lesquels en particulier ?

• D’abord, ceux du 27 janvier 2008 à la RNB à l’émission « Tapis d’honneur » rapportés par l’Observateur Paalga du 07 février de la même année (« en bon Yadéga, ce grand manitou du CDP a dit tout haut ce que beaucoup auraient murmuré à leurs confidents. Comme reconnaître sa mainmise sur la démission de militants de tous les partis créés par Me Hermann Yaméogo, dans le seul but de le déstabiliser, mais qu’il n’a pas réussi à faire parce que le monsieur est coriace. Ce qui, toujours selon ses dires, lui vaut du respect de sa part ») ;

et par l’Evènement du 15 février 2008 (L’ancien numéro 2, catégorique, affirme du reste que sauf ces coups, ils (entendez les opposants) seraient au pouvoir aujourd’hui ») ; convenez avec moi que les propos sur le travail de sape de l’opposition par l’ancien numéro 2 du régime étaient déjà suffisamment clairs. Et puis, bien sûr, il y a ses derniers propos dans votre organe.

Et là, je peux dire que c’est la cerise sur le gâteau, l’aveu définitif sans appel de l’un des acteurs principaux de la construction de la démocratie exclusive (excusez-moi de ce syllogisme antithétique) pratiquée chez nous, de ce que nous avons été électoralement grugés. Salif Diallo a demandé rien moins que l’assainissement de notre cadre d’expression démocratique en posant l’urgence de corriger le fichier électoral et de trouver solution aux documents d’identification fiables pour la votation.

Il sait bien pourquoi il dit cela ; et nous avons en mémoire le film du déroulement de toutes les élections au Yatenga lorsqu’il en avait la charge en tant que commissaire politique régional. Sur la lancée, il a dénoncé la patrimonialisation de l’Etat. Toutes choses que nous exigeons et dénonçons depuis des années par des déclarations, des marches, des procès… Allant logiquement et courageusement jusqu’au bout de sa pensée, il a demandé la dissolution de l’Assemblée nationale.

Comment voyez-vous l’évolution du débat politique depuis la sortie de Salif Diallo ?

• En attendant que les instances du parti fassent l’analyse collective, comme beaucoup de gens, j’ai trouvé très courageuse cette prise de position. C’est vrai que l’homme est comptable de la dérive de notre processus démocratique, donc des excès que lui-même dénonce aujourd’hui, mais, justement, son mérite, c’est d’avoir, contrairement à beaucoup de sa famille, assimilé la leçon de l’Ecclésiaste et, en conséquence, comprenant que les temps avaient ou allaient changer de façon spectaculaire et à mon sens irréversible, fait son mea culpa. Car on n’est jamais éternellement fort, et toute chose a une fin. La vie est un cycle, avec des phases ascendantes et descendantes ; et il ne faut jamais faire à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.

Pourquoi un mea culpa irréversible ?

• Parce que, sur des questions aussi fondamentales, l’homme politique qu’il se confirme être ne peut pas avancer de telles vérités et se dédire. L’accueil qui a été fait à sa sortie le lui interdit. Et ce serait sa mort politique que de battre sa coulpe sur le fond de son entretien. Sur la forme, il y a peut-être des critiques à lui faire, parce qu’en tant que 1er vice-président de son parti, chargé de l’Orientation et des Questions politiques, il aurait dû, selon moi, attendre le congrès de son parti pour livrer la primeur de ses propositions aux congressistes et y susciter un débat. Le congrès de son parti lui offrait l’opportunité, dans une approche plus collégiale, une tribune pour aborder sans complaisance, avec ses autres camarades, l’ensemble des idées émises à travers la presse.

Mais au CDP, Salif Diallo semble avoir plutôt provoqué une espèce de sursaut, puisque le « Carré » se forme pour défendre le statu quo, le bilan du régime.

• Je ne voudrais pas comparer cela à un baroud d’honneur, mais je dirais qu’il ne faut pas avoir une telle phobie du changement au point d’en être réduit à des combats d’arrière-garde qui, au-delà de la nation, pourraient porter même préjudice à ceux qui s’y livrent. Je veux dire que même s’il faut reconnaître que, contrairement à beaucoup de pays africains, nous avons bénéficié d’une certaine stabilité (due en grande partie à la nature du Burkinabè, bien qu’il y ait beaucoup à dire !) pour pouvoir impulser les bases d’un développement bâti sur la croissance, nous n’en sommes pas moins, avec le temps, arrivés au stade où il faut repenser nos politiques.

On a beau dénier l’existence d’une crise, d’un malaise, les signes visibles sont là, provenant de causes endogènes comme exogènes qui en attestent. Et la prudence, la sagesse, je dirais même le patriotisme, commandent d’en prendre acte et de faire ce qu’il faut pour éviter la catastrophe. Il faut les entendre, les gens de la majorité, de l’opposition et de la société civile, parler en privé des choses du pays pour savoir que nous vivons dans un monde de faux et d’hypocrisie.

Il est aussi évident que la majorité n’a pas forcément toujours raison et l’opposition toujours tort ; c’est pour cela qu’il nous faut toujours dialoguer, dans un cadre inclusif, pour trouver des remèdes consensuels. Que l’on appelle cela refondation, réformes ou forum, peu importe la terminologie ; il faut agir vite et créer un cadre républicain de concertations/propositions.

Que dites-vous à ceux qui vous accusent, vous les refondateurs, de n’en avoir que pour la politique de la courte échelle, et de défendre par ailleurs des principes irréalistes ?

• J’ai envie de dire, tellement ça saute aux yeux au vu des suites que nous avons eues à nos consultations au sujet de la refondation nationale, au vu des réactions après le forum sur l’alternance, comme en ce moment après l’interview de Salif Diallo, que les rêveurs et ceux qui veulent préparer des lendemains cauchemardesques pour le pays, ce sont ceux qui tiennent ce langage et qui, sous prétexte de défendre la République, leur œuvre, font rempart de leurs corps à tout changement.

Mais les faits sont têtus, c’est une question de temps et de logique, car, tôt ou tard, on se retrouvera entre Burkinabè pour faire le bilan de notre processus démocratique et proposer des mesures à prendre pour mieux le crédibiliser, le vivifier (comme le recommandent les experts du MAEP) si on veut réellement faire du Burkina un pays émergent et de référence.

Par ailleurs, il faut justement dénoncer ici ce terrorisme intellectuel qui consiste systématiquement à assimiler à des putschistes ceux qui, dans le cadre de la légalité, demandent des réformes pour éviter la sclérose de la collectivité. La démocratie ne peut être effective que lorsqu’on admet les débats d’idées, les différences d’opinions, les contradictions dans un cadre civilisé, non violent, non partisan et réceptif.

Certaines infos font état de connexion, pour ne pas dire de collusion, entre “l’exilé de Vienne” et certains ténors de l’opposition, dont Me Hermann Yaméogo. Qu’en est-il au fait ?

• Personnellement, je n’ai pas des éléments de preuves de cette supposée connexion. J’évite donc de spéculer là-dessus. Je m’intéresse surtout, comme tout Burkinabè, aux idées émises aux propositions avancées par Salif Diallo et, en tant que démocrate, je pense que rien n’interdit que l’on se penche sur celles-ci pour en analyser les bien-fondés. De toute façon, avec le temps, tout s’eclaircira autour de cette supposée tourmente et de ses multiples ramifications.

Peut-on sérieusement, à votre avis, résumer l’essentiel de toute l’agitation ambiante à une question de changement de système politique ?

• Telle n’a jamais été notre position à l’UNDD. Depuis l’ADF, après avoir vu les résistances à l’acclimatation d’une démocratie transparente, respectueuse de la volonté populaire, nous n’avons cessé d’en dénoncer le fait et d’y proposer des remèdes. C’est dans cet ordre d’idées que nous avons parlé de démocratie internalisée, de démocratie consensuelle (au regard de nos réalités socio-économiques : pauvreté, analphabétisme, pesanteurs socioculturelles) ; que nous avons lutté pour une amnistie (pour tourner définitivement la page des années sombres du pays ; et nous sommes convaincus, à l’UNDD, que cela reste toujours d’actualité).

Dans ce combat en particulier, nous avons même convaincu Alpha Condé à l’époque d’en faire partager l’idée aux partis politiques d’opposition africains. Après avoir accompli cette tâche au Burkina Faso avec un certain succès, Alpha Condé (NDLR : homme politique guinéen, président du RPG, Rassemblement du peuple guinéen) ambitionnait, au cours d’un colloque prévu à Abidjan, d’engager le débat sur ce sujet, mais le coup d’Etat intervenu en Côte d’Ivoire contre Bédié empêcha la tenue de cette rencontre visant à élargir l’adhésion au projet.

Pour en revenir à votre question, nous voyons beaucoup de littérature sur le régime supposé semi-présidentiel que nous connaissons, sur les différences qu’il y a entre régime présidentiel et parlementaire ; c’est bien, c’est éclairant, mais nous, nous inscrivons la refondation des institutions dans le cadre général de la refondation de la gouvernance nationale. Il n’y a pas que le choix du système politique qui importe, il y a aussi (et notre manifeste est clair à cet égard) les choix en matière économique, sociale, diplomatique, les choix intéressant les secteurs sensibles comme l’Armée… Le débat, au stade actuel, doit être prioritairement axé sur le souci de réarmer institutionnellement, juridiquement le pays pour lui permettre d’être mieux situé dans l’axe d’une gouvernance durable.

Plus honnêtement, pour moi, ce n’est pas seulement un problème de système politique. C’est aussi et surtout un problème de qualité des animateurs de la vie politique du pays (toutes tendances confondues). Un problème d’hommes politiques, car, on a beau avoir un meilleur système, si les hommes chargés d’animer cette vie politique ne sont pas de vrais démocrates, la pratiquent (la démocratie) de manière sélective, on n’y croit pas, c’est du « kif-kif bourricot ».

Tout de même, vous avez un penchant en ce qui concerne plus particulièrement la nature du système politique ?

• Si nous avons malgré tout exprimé une préférence pour le régime parlementaire à l’UNDD, celle-ci est tempérée par la prise en compte des réalités nationales et internationales. La crise de la démocratie, dans sa formulation en parlementarisme rationalisé notamment, est aujourd’hui bien connue, si bien connue que la réflexion avance au plan mondial autour d’autres techniques de gestion des Etats qui parviendraient, mieux que la démocratie ne le fait, à protéger les nations du monde contre des fléaux globaux tels la crise alimentaire, énergétique, celle qui touche à l’environnement comme à la finance internationale qui a vu, à la faveur du libéralisme débridé, surgir en son sein des margoulins qui contribuent au dérapage grandissant de la gouvernance mondiale. Il ne faut donc pas faire une fixation sur les transpositions mécaniques de système présidentiel ou parlementaire parfait chez nous ; il faut d’autant moins le faire que nous vivons en interne des réalités (politiques, économiques, diplomatiques, militaires…) dont il faut tenir compte.

Si, par conséquent, la controverse grandit actuellement entre le régime présidentiel, notamment de type américain (où les deux organes exécutif et législatif issus du suffrage universel se tiennent par la barbichette par des pouvoirs équilibrés) et le régime parlementaire à l’anglaise (où le président inaugure les chrysanthèmes alors qu’ un Premier ministre issu de l’Assemblée a la réalité du pouvoir, pouvant dissoudre l’Assemblée mais en s’exposant lui-même à être renvoyé par cette dernière), nous pensons, à l’UNDD, qu’il y a aussi l’option de l’adaptation.

En quoi pourrait consister cette adaptation ?

• A chercher à réhabiliter la démocratie au double niveau central et décentralisé, en l’immergeant dans nos réalités nationales et africaines notamment, c’est-à-dire à imaginer, en lieu et place du régime hybride actuel, un régime présidentiel (parce que la concession au stade actuel du régime parlementaire par le chef de l’Etat pourrait être une vue de l’esprit) qui conserve à la fonction son aura comme c’est le cas en Afrique du Sud, mais qui soumette le président au contrôle en le faisant élire par l’Assemblée et en le soumettant à la formule de l’impeachment. Le Parlement bicaméral équilibré, qui pourrait actionner la procédure d’impeachment dans certains cas bien précis, pourrait à son tour, dans des circonstances limitées, être dissous.

Concernant la gouvernance locale, il faut réaliser effectivement de véritables transferts démocratiques en obtenant, au-delà des transferts concrets de ressources et de compétences, la possibilité, pour les collectivités décentralisées, de procéder à la mise en place de leurs organes dirigeants au suffrage universel direct. C’est cela qui permettra d’en finir avec la rétention démocratique au niveau local et de favoriser l’éclosion d’une vie politique locale organisée, vivante et stimulante avec des instruments soumis à contrôle. Reconnaissons que nous ferions œuvre utile en abattant un tel travail avant ce cinquantenaire des « Indépendances » que, manifestement, chacun cherche, en Afrique francophone, à marquer d’un sceau particulier !

Tout cela est bien beau, mais quand on voit la majorité freiner des 4 fers et sortir les muscles après l’interview de Salif, y a-t-il vraiment des raisons d’être optimiste ?

• Je voudrais d’abord exprimer un sentiment d’optimisme face à la convergence qui se dessine au sujet de la refondation. Aujourd’hui, des partis comme le PDP/PS en parlent, Me Bénéwendé Sankara de l’UNIR/PS ne l’exclut pas, Zéphirin Diabré ne l’écarte pas non plus, sachant que c’est le préalable à l’alternance (condition indispensable mais non suffisante) ; Salif Diallo en fait une exigence d’une meilleure relance de la gouvernance nationale. Ça fait du beau monde qu’on ne doit pas mépriser parce qu’il est représentatif d’une opinion non négligeable dans le pays.

En même temps que je souhaite que cette convergence aille se concrétisant, je voudrais faire appel à ceux du parti au pouvoir qui se battent contre l’impossible en refusant les réformes structurelles dont le pays a besoin, aux démocrates du CDP. Mon appel, si je peux me le permettre en toute modestie, s’adresse surtout au chef de l’Etat qui, aux termes de la constitution, est le garant de la paix et de la concorde nationale.

C’est à lui qu’il revient, après mûre réflexion et consultations multiples tant à l’interne qu’à l’externe, en dernier recours, le choix d’éviter que, par l’exacerbation des intolérances, le pays bascule dans des lendemains incertains. L’écoute, le dialogue, la retenue, le sens de l’arbitrage et non pas du parti pris, devraient être de mise face aux multiples interrogations grandissantes. Les refondateurs, entendus au sens général, ne sont pas des hommes au couteau entre les dents qui ne cherchent qu’à lui faire rendre gorge, à lui et à tous ses collaborateurs.

En tout cas, tel n’est pas notre cas à l’UNDD. Nous sommes des républicains, des patriotes qui n’ont jamais manqué, quand l’exigence s’en faisait sentir, quels que soient les quolibets, les incompréhensions, de mettre de côté nos intérêts partisans au service de l’intérêt général. Nous sommes aujourd’hui à un autre rendez-vous où la primauté de l’intérêt nationale commande des dépassements. Merci donc à l’Observateur Paalga de m’avoir donné l’opportunité de formuler cela sous forme d’appel.

Vous dites ne pas vouloir faire rendre gorge au président et aux siens. Seriez-vous par exemple favorable à une amnistie si tel devait être le prix à payer pour tourner, dans six ans, la page Compaoré ?

• Je crois sincèrement que, dans la vie d’une nation, il y a des moments de sacrifices. Des moments forts où, malgré la douleur, les sacrifices, les injustices, il faut savoir ou pouvoir tourner la page des périodes sombres. L’amnistie est une des solutions possibles. Et si c’est le prix à payer pour que le Burkina Faso évolue résolument vers une démocratie plus avancée dans la paix et la stabilité, personnellement, je suis favorable à une telle approche.

Amnistie ne veut pas dire oubli, car, pour l’histoire de la nation (pour les générations futures), aucun événement n’est à occulter ; on cherchera à savoir ce qui s’est exactement passé, qui a fait quoi et pourquoi, mais on devra être à même de vraiment pardonner pour éviter d’être dans un cycle de perpétuels recommencements, de vengences, de haines, d’incertitudes et de craintes. Vous soulevez là un point très important, mais qui semble ne pas être d’actualité alors qu’il peut être une des clefs d’une alternance apaisée au Burkina Faso ; et c’est là mon intime conviction.

Entretien réalisé par Alain Zongo dit St-Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2009 à 12:29, par sombody En réponse à : Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

    Ce n´est pas seulement une collusion entre Salif et Me Hermann Yaméogo. C´est une megaconnexion, où sont aussi impliqués Blaise et Zephirin, et même Gilbert de l´ADF. Donc en fait une collusion Zeph-Diallo-Yaméogo, pour dérouter les gens, mais en réalité en faveur du blaiso. Blaise prépare sa "tranquilité après 2015" dans le trouble, qui n´a pas commencé auj. C´est pas un effet du hasard, la scission Hermann/Gilbert, ni l´entrée brusque en politique de Zephirin.

    N´oublions pas qu´il y avait accord entre Blaise et Hermann. On semble croire que Blaise l´a "driblé" et qu´il n´y a plus rien entre eux, mais attention ! Donc si il ya collusion, il faut se mettre en tête que sa formation n´a pas maintenant commencé, et qu´ils sont nombreux membres "colluseur".

    Soyons vigilants !

  • Le 4 août 2009 à 17:44, par Paré En réponse à : Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

    Par Totolitoto : on ne vous comprend pas et on ne veut pas vous comprendre. Allez voir ailleurs, nous on s’en fou.

    • Le 4 août 2009 à 20:07, par Kon Ndoungtouly En réponse à : Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

      Voyons ! les gens n’aiment pas les gens ,et de manière fortuite.Pourquoi n’acceptons nous pas que aujourd’hui certains de nos hommes politiques s’ils sont de bonne foi quant à leur changement d’option politique d’avec le Président qu’on les accompagne toujours si cela peut faire le bonheur du peuple Voltaîque ,pardon Burkinabè !Mais seulement que nos hommes politiques soient responsables en assumant ce qu’ils proclament, suivis de leurs faits et gestes dans la vérité et non le “liliblib” ;ainsi quelque soit le vent impétueux politique qui va arriver ,vous aurez le soutient franc du peuple.
      Bonne chance nous tous !

  • Le 4 août 2009 à 18:29, par Mechtilde Guirma En réponse à : Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

    Cher monsieur Somebody, « tourner la page dans six ans », pour moi ne signifie pas necessairement que Blaise aura encore 5ans au pouvoir. Je ne pense pas qu’on va lui donner la chance de se venger et d’éliminer ses opposants. Cela veut dire pour moi, qu’il ya d’abord la remise en place de l’article 37 à ses toutes fins premières. N’oubliez pas qu’un grand constitutionaliste français en interprétant les quinquenats, Blaise n’en avait plus droit après ses septenats. Donc il y a d’abord cette remise en place de l’article 37. Ensuite il y aura l’alternance qui devrait permettre l’étude des modalités pour lui accorder l’amnistie. Tout cela conjugué devrait permettre aux burkinabé de se détendre après avoir écouté, les différentes révélations et demande de pardon. Puis d’ici 2015, on devrait déjà vivre d’une situation apaisée avec l’amnistie. Voilà comment je vois le scénario sinon accoder 6 ans encore à Blaise Compaoré, c’est revivre 6ans de trouble, et peut-être cette fois la guerre civile en perspective. Mais vous savez les hommes politiques (sans oublier les autres...) ont leur secret qu’ils ne faut pas perturber en étant trop curieux.

    En tout cas merci au député Ouédraogo Salif (M’dwelle nabi pondr kon zom boeg kal Ouédradraogo) pour cet interview.

  • Le 5 août 2009 à 06:21, par DAKSOUM LE STATOIS BURKINABE A LOS ANGELES En réponse à : Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

    quelque soit qu on dise.
    je reconnais que UNDD a fait un grand pas dans ma vie politique.
    DAKSOUM LE ATAOIS BURKINABE A LOS ANGLES

  • Le 6 août 2009 à 19:09, par Ilyas En réponse à : Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

    Salut a tous ! savez vous ce qu’il vous faut pour etre deputer au Burkina Faso et bien M. Salifou Ouedraogo vous en donne la reponse : << J’ai personnellement parcouru tous les six départements (la presque totalité des 180 villages) et les trente secteurs du Kadiogo. J’ai fait confectionner quatre mille t-shirts. Lors de cette campagne, j’y ai investi personnellement plus de quatre millions de francs CFA sans compter les apports en nature et en espèces de mon parti. A la clôture de la campagne, j’avais donc le sentiment du travail bien accompli>>. C’est ca la triste realite au Burkina.

  • Le 14 août 2009 à 10:02, par Ouédraogo Aboukar En réponse à : Salifou Ouédraogo, 1er vice-président de l’UNDD : “L’amnistie est une solution possible”

    je pense que qu’il serait sage pour Salif de faire un bilan de son passage à l’assemblée, de s’interoger sur sa propre personnalité avant de declarer qu’il est victime de fraude électorale

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