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REFERENDUM AU NIGER : Le grand saut dans l’inconnu

Publié le mardi 4 août 2009 à 21h52min

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L’objectif "référendum" du colonel-président est donc atteint, et le tour de force consommé ! Ce jour, 4 août 2009, en effet, le peuple nigérien est appelé à se rendre aux urnes pour décider, par cette expression la "plus achevée de la démocratie", comme aimait à le marteler Mamadou Tandja himself, de son maintien ou non dans ses fonctions à la tête de l’Etat au-delà de décembre prochain. Les obstacles ayant été levés les uns après les autres sur le chemin menant à l’organisation de ce référendum, le numéro 1 nigérien peut déjà savourer… une victoire d’étape, et la plus déterminante !

De ce point de vue, sa détermination, sinon son obstination a fini par payer. Pour Mamadou Tandja, le plus dur semble, à présent, passé. Pour le reste, cela devrait être un jeu d’enfant, une simple formalité pour le dirigeant nigérien. Dans sa position actuelle de chef de l’Etat, il devrait disposer également, comme tout bon président des républiques bananières, des moyens de l’Etat, propres à lui assurer son maintien au pouvoir. Moyens de l’Etat ; on mesure tout le poids de ce vocable sous les cieux africains, qui renvoie généralement aux procédés iniques et illégaux utilisés par les tenants du pouvoir pour s’assurer une victoire écrasante sur leurs opposants. Et comme si cela ne suffisait pas, il faut presque toujours compter avec la fraude, toutes choses qui achèvent de fausser le jeu démocratique sur le continent.

Hélas, tout porte à croire que l’adage selon lequel on n’organise pas une élection en Afrique pour la perdre, s’appliquera aussi au Niger, à l’occasion de cette consultation électorale. D’autant plus qu’on imagine mal Mamadou Tandja acceptant de se laisser "rabrouer" par les urnes, après être allé si loin dans son entreprise. Et puis, Mamadou Tandja était visiblement arrivé à un stade où il semblait avoir encore moins de force morale pour reculer. Car, au-delà de son entêtement à faire accepter l’inacceptable aux yeux de bon nombre de ses concitoyens, la tenue du référendum était devenue pour Tandja une question d’honneur, sinon d’orgueil.

Le référendum ayant donc fini par avoir lieu, le président nigérien devrait donc user de tous les moyens en sa possession pour la victoire du "oui". Y compris de procédés qui n’épousent pas l’orthodoxie démocratique. Il faut craindre, en effet, que le pouvoir nigérien procède à une méthode de fraude bien répandue sous les tropiques africains : le bourrage des urnes. Un scepticisme d’autant plus grand que face au non-retrait des cartes d’électeurs par les Nigériens qui s’opposent au référendum, ces cartes devraient être acheminées dans les bureaux de vote. A quelles fins ? En tout état de cause, on semble de plus en plus dans le schéma d’une victoire annoncée pour Tandja. Et si la victoire du "oui" venait à être confirmée, ce serait le grand saut dans l’inconnu pour ce pays.

D’abord parce que les positions tranchées des anti et pro-tazartche, ne rassurent guère quant au climat post- référendaire. Ensuite, parce que Mamadou Tandja, dans son entêtement morbide à s’accrocher à son fauteuil, s’est aliéné la sympathie de bon nombre de ces concitoyens qui, sans aucun doute, ne manqueront pas de lui mener la vie dure. Autant dire qu’à peine aura-t-il revêtu son costume de chef de l’Etat que Mamadou Tandja aura de sérieuses difficultés pour gouverner ce pays. Et une fois encore, comme cela est courant sur le continent, ce sera aux populations d’en payer le prix fort. Car, à l’analyse, pour Mamadou Tandja, cela semble importer peu, que son pays plonge dans l’instabilité et qu’il entre dans une phase de stagnation. Visiblement, il n’éprouve aucune gêne à régner sur un pays divisé, au bord du chaos. Pour Mamadou Tandja, qu’importe si de grands partenaires financiers du Niger décident de couper les ponts avec son pays.

Face aux dérives du pouvoir, le front pour la défense de la démocratie en particulier, et la société civile en général, empêcheront Tandja de mener la barque du Niger à sa guide. Ils ne sont pas prêts à se comporter en spectateurs résignés d’un éventuel naufrage collectif. On devrait donc s’attendre à ce que les Nigériens opposés au référendum engagent d’autres formes de lutte pour la sauvegarde de la démocratie. Au total, Mamadou Tandja aurait tort de jubiler si vite, en cas de victoire finale. Car cette victoire-là pourrait se retourner, à tout point de vues, contre lui. C’est connu, quand on vainc sans péril, on triomphe sans gloire. Mais dans le cas du Niger, c’est bien pire que cela. Car, c’est une victoire à la Pyrrhus qui s’annonce. Un profond saut dans l’inconnu dont le Niger se serait volontiers passé.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2009 à 12:03, par S. Daouda En réponse à : La mort n’est pas modifiable

    La mort elle n’est pas modifiable !
    Bongo en sait quelquechose.

    Continuez chers présidents, toute chose à une fin.

    Cordialement

  • Le 4 août 2009 à 21:52, par AGBO Hermann Rodrigue En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Tandja ingrat envers son peuple

    Le peuple nigérien vient d’être remercier en monnaie de singe par Tandja aveuglé par sa cupidité et son désir de mourir au pouvoir. Il faut que l’opposion nigérienne se réveille pour chasser Tandja afin d’éviter que son aventure dictatoriale ne soit un dangereux précédant dans la sous-région. Les présidents du Ghana, du Bénin, du Bostwana et d’Afrique du sud doivent se démarquer de ce silence coupable des chefs d’Etat d’Afrique et de France devant ce coup d’Etat au Niger.

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