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Négociations inter-togolaises : Eyadéma est-il sincère ?

Publié le vendredi 16 juillet 2004 à 07h42min

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"Rentrer au Togo pour tout simplement serrer la main de
Eyadema n’est d’aucune nécessité". Le président de l’Union
des forces du changement (UFC), Gilchrist Olympio, leader du
principal parti d’opposition au Togo, pour son retour au pays,
n’entend pas jouer les marionnettes. Il a déjà annoncé les
couleurs en n’envoyant pas de représentant au Comité chargé
de réviser le code électoral.

Le Comité d’action pour le
renouveau (CAR) de Yawovi Agboyibo et la Convention
démocratique des peuples africains (CDPA) boycottent
également la concertation.

La mise en place de ce comité fait
partie des vingt-deux engagements pris en avril dernier par le
gouvernement togolais auprès de l’Union européenne avec en
ligne de mire, la normalisation et la reprise de la coopération
interrompue depuis 1993. Cette révision du code électoral,
censée renouer le dialogue avec l’opposition, semble mal
partie. L’absence de ces trois ténors de l’opposition au sein du
Comité ne présage rien de bon.

Par le passé, ce type de
rencontre, engagé par le régime Eydéma, sous la pression des
bailleurs de fonds, n’a pas donné grand’chose. Du coup,
l’opposition se montre méfiante à l’égard d’un pouvoir qui ne
respecte pas la parole donnée. Tous ceux qui ont cru à
Eyadéma lorsque celui-ci avait pris l’engagement en 1999 sur
ses grades de général et devant Jacques Chirac de quitter le
pouvoir en 2003, l’on appris à leurs dépens.

La Constitution a
été modifiée (le président togolais ne détient pas ce monopole)
et l’enfant terrible de Pya est toujours au pouvoir. Il a même
bénéficié, avant la proclamation officielle des résultats par la
plus haute juridiction, des félicitations empressées de Jacques
Chirac alors que Gilchrist Olympio, sérieux adversaire du
général à l’élection présidentielle de juin 2003, avait été écarté
du scrutin en raison d’une révision constitutionnelle.

Cette
révision introduisait une obligation de résidence au Togo dans
les douze mois précédant le scrutin alors que M. Olympio vit en
exil depuis plusieurs années. Présentement, le patron du UFC
se trouve au Ghana et se prépare à rentrer dans son propre
pays avec un laissez-passer, faute de passeport que refuse de
lui délivrer les autorités de Lomé. Dans ces conditions, il est
difficile d’instaurer un climat de confiance entre les différents
protagonistes de la scène politique togolaise.

Gilchrist Olympio
semble particulièrement faire peur au régime togolais. Celui-ci
est le fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo,
assassiné en 1963 au moment du premier coup d’Etat perpétré
en Afrique, drame dans lequel Eyadéma a joué un rôle
déterminant.

Gilchrist Olympio lui-même a été victime d’un attentat au Togo
au début des années 1990 alors que les autorités s’étaient
engagées à assurer sa sécurité. Grièvement blessé, il fut
évacué en France pour des soins . Ces différents épisodes
sanglants ont toujours empoisonné les rapports entre les deux
hommes. Pour beaucoup d’observateurs, les négociations
actuellement en cours à Lomé, engagés sous la contrainte de
l’Union européenne, manquent de sincérité. Eyadema ne cèdera
à rien sur le fond, notamment sur la limitation du mandat
présidentiel. Le pouvoir envisage de dépénaliser les délits de
presse. Ce sera un pas important , mais insuffisant pour
l’avancée démocratique.

Il faudrait surtout créer des conditions
favorables permettant aux journalistes d’exercer leur métier ;
arrêter les menaces et intimidations à l’encontre des hommes
de médias ; permettre aux associations de défense de droits de
l’Homme de mener correctement leurs enquêtes sans aucune
entrave ; gérer convenablement les richesses du pays ; éviter de
payer les salaires à la carte et à la tête du client ; mettre fin à la
clanisation de l’Armée et à la caporalisation de toute la nation.

Si
ces conditions minimales ne sont pas réunies, tout autre débat
ne sera alors que pures gesticulations politiques tout juste
bonnes à distraire la communauté internationale.

Le Pays

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