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Sortie médiatique de Salif Diallo : Un coup de Jarnac !

Publié le mercredi 22 juillet 2009 à 19h15min

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Blaise Compaoré et Salif Diallo

On le sait, dans cette interview, aucune question n’était anodine. On ne fait pas Ouagadougou-Vienne pour juste s’entendre dire que le régime parlementaire sauverait notre pays ! On l’a vu, après avoir communiqué la semaine dernière sur le thème du régime parlementaire qui serait la panacée pour sauvegarder la paix sociale dans notre pays et renforcer sa démocratie, cette semaine on nous la joue sur le thème de la « patrimonialisation » du pouvoir. Ce glissement est-il le fait du hasard ou de la subite découverte de ce mot dans l’interview ?.

Assurément le Burkina Faso tient là son feuilleton de l’été. Entre les révélations en cascades sur les tenants et les aboutissants de la sortie de Salif DIALLO, ses effets, ses conséquences et les analyses, commentaires et opinions des uns et des autres, on en aura au moins pour les trois mois à venir. Ça ne sera pas pour nous déplaire, d’autant plus que c’est généralement la période des vaches maigres pour cause de vacances tous azimuts et que certains veulent qu’on leur rappelle qu’ils n’ont pas le monopole de la « mal cause » dans ce pays, même s’ils ont la position avantageuse de pouvoir se cacher derrière des paravents pour décocher leurs flèches empoisonnées.

On en lira donc « des vertes et des pas mûrs », même s’il ne faut pas pour autant laisser la proie pour l’ombre et céder à des provocations, dont les objectifs seront tout naturellement de chercher à noyer le poisson. Comme le dit si bien l’anecdote, « là où tu crois te cacher, c’est là où nous on dort ».

C’est dire si l’avenir nous réserve bien de péripéties dans cette affaire, dont notre confrère « JJ » révèle déjà quelques secrets qui donnent tout leur poids à certains mots, comme si les faits voulaient faire un pied de nez à certains analystes qui ont choisi de ruser avec eux ! En effet, si à tout point de vue, il est évident que Salif DIALLO a perdu son sang froid, à moins qu’on ne veuille nous faire croire qu’il serait un nain politique, il semble qu’il ait entraîné avec lui des commentateurs et des analystes qui, s’ils n’ont pas perdu leur latin, auront du mal à convaincre que leurs analyses et commentaires sont gratuits. A voir les contorsions intellectuelles auxquelles ils se livrent pour nous indiquer des vertus là où il n’y a pas encore longtemps ils voyaient les pires des vices, il y a quelque chose d’indécent et de ridicule qui montre qu’on n’a pas forcément besoin d’être politicien pour s’asseoir sur la morale.

Voilà comment on veut nous faire accepter que Salif DIALLO n’est plus l’âme damnée et l’exécuteur des basses besognes de Blaise COMPAORE qu’on décrivait, mais le preux chevalier qui serait prêt à se sacrifier pour la démocratie et la paix sociale. S’il est vrai que seuls les imbéciles ne changent pas, il est aussi vrai qu’un tel changement d’opinion est plus que suspect. Il est d’autant plus suspect que pour certains d’entre eux, il suffit de suspecter François COMPAORE de vouloir succéder à son frère pour qu’il en soit ainsi avec Salif DIALLO dans le rôle de l’empêcheur de se « succéder en rond ».

C’est vrai que la théorie fait recette et qu’elle présente bien et à peu de frais, même si elle est tenue par des personnes supposées savoir qu’il ne suffit pas d’être suspect pour être coupable. Surtout lorsque cette suspicion ne repose sur rien de tangible et que les accusateurs sont tout sauf crédibles. Ne leur en déplaise !

Quand on pense que ces messieurs se prétendent démocrates et soucieux de la paix sociale dans notre pays, on s’étonne qu’ils décident d’exclure par principe François COMPAORE d’une éventuelle succession au président actuel pour le seul fait qu’il est son frère. Comme si la Constitution interdisait aux parents d’un président d’être candidats à sa succession. C’est vrai que pour certains, c’est un véritable blocage voire une insuffisance mentale, une incapacité « structurelle » à accepter qu’en démocratie, on puisse succéder à un parent.

Pourtant le monde démocratique regorge d’exemples du genre qu’ils feignent ne pas connaître à moins qu’ils ne soient de mauvaise foi, ce qui n’est pas à exclure au regard de leurs métiers. Cela d’autant plus que quand ils abordent le sujet, ils adorent se défausser sur un « on » impersonnel comme s’ils avaient honte d’avouer leurs limites. Car il s’agit bien de cela. A moins qu’ils n’expriment l’opinion de leur héros du moment qui dans son interview donne l’impression d’être de cet avis puisqu’il botte en touche sur la question en disant que « François COMPAORE ne m’a jamais dit qu’il avait des prétentions à succéder à son frère… », alors qu’il aurait pu indiquer que la Constitution ne s’y opposait pas et que cela ne saurait être un problème si telle était sa volonté puis celle du parti et enfin des électeurs.

On le sait, dans cette interview, aucune question n’était anodine. On ne fait pas Ouagadougou-Vienne pour juste s’entendre dire que le régime parlementaire sauverait notre pays !
On l’a vu, après avoir communiqué la semaine dernière sur le thème du régime parlementaire qui serait la panacée pour sauvegarder la paix sociale dans notre pays et renforcer sa démocratie, cette semaine on nous la joue sur le thème de la « patrimonialisation » du pouvoir. Ce glissement est-il le fait du hasard ou de la subite découverte de ce mot dans l’interview ? On peut raisonnablement en douter d’autant plus qu’à croire nos analystes ce serait un mot qui ferait particulièrement mal, le genre de mot dont ils raffolent lorsqu’il s’agit d’analyser les faits et gestes de la République ! Qu’ils ne le découvrent qu’une dizaine de jours après est tout de même curieux ! Mais qu’à cela ne tienne. Si dans ce pays on devait classer les acteurs politiques à leur degré de « patrimonialisation » du pouvoir ou de la parcelle de pouvoir dont ils ont la charge, nul doute que Salif DIALLO serait aux meilleurs rangs, loin devant certains qu’on indexe volontiers. C’est le voleur qui écrirait au voleur, alors !

Pendant que nos analystes y sont, combien d’ambassadeurs de ce pays, selon eux, peuvent se payer les services d’un Directeur de Rédaction d’un journal de la place, frais de transport, de séjour et autres commodités comprises pour seulement donner « un avis personnel » sur la marche de la République ? A en croire JJ, dans son édition n°930 du 16 au 22 juillet 2009 et avant d’appeler chacun à sa tronçonneuse pour en finir avec le chêne à terre, on soupçonnerait Salif DIALLO « d’avoir invité notre confrère à Vienne juste pour cette interview à problème ». Il faut avouer que de tels ambassadeurs ne courent pas les rues. Bien pire, il faut être un « Salif DIALLO » pour le faire, car ce n’est pas seulement une simple affaire de millions de FCFA à débourser, mais aussi et surtout de capacité à forcer les contingences de l’Etat pour le mettre à son propre service et à celui de ses ambitions. Peut-on plus se servir du pouvoir à des fins personnelles ?

A moins que Salif DIALLO ne donne à sa « patrimonialisation » du pouvoir le seul sens d’un bien de famille dont la dévolution se ferait par héritage ; auquel cas il s’attaquerait directement au président COMPAORE qu’il accuserait de gestion patrimoniale du pouvoir. Un véritable coup de Jarnac qui expliquerait bien la mise en scène de cette affaire et l’activisme « désintéressé » de certains individus. Toujours est-il que tout finira par se savoir. Et il nous étonnerait que le CDP ou le pouvoir en souffre autant que le veulent certains.

Quoiqu’on puisse en dire en effet, elle tombe plutôt au meilleur moment pour le CDP. Pour peu qu’il ne se laisse pas distraire par la campagne des médias en cours en entrant dans une polémique politicienne inutile, qui nuirait à son image. Ensuite, son congrès intervient au meilleur moment et est une formidable occasion pour mettre les points sur les « i » et mettre ses principaux responsables au même niveau d’information aussi bien sur cette affaire que sur les questions qu’elle soulève. Ce qui devait être un handicap deviendrait ainsi une formidable opportunité. A quelque chose malheur est bon dit-on. Surtout qu’à l’occasion nous avons vu un autre visage du président du parti. Un « Roch Marc Christian KABORE » qui semble ne plus vouloir s’en laisser conter. En effet par ces temps où chacun semble vouloir donner « sa » lecture sur la vie de la nation et du parti, il urge de mettre de l’ordre dans la maison et de faire en sorte que les têtes fortes sentent que la discipline a un sens dans un parti ; surtout lorsque celui-ci a en charge la gestion du pays.

D’une pierre, le CDP a donc l’occasion de faire plusieurs coups et ne devra pas s’en priver. Cette « crise » ne pouvait donc pas mieux tomber pour lui.o

Cheick AHMED (ilingani2000@yahoo.fr )

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 23 juillet 2009 à 19:42, par PAGOMLIQUI En réponse à : Sortie médiatique de Salif Diallo : Un coup de Jarnac !

    Bsr monsieur le directeur de publication de l’opinion. je pense qu’il faut s’en tenir à vos commentaires et analyses sur la declaration de SD au lieu de s’attaquer aux autres journaux. A ce que je sache, l’opinion n’est pas un journal du CDP.C’est ca la democratie ; la pluralité des oipinions comme d’ailleurs le nom de votre canard le dit.Respectons les opinions des autres confreres. Merci et sans rancune

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