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AXE OUAGA-LOME : Ces cachets qui rapportent gros

Publié le mardi 21 juillet 2009 à 02h02min

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Marcel Soulé

Marcel Soulé est déclarant en douane de son état. Il évoque dans ces lignes, les problèmes rencontrés par les chauffeurs routiers burkinabè qui se rendent à Lomé où il exerce les fonctions de secrétaire général de l’Union des transporteurs routiers du Burkina (URCB). Les défis à relever par sa structure, les acquis, les perceptions illicites, les tracasseries policières et administratives sur l’axe Ouagadougou-Lomé, etc., ce sont, entre autres, les sujets qu’il a accepté volontiers d’aborder avec "Le Pays".

Que peut brandir aujourd’hui comme acquis, votre structure, et pour elle, que reste-t-il à relever comme défi ?

Au Togo, effectivement, nous rencontrons quelques difficultés sur l’axe Lomé-Ouaga dont certaines ont pu être réglées. Sur cet axe, il y a aujourd’hui plusieurs parkings. Ce n’était pas le cas, à une certaine époque. Ces parkings permettent aux camions en difficultés de stationner, le temps d’effectuer les réparations, avant de poursuivre leur voyage. Quand il n’y avait pas ces parkings, les accidents étaient fréquents. Certes, il y en a toujours. Mais il y a à peu près un an, c’était plus grave. Par ailleurs, nous avons eu des séances de travail avec le ministre de l’Intérieur, qui a pris des dispositions pour démanteler certains postes de contrôle qui n’étaient pas nécessaires. C’est pourquoi la circulation est devenue plus fluide, même si quelques lacunes subsistent toujours.

Quoi d’autre, comme acquis ?

Il y a un an de cela, quand vous rentriez au port, vous étiez comme dans un marché. Maintenant, des dispositions plus strictes qui ont été prises ont permis de le désengorger. Les camions pouvaient rester à l’intérieur pendant deux semaines pour chercher du fret. Mais avec les nouvelles dispositions, un camion qui entre dans le port de Lomé n’y passe pas plus de 48 heures.

Pourtant, certains chauffeurs qui vont y chercher du fret, affirment qu’il leur arrive parfois de traîner trop longtemps dans ces lieux…

Cela peut arriver, il est vrai. Mais ces cas surviennent quand le transitaire de la marchandise a un problème avec la douane, relatif au chargement. En tout état de cause, le port a pris des dispositions de telle sorte qu’un camion qui dépasse les 48 voire les 72 heures, paie une amende de 50 000 F CFA par jour, après le 3e jour. Ce qui oblige les transitaires à être dans les délais.

Qu’en est-il à présent des problèmes et défis à relever ?

Le problème crucial que nous rencontrons en ce moment, au Togo, c’est l’arrivée des camions chargés de balles de coton. Sur la route, comme je disais plus haut, ont été aménagés des parkings. Mais à Lomé, il n’y a pas de parkings adaptés à la réception des camions. A Lomé, sur la route menant à Cotonou, par exemple, vous verrez des camions garés pêle-mêle. Ce qui ne peut qu’occasionner des accidents. Dans cette semaine, nous avons enregistré deux cas d’accidents dont un, malheureusement, mortel. Il est inadmissible qu’un chauffeur qui a parcouru plus de 1 000 kilomètres sans problème, se retrouve confronté à un accident, une fois entré à Lomé.

Tout simplement parce qu’il a eu des difficultés pour trouver un parking. Nous souhaitons que l’Etat togolais essaie de voir comment il pourra aménager un parking pour permettre que les camions qui arrivent à Lomé, aient un endroit pour garer, en attendant d’être déchargés au niveau du port. Autre problème : le cas des vols au port. Il n’y a que deux portes. Une porte d’entrée qui sert aussi de sortie. Certes, il y a une autre porte de sortie, mais elle n’est pas officiellement opérationnelle. Toujours est-il qu’on ne peut pas accepter ces cas de vols. Très récemment, j’ai reçu la plainte d’un chauffeur qui a chargé des motos rangées dans des caisses. Cinq motos ont été soustraites de ces caisses. Certes, il y a la sécurité. Mais il reste encore beaucoup à faire.

Comment réagissez-vous, face aux perceptions illicites ?

Sur l’axe Ouaga-Lomé, pour un camion dont les documents sont totalement en règle, le chauffeur n’est pas embêté en tant que tel, en tout cas pas autant que le chauffeur qui n’est pas en règle. A ce sujet, je dois reconnaître qu’il y a des chauffeurs conscients. Pour ceux dont les documents du véhicule ne sont pas à jour, on ne peut pas considérer ce qu’ils offrent aux gendarmes, policiers et autres, comme des perceptions illicites, puisqu’ils ne sont pas en règle. Comment pouvez-vous comprendre, par exemple, que dans la cabine d’un camion, qui doit, en principe, contenir pas plus de trois personnes, on se retrouve parfois à 4 ou 5 personnes ?

Et quels sont les documents dont il faut disposer, sur l’axe, pour tout chauffeur qui veut se mettre en règle ?

Il faut, en plus du permis de conduire, bien sûr, avoir les deux cartes grises (pour la remorque et le tracteur), les deux assurances (encore pour la tête et la queue du camion), les deux visites techniques pour les mêmes éléments, et la carte de transport international. Pour certaines marchandises, il faut le certificat d’origine. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour soulever un problème relatif au transport des balles de coton. Comme vous le savez, pour les marchandises venant du Burkina, le chauffeur voyage avec le carnet de la marchandise. A partir de Cinkansé, à chaque poste de contrôle douanier, il doit présenter ce carnet sur lequel est marquée, comme son nom l’indique, la marchandise qui sera déchargée à Lomé. Par le cachet qu’il met sur le carnet, le douanier atteste qu’il a vu passer la marchandise. Ce cachet, en principe, n’est pas payant. Mais le constat sur le terrain est tout autre. Pour viser le carnet, certains douaniers réclament 500 ou 1 000 F CFA. Et comme ce n’est pas officiel, le douanier qui suivra réclamera, lui aussi, sa part, et ainsi de suite jusqu’à Lomé. Le chauffeur, qui ne peut pas circuler sans ce cachet, est alors obligé de se plier.

Et pour ce qui est du temps des contrôle ?

Pour le temps de contrôle, il n’y a pas, à ma connaissance, tellement de problèmes. Sauf à Cinkansé à la frontière où les camions de balles qui arrivent à la brigade sont obligés de faire malheureusement une semaine avant de partir. J’ai ouï dire que la douane a souhaité que les camions viennent par convois. Et si, donc, vous êtes les premiers à arriver, il faut attendre l’arrivée des autres camions avant d’avoir le feu vert pour redémarrer. Avant, ce n’était pas le cas. Tout camion qui arrivait était aussitôt libéré après les formalités. Je ne sais pas pourquoi cette disposition a été prise. En tous les cas, celle-ci ne nous arrange pas en tant que chauffeurs.

Dans le sens contraire, c’est-à-dire dans le sens Lomé-Ouaga, les retards sur les routes sont dues aux agents de contrôle routiers qui s’amusent à retarder les chauffeurs quand ceux-ci ne leur graissent pas la patte. C’est pourquoi nous sensibilisons les chauffeurs. Nous leur disons qu’ils n’ont pas à payer quoi que ce soit aux agents de contrôle dès lors qu’ils ont tous les papiers en règle. Force est de constater, malheureusement, qu’il y a toujours des chauffeurs qui préfèrent glisser "quelque chose" parce qu’ils ne veulent pas perdre de temps sur la route.

En cas d’accident, on fait quoi ?

"En cas d’accident, tout devrait se régler entre compagnies d’assurance". Ce qui n’est pas évident, selon ce transporteur.

"En cas d’accident, pour un camion assuré, qui dispose de tous ces papiers à jour, la logique voudrait qu’après le constat de la police, tout se règle entre compagnies d’assurance. A Lomé, ce ne semble pas être le cas. Le chauffeur se voit obligé de réparer les dégâts du véhicule tiers, en cas d’accident, s’il veut partir vite. A Lomé, ces cas sont fréquents."


Moumouni Traoré, chauffeur

"On a de sérieux problèmes avec les zémidjan"

Nous voyons de tout sur la route. Une fois à Lomé, les camions se renversent trop souvent. C’est notre plus grand problème. Entre le Terminal du Sahel à Zongo et le port de Lomé, le chauffeur ne peut rouler qu’en première ou en deuxième. En outre, il n’y a pas de parkings réservés aux camions à Lomé. Garés aux abords des voies, nous sommes souvent victimes de vols, sans compter les accidents. On a de sérieux problèmes avec les zémidjan (ndlr : motos-taxis). Sur le territoire burkinabè, le seul problème qu’on peut soulever, ce sont les reproches qui sont faits au niveau de la police de Bittou.

Propos recueillis par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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