"Danse sacrée à Yaka" pose le problème du respect des traditions africaines, notamment burkinabè, dans un environnement dominé par les idées occidentales. Guy Désiré Yaméogo, le réalisateur du film, également l’un des meilleurs scénaristes du Burkina Faso, traite cet antagonisme entre tradition et modernité sous l’angle du mariage "forcé". A l’écran, Bineta (Sita Ouédraogo) est donnée en mariage contre son gré à un vieillard, Baldé. Une union bénie par les ancêtres du village. La jeune femme fugue. Quelques temps après, le vieux Baldé décédé et pour le repos de son âme, toutes ses épouses doivent pratiquer un rituel d’adieu à sa mémoire :
La danse sacrée des morts. Imbue de ses convictions de jeune fille moderne, Bineta refuse parce qu’elle ne reconnaît pas son mariage avec le défunt. Alors, les malheurs s’abattent, selon la volonté du défunt Baldé, son tous les hommes qui s’approchent de Bineta...

Grâce à un casting pertinent avec un excellent Rasmané Ouédraogo (Raso), Mme Blandine Yaméogo, bien dans un rôle de voyante et de jeunes, Smarty et Sita Ouédraogo (Bineta) qui ont su donner la réplique, le film de Guy Désiré met aussi à nu le lévirat, le manque de liberté d’expression, l’exploitation des pays africains par l’Occident, l’incompétence policière, les us et coutumes en Afrique, etc. En plus de la thématique, le cinéaste a su captiver les spectateurs par des flash backs de Bineta, du bruitage (tonnerre) qui renforcent le drame vécu par l’héroïne.
"Danse sacrée à Yaka" est, pour le monde des comédiens et de la presse, un moment de retrouvailles avec feux Kader Garba et Joseph Silga qui disait dans le film "ce que les ancêtres ont uni, seuls les ancêtres peuvent le désunir".

Alassane KERE

Sidwaya