LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Mahamadou Ouédraogo, président de l’APIM/Burkina : « La microfinance assure des missions à la fois sociale et commerciale »

Publié le mercredi 15 juillet 2009 à 01h59min

PARTAGER :                          

Mahamadou Ouédraogo

En marge de la 4e conférence panafricaine sur la microfinance, le président de l’Association professionnelle des institutions de microfinance (APIM/Burkina), Mahamadou Ouédraogo revient sur les principales conclusions de cette assise. Il se prononce aussi sur les défis et les contraintes du secteur au Burkina Faso.

Sidwaya (S). : Quel bilan peut-on tirer de la 4e conférence sur la microfinance tenue du 7 au 10 juillet dernier à Ouagadougou ?

Mahamadou Ouédraogo (M.O.) : Nous nous sommes réjouis de la forte participation à la fois des praticiens, des responsables de la banque centrale, d’institutions internationales, de chercheurs qui sont venus soutenir la réflexion sur le secteur de la microfinance. Il y a eu plus de 427 participants. Le comité d’organisation a fait un effort colossal de mobilisation. Aussi, notre association a souhaité que la réflexion puisse servir à permettre un large accès des populations. Que ce soit les individus ou les micro entreprises rurales et urbaines, chacun doit accéder au financement. Nous ressortons ragaillardi de cette conférence par l’ensemble des communications enrichies par des universitaires. Toute chose qui permettra à chaque institution de voir quels sont les correctifs nécessaires à l’accomplissement de ses missions.

S. : Quelle a été la contribution de l’APIM à l’avancée des débats pour l’édification d’un système financier inclusif qui favorise l’accès aux ressources financières ?

M.O. : L’APIM/B dont la mission est de regrouper l’ensemble des praticiens du secteur au Burkina, a l’ambition de nourrir la réflexion à ce niveau pour que la contribution des institutions de microfinance au développement soit le plus positif possible. Ce thème qui accorde une place de choix à l’accès au financement rejoint les objectifs de notre association professionnelle. Nous avons mobilisé les IMF en vue de préparer ces assises en étant membre du comité d’organisation depuis octobre 2008. Fort heureusement, le ministère de l’Economie et des Finances a contribué de façon intéressante à l’inscription de nos membres en dégageant des ressources consistantes à cet effet. Nous avons contribué aux débats pour sortir justement des propositions à même d’aider la microfinance à faciliter l’accès au financement.

S. : Qu’est-ce qui explique selon vous, que la microfinance, qui a pour principale clientèle les pauvres, perçoit paradoxalement des taux d’intérêts très élevés ?

M.O. : Effectivement, cela peut paraître paradoxal. Mais, sachez que la microfinance recouvre deux aspects. Nous devons assurer à la fois des missions sociale et commerciale. Nous devons servir une clientèle parfois démunie, pauvre économiquement tout en oeuvrant à ce que nos structures facilitent l’accès du plus grand nombre au financement. Cela suppose la mise en place d’instruments. Il faut disposer des ressources importantes, à faible coût. Nous devons aussi avoir des structures déconcentrées. De l’autre, de plus en plus, les bailleurs de fonds se désengagent. Même sans la crise financière, leurs apports s’étaient raréfiés du fait qu’on exige rentabilité et pérennité au secteur de la microfinance. Cela impose qu’on ait des IMF fortes capables d’offrir des services aux pauvres dans la durée.

S : Comment concilier ces deux exigences ?

M.O. : C’est un pari difficile à relever. Etant donné que les ressources s’amenuisent, nous sommes obligés de recourir aux banques internationales et commerciales pour emprunter. Quand vous empruntez à des taux d’intérêts qui ne sont pas ceux pratiqués ailleurs, il est difficile au regard du contexte et du fait que la microfinance a une clientèle proche. Il ne faut pas oublier que la proximité des clients oblige les IMF à mettre en place le crédit, à assurer son suivi parfois dans des conditions extrêmement pénibles. Il y a un personnel qu’il faut former, rémunérer. A ce niveau, quand vous faites le calcul, vous êtes contraint d’appliquer des taux d’intérêts que les uns et les autres trouvent élevés. Mais, nous pensons que les activités financées permettent de supporter un certain taux d’intérêt.

Là où se trouve notre espoir est que la professionnalisation du secteur et l’accroissement du nombre d’institutions de microcrédit permettront par le jeu de la concurrence, peut-être d’amoindrir les taux d’intérêts. Nous avons toujours besoin du soutien des Etats et des partenaires financiers. Seuls, nous sommes incapables d’opérer ce changement. Car, nous intervenons dans un contexte difficile nécessitant des infrastructures, des routes, de l’électricité, le téléphone, la sécurité. Ce sont autant des facteurs qui limitent parfois l’extension de nos réseaux. Mais, à ce jour, nous couvrons l’ensemble du territoire national. Notre souhait est que l’Etat poursuive son soutien afin que nous ayons des IMF fortes permettant l’accès des pauvres au financement à moindre coût.

S : Quelles sont les perspectives en termes de défis pour la microfinance au Burkina Faso ?

M.O. : L’un des défis porte sur la maîtrise de l’accroissement des risques par la forte prolifération des IMF ayant peu ou pas d’avenir. Nous devons avoir les meilleures pratiques possibles en vue d’améliorer les outils de gestion, de mobiliser davantage les ressources et avoir un meilleur accès à celles des banques. Nous devons aussi développer et diversifier les produits financiers pour les rendre accessibles aux populations. Au regard du manque d’information sur le secteur, il importe d’améliorer l’information sur le microcrédit.

Interview réalisée par Nadoun COULIBALY

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)
Burkina/Finance : L’ACEP fait des heureux gagnants