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Mercenaires aux frontières de la Guinée : Première vraie épreuve de Dadis ou manœuvre politique ?

Publié le mardi 14 juillet 2009 à 02h11min

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Demandez à n’importe quel Guinéen de Conakry, Labé ou Kankan quelle était la principale qualité de l’ex-président Lansana Conté, et il vous répondra sans sourciller : « C’était un bon militaire, il a sauvé la Guinée » ; tous pensent aux rebelles de Charles Taylor partis du côté du Liberia attaquer la Guinée dans les années 90.

A l’époque, « Pèssè » (celui qui parle crument, surnom de Conté en langue soussou) avait non seulement bouté les envahisseurs dehors, mais était même prêt à entrer dans Monrovia ; pire, certains rebelles s’étaient crus à l’abri en se mêlant aux populations du côté de Nzérékoré en Guinée forestière, mais mal leur en a pris, puisque Conté, pour étouffer toute velléité de guérilla sans visage, a fait bombarder ladite ville, tuant civils et rebelles.

Et ce fut la fin des visées impérialistes de Charles Taylor sur ce pays. Plus loin dans le temps, dans cette même Guinée Conakry, on se rappelle que sous le règne d’Ahmed Sékou Touré, des mercenaires portugais, badigeonnés de matière ébène qui les avait rendus « Noirs », avaient tenté, le 22 novembre 1972, d’accoster par mer afin de renverser le Silly.

Echec total, puisque les commandos de « Mandjou », parmi lesquels il y avait un certain Lansana Conté, défirent les assaillants. La « 5e colonne » avait vécu. Apparemment, entre cette nation guinéenne et les assaillants extérieurs, c’est une histoire d’amour, puisqu’on apprend que, ces derniers jours encore, des mouvements de groupes armés auraient été signalés dans le triangle Casamance (au Sénégal), Foya (Liberia) et la zone frontalière avec la Guinée Bissau.

Le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), l’organe qui assume le pouvoir d’Etat, a fait savoir que « toute atteinte à l’intégrité du territoire guinéen sera considérée comme un acte de guerre » et que ses auteurs seraient pourchassés jusqu’à l’intérieur du pays qui leur sert de base arrière.

Si donc cette agression extérieure se précise et se réalise, ce sera la première vraie épreuve de cette junte qui a pris le pouvoir le 23 décembre 2008 sans effusion de sang. Mais de quels agresseurs peut-il s’agir ?

Est-ce des irrédentistes casamançais qu’on a payés pour tenter cette aventure ? Ou des adversaires politiques qui veulent en découdre avec les militaires au pouvoir ?

Ou enfin des narcotrafiquants comme le croient déjà le CNDD, qui, face à la croisade que mène ce dernier, veulent en finir avec lui pour continuer tranquillement leur sale besogne ?

Et si affrontement il y a, ce sera à l’avantage de la junte, laquelle ne sera pas prise au dépourvu, l’effet de surprise n’étant plus possible. En outre, les attaquants auraient affaire à forte partie : d’abord, même s’il est vrai que l’armée guinéenne n’est pas très bien équipée, elle a l’avantage d’avoir pratiqué plusieurs guerres larvées à ses frontières au cours des années passées, ce qui lui donne l’expérience du terrain qui, en la matière, est déterminante.

C’est d’ailleurs lors de ses affrontements que les hauts faits d’armes de l’actuel ministre de la défense du CNDD, Sékouba Konaté, lui ont valu le surnom de... « Tigre », tant il a bouffé de l’ennemi.

Cependant il y a aussi une autre hypothèse qu’on ne saurait écarter : cette histoire d’attaque n’est–elle pas concoctée par les illustres locataires du camp Alpha-Yaya- Diallo pour divertir les populations afin de les détourner de la problématique de la transition, qui semble être, chaque jour que Dieu fait, de moins en moins une préoccupation pour Moussa Dadis et ses camarades ?

En tout cas, la classe politique n’est pas loin de le penser, car, pour elle, au lieu de s’occuper du processus électoral, le CNDD se bat contre la mal gouvernance, la drogue..., combats certes nobles et louables, mais qui ne sauraient être gagnés en 6 mois ou un an. Alors que la présidentielle est prévue en principe pour le 13 décembre 2009.

Enfin, il se peut que cette affaire d’attaque soit aussi une occasion en or d’envoyer au front, donc d’éloigner, certains militaires qui ne sont pas en odeur de sainteté auprès de la junte. Attendons de voir la suite.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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