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Mossis et Samos : La parenté à plaisanterie au service de l’environnement

Publié le lundi 13 juillet 2009 à 03h31min

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Une visite de courtoisie au Moogh-Naaba Baongho suivie d’une plantation d’arbres dans sa cour ; c’est l’action inédite posée par les Samos, le 10 juillet 2009 à Ouagadougou, sous l’empreinte de la légendaire parenté à plaisanterie entre eux et les Mossis. Initiée par l’Association « Sitoi Lawaa », cette démarche marque le lancement d’une campagne de reboisement qui couvrira Ziniaré, Toma et Tougan.

Le vendredi 10 juillet 2009, une centaine de femmes samo ont envahi la cour du Moogh-Naaba Baongho. Avec à leur tête le chef de Toma, Emile Paré, elles sont venues faire allégeance à l’empereur des Mossis. Comme il fallait s’y attendre, la parenté à plaisanterie ou le « rakiré » en mooré, cette valeur culturelle qui ravive la fraternité entre Samos et Mossis et entre bien d’autres ethnies de notre pays, était au rendez-vous.

C’est le maître des lieux qui a été le premier à taquiner ses visiteurs. « Permettez-moi, leur a-t-il dit, de saluer d’abord ceux qui méritent ma considération, avant de vous témoigner ma gratitude pour votre dévouement à vos maîtres mossi ». Eclats de rires dans la foule. Ce qui n’a pas manqué de faire sortir le chef samo, le banquier Emile Paré, de ses gonds. A son tour, il invite leurs hôtes à se détromper, les Samos n’étant pas venus pour faire allégeance, mais plutôt pour donner une leçon de sauvegarde de l’environnement à qui l’on sait.

Car, poursuivra-t-il, « nous avons remarqué que plus ces parents sont nombreux, plus ils vont à l’intérieur du pays et plus la désertification avance. Aussi sommes-nous venus leur apprendre qu’il faut planter des arbres ». Il y a eu cependant un moment où, a-t-il ajouté, la présence des Mossis aurait été bénéfique à toute l’humanité. Car, explique le chef de Toma, « Si au départ Adam, notre ancêtre à tous, avait été un de ces gens-là, le pommier qui a donné la pomme que celui-ci a consommée et dont nous souffrons tous aujourd’hui, il n’y aurait pas eu de pommier pour donner la pomme ». C’est dommage donc, a-t-il conclu que les Mossis aient été créés un peu tard. Mais il ne désespère pas car, pour lui, si les millions de Mossis que compte le Burkina s’engagent dans cette campagne, la déforestation sera réduite.

C’est dans cette ambiance très détendue que la présidente de l’association « Sitoi Lawaa », Suzanne Konané, a pris la parole pour situer le contexte de cette cérémonie de lancement officiel de la première édition de la campagne de reboisement « Rakiré ». Placée sous le thème « Une femme, un arbre dans la cour », elle permettra de mettre en terre 6700 plants (arbres fruitiers) dont 700 dans la cour du Moogho-Naaba et le reste à Ziniaré, à Toma et à Tougan.

Il s’agit pour "Sitoi Lawaa", une association qui réunit des femmes samo, de mettre la parenté à plaisanterie au service du développement du Burkina Faso. Pour Mme Konané, ensemble avec les Mossis, « qui n’ont jamais manqué à leur devoir d’esclaves, toujours serviles, dociles et prêts à accomplir les tâches et missions à eux confiées », elle ne doute pas que cette opération sera une réussite. Elle a exhorté les uns et les autres à œuvrer à la perpétuation de cette valeur culturelle qu’est la parenté à plaisanterie pour une paix sociale consolidée et une coexistence pacifique entre les Mossis et les Samos en particulier, et entre les différentes ethnies en général. La représentante du ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, parrain de la présente cérémonie, a, avant de procéder au lancement officielle de la campagne de reboisement, salué l’initiative et l’esprit de solidarité que les femmes de l’association "Sitoi Lawaa", ont développés pour mobiliser 15 associations autour de cette opération de plantation d’arbres sous le sceau du « rakiré ».

Avant d’aller mettre en terre les plants, les femmes samo ont offert en cadeau à l’empereur des Mossé un chiot. Tout en les remerciant pour leur présent, le Moogh-Naaba Baongho a invité ses « sujets samo » à veiller à la survie de cette espèce animale dont ils raffolent. L’empereur des Mossis n’a pas manqué l’occasion de prier pour une bonne saison pluvieuse. Signalons que la journée du vendredi fut chargée pour lui car, avant que les Samos « n’envahissent » sa cour, il a reçu la visite d’une forte délégation de la mairie de l’arrondissement de Dafra, conduite par l’édile de ladite localité, Sidi Sanogo. Il s’agit de conseillers et d’agents municipaux qui séjournaient à Ouagadougou dans le cadre du jumelage entre l’arrondissement de Bogodogo et celui de Dafra.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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