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KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

Publié le jeudi 9 juillet 2009 à 02h33min

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"Toute force qui s’oppose sans s’imposer, s’expose à être déposée". Cet adage, Naaba Sembdo, fils héritier de feu Naaba Salma, ancien chef du canton de Komtoèga (province du Boulgou) semble l’avoir fait sien. Dans le bras de fer qui l’oppose à son oncle, Naaba Tanga II, le jeune Naaba Sembdo, est décidé à conserver l’héritage paternel, le trône royal de Komtoèga. A la suite de son oncle qui a célébré en début juin le 3e anniversaire de son intronisation, Naaba Sembdo a voulu à son tour faire une démonstration de force, d’une part en exprimant sa popularité au sein des habitants de Komtoèga et environnants, d’autre part à travers la reconnaissance de sa légitimité par ses pairs de la localité.

Cela s’est traduit par une tournée qui l’a amené respectivement à Tenkodogo, Garango, Torla, Boussouma, Ouarégou et Béguédo, du 3 au 4 juillet 2009. Aussi bien l’empereur de Tenkodogo, Naaba Saaga, que les chefs des autres villages visités, tous se sont dit acquis à la cause du jeune chef.

Partout où elle s’est rendue, de Tenkodogo à Béguédo, en passant par Garango, Torla, Boussouma et Ouarégou, sans compter Komtoèga, le village même du chef, la délégation conduite par Naaba Sembdo a été accueillie en grande pompe. Cette visite qu’il a effectuée du 3 au 4 juillet 2009 auprès des souverains desdites localités avait plutôt l’air d’une réplique à son rival, Naaba Tanga II qui se trouve être son oncle paternel. Il s’agissait notamment pour Naaba Sembdo de prouver auprès de ses pairs de la région sa légitimité en tant qu’unique chef du trône de Komtoèga. Apparemment, le jeune homme a gagné son pari car c’est sans ambages que Naaba Saaga, l’empereur de Tenkodogo, dont on dit être l’origine même de la chefferie coutumière moagha, le royaume père des Mossé, a dit être avec lui. Soit dit en passant, les ressortissants de Komtoèga sont en réalité des Mossé et le village est placé sous l’autorité du Mogho Naaba, roi de Ouagadougou. Jeudi 2 juillet, il était 17h30 lorsque Naaba Sembdo, escorté par une foule en liesse qui était allée l’accueillir depuis l’entrée du village précédent, est arrivé à son palais.

Toute la nuit, l’on a chanté et dansé en l’honneur du jeune dignitaire. Le lendemain, à 8h, Naaba Sembdo, avant sa randonnée, devait d’abord s’adresser à son peuple qui avait fait le pied de grue devant le palais royal. Le chef, majestueusement habillé pour la circonstance, dans son message, a dit être heureux de retrouver son peuple, après quelques mois d’absence. Car Naaba Sembdo, âgé seulement de 18 ans, est un scolaire à Ouagadougou. C’étaient les premiers mots prononcés en public par le jeune chef et il n’en fallait pas plus pour faire fondre en larmes bien des gens, notamment au sein de ses conseillers qui, depuis 2005, voient en Naaba Tanga II, un usurpateur qui s’est autoproclamé chef de Komtoèga et des 13 autres villages qui s’y rattachent.

En effet, intronisé le 7 juin 2005, pour succéder à son père, Naaba Salma, disparu quelques années plutôt, Naaba Sembdo, se retrouve être contesté aujourd’hui par une partie de ses sujets, avec à leur tête son propre oncle, l’ancien DAAF de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL), Sébastien Passolgué Yoda alias Naaba Tanga II, qui s’est fait lui aussi intronisé le 24 décembre de la même année. Depuis lors, les partisans des deux camps se regardent en chiens de faïence, si bien qu’on parle aujourd’hui de deux chefs à Komtoèga. Mais, pour les partisans de Naaba Sembdo, il ne saurait y avoir deux chefs à Komtoèga. Aussi sont-ils décidés à résister, même si l’on parle aussi d’une mainmise politique. Et les fidèles de Naaba Sembdo n’hésitent pas à citer les noms de deux gourous de la classe politique qui tireraient les ficelles.

Le fétiche royal, le Mogho Naaba... des preuves de la légitimité

Outre le mode de succession qui se fait du père au fils, deux éléments majeurs confortent la légitimité de Naaba Sembdo, selon ses partisans. D’abord, du fait que Komtoèga, coutumièrement, est sous l’autorité du royaume de Ouagadougou, la légalité du chef du village dépend principalement du Mogho Naaba. C’est lui qui donne à tout souverain nouvellement élu de Komtoèga, son bonnet de chef. Et, d’après les témoignages, le trône de Naaba Sembdo ne saurait être remis en cause à partir du moment où celui-ci a reçu son bonnet des mains de Sa Majesté le Mogho Naaba Baongho, à Ouagadougou.

Ce qui a été confirmé par l’empereur de Tenkodogo, lorsqu’il a reçu le jeune chef à son palais le vendredi 3 juillet 2009. "Nous le reconnaissons comme l’unique chef de Komtoèga", a dit Sa Majesté Naaba Saaga à l’endroit de son hôte du jour. Il a poursuivi en disant que : "Je ne connais qu’un seul chef à Komtoèga, qui a effectué le rituel, qui a fait les coutumes normalement, qui est reconnu au niveau du royaume de Zoungrantenga, le royaume père fondateur de la dynastie royale, de la chefferie (ndlr, la chefferie moagha). C’est lui qui est reconnu. Il est reconnu par Sa Majesté le Mogho Naaba Baongho qui l’a intronisé...

" Les mêmes propos ont été tenus, d’une façon ou d’une autre, par les autres chefs auxquels le jeune homme a rendu visite, en l’occurrence Naaba Koom de Garango, Naaba Yento de Torla, Naaba Baongho de Boussouma, Naaba Nanga de Ouarégou et Naaba Boulga de Béguédo. C’est ainsi que le chef de Garango a dit à son tour que "comme il ne peut y avoir deux capitaines dans un même bateau, de la même manière, il ne saurait y avoir deux chefs dans un même village." Naaba Baongho de Boussouma lui, par contre, a demandé à son homologue d’être tolérant. "Il n’a qu’à avoir le courage et le pardon", a-t-il dit. Ce n’est pas tout. Dans la cour royale, Naaba Sembdo a aussi le soutien de ses 11 grands-mères paternelles, les épouses de Naaba Yemdé, père de Naaba Salma et de son frère cadet, Sébastien Passolgué Yoda (Naaba Tanga II).

La douzième, qui vit en recluse, est en fait la génitrice de ce dernier. L’une de ces femmes, la plus âgée, du nom de Bernadette, a dit à propos de l’opposition entre les deux chefs : "Nous ne connaissons que Naaba Sembdo comme notre chef ; pas une autre personne". Plus grave, les 11 vieillards qui ont accepté de poser pour la presse, avaient dans un premier temps refusé de reconnaître Sébastien Passolgué Yoda. Par ailleurs, décidés à prouver leur légitimité aux journalistes, les notables de la cour royale n’hésiteront pas à faire visiter par ceux-ci la case où est gardé le fétiche royal de Komtoèga, située dans le palais habité par Naaba Sembdo et dans lequel du reste l’autre chef n’oserait pas mettre les pieds encore.

Sur la question de son opposition avec son oncle, le jeune chef Naaba Sembdo a résumé ses pensées en quelques phrases seulement : "Depuis 2005, mes oncles s’opposent à moi. Mais, je ne prends pas cela en compte. Je leur dis simplement que je suis un jeune garçon, un élève, j’ai besoin de leurs conseils. S’ils le veulent, ils peuvent revenir vers nous, notre porte reste ouverte." A noter pour finir que Naaba Sembdo, sur conseil de celui-là même qu’on peut désormais considérer comme étant son mentor, l’empereur de Tenkodogo, Sa Majesté Naaba Saaga, envisage de poursuivre sa tournée. Cette fois, ce sera à Fada N’Gourma et au Yatenga, deux autres grands royaumes.

Par Lassina Fabrice SANOU

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 juillet 2009 à 10:59, par Ollo En réponse à : KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

    Je suis confus d’exposer mon ignorance, mais qui peut bien m’éclairer sur les prérogatives exactes de la chefferie dans cet Etat, semble-t-il, de droit et, semble-t-il toujours, républicain. Quant à vous les journalistes, manquez-vous à ce point de sujets à traiter pour nous servir, jusqu’à plus faim ni soif, ces flonflons sur le moindre éternuement du plus obscur dignitaire ? On aura remarqué par ailleurs que ceux dont il est le plus souvent question sont "naaba".Ne confortez-vous pas de la sorte un sentiment, partagé à tort ou à raison, qu’une communauté est plus visible que les autres ? Le souci d’informer doit aller de pair avec la responsabilité citoyenne. La mission du journaliste dans le contexte de nos pays ne consiste-t-elle pas aussi à renforcer les institutions républicaines ? Ce sont elles qui sont,il me semble, la meilleure garantie de cohésion.Quant à ce brave garçon de dix-huit ans, que dire de son instrumentalisation ? Quels sont les enjeux de tout ce battage pour le burkinabe lamda ? Que les bonnes âmes m’éclairent car je ne suis qu’un paysan ignorant et simple qui est épris de paix et de tranquillité pour lui et pour tous ceux qui vivent dans ce pays.

  • Le 9 juillet 2009 à 15:42, par bendré En réponse à : KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

    toute cette pagailles de la tradition Moaga est de la responsabilité direct du Mogho Naaba qui de plus en plus impliquer dans la politique et mal conseiller par ses ministres qui cahchent tjrs des interets politiques que coutumieres ont contribué è creer cette situation deplorable mais le Mogho Naaba doit ouvrir plus ses yeux pour voir clair faire appliquer la regle traditionnelle qui voudrait ke tous les Nakomsés aient droit à la pretention legitime du trone de leurs peres et de leurs grand peres au lieu de baser sur cette fausse regle de successsion de pere en fils imposée par les colons et lachement conservé par nos chefs demagogues dont le model n’a rien a voir avec la realité sociale et horistique du Moogo ainsi dit dans le respect de la regle traditionnelle quand Moaga meurt c’est le plus apte parmi ses freres ses cousins dans la ligné des Nakomsés qui doit etre designé pour le trone de ses ancetres et NON automatiquement le fils ainé du chef défunt ki generalement est trop jeune et impreparé pour assumer la responsabilité et de devoir d’un etat

    • Le 9 juillet 2009 à 18:12 En réponse à : KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

      ecoutez, ts ces amoureux des chefs, laissez la paix a ce pays. Nous on s’ en fout de votre passion nabale. Qu’ on ne me dise pas que ca c’est la culture. C’est histoire de manger encore. Moi je viens d’ une culture egalitariste appelee a tort anarchique. Chez nous c’est le plus valable qui emerge tout naturellement et tout le monde l’ ecoute. Inspirez- vous des bons exemples autour de vous et foutez nous la paix avec vos chefferies qui tuent des innocents.

      Dabire Nanbbekabe Francois - Xavier

  • Le 9 juillet 2009 à 18:38 En réponse à : KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

    C’est vrai mon frère Dabiré. On nous pompe l’air avec ces histoires de chefferies au 21ème siècle ! Qu’ils nous fichent la paix tout simplement, on a trop de chats à fouetter.

    • Le 9 juillet 2009 à 20:28 En réponse à : KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

      On est simplement fatigue. Nous sommes en republique, pour ceux qui souvent , l’ oublient.
      Vive le Faso (Republique)du Burkina, vive le Burkina Faso, un et indivisible, ou la constitution ne reconnait qu’ un seul chef : le president de la republique. Il est notre chef commun a tous du sud au nord, de l’est a l’ ouest. le reste, c’est dangereux pour notre unite.

      Millogo Die Fatogoma

  • Le 10 juillet 2009 à 00:11, par henry clay En réponse à : KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

    ce n’est pas que je pense que les naba sont util mais le Mogho Naba devrait prendre ses responsabilte en charge et ramene sa horde d’indisciplines. pourquoi fi there is no mmoney to be made sont’ils en train de battre. pendant que la masse que nous representons se cherche la lutte pour un pouvoir futil se deroule. F*ck this sh%t

  • Le 10 juillet 2009 à 11:22 En réponse à : KOMTOEGA : La démonstration de force du jeune chef, Naaba Sembdo

    Bonjour chers lecteurs.

    Je suis d’avis avec les lecteurs qui pensent qu’il ya d’autres sujets d’intérêts à traiter que de se mêler à des querelles de clochers.
    Je n’ai pas de parti pris dans cette lutte entre oncle et neveu. Mais, pour une question de professionnalisme, je voudrais savoir si le journaliste a cherché à avoir la version du camp de l’ancien DAAF de la CIL ? Ou, si c’est un publi-reportage, qu’on le spécifie afin que le lecteur sache que c’est un article commandé et qu’il ne se triture pas les méninges avec une histoire entre membres de la même famille.
    Mon souhait est que cette crise familiale ne se transforme pas en affrontements ont des innocents vont payer pour quelque chose où ils ne gagnent rien.
    Cher journaliste, distille-nous des informations qui vont dans le sens de la construction de l’Etat de droit où les règles du jeux démocratiques seront respectées à fond.

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