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SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

Publié le mardi 7 juillet 2009 à 01h09min

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Le Botswana se démarque du syndicat des chefs d’Etat africains. Aussitôt après la décision de l’Union africaine (UA) au sommet de Syrte (Libye), de ne pas coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) en vue de l’arrestation du président soudanais, Omar El Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, ce pays jette un gros pavé dans la mare. Il remettrait l’homme fort de Khartoum à la CPI si jamais il s’aventurait sur son territoire. En cela, le Botswana reste logique envers lui-même. Etat membre du Statut de Rome sur la CPI, le traité l’oblige, en principe, à coopérer avec cette Cour. Et c’est bien ce qu’il entend faire.

D’aucuns se sont demandé ce qui a pu empêcher ce pays de faire entendre sa voix au sommet où il était pourtant présent. Où était-il quand les autres Etats africains convenaient d’une position commune qui allait ensuite être rendue publique ? Une telle question trouve réponse dans les déclarations du ministre botswanais des Affaires étrangères, Phandu Skelemani, selon qui, le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, l’a empêché de s’exprimer en raccourcissant le débat. En tous les cas, la voix du gouvernement botswanais a fini par se faire entendre, qui ne souffre d’aucune ambiguïté. En se rebellant comme il le fait, le Botswana indique clairement à la face du monde qu’il reste attaché à ses engagements vis-à-vis de la CPI. Toutes choses qui lui interdisent donc de couvrir le chef d’Etat soudanais sur qui pèsent de fortes présomptions sur sa participation présumée dans un nombre important de ces crimes contre l’humanité.

Trente pays africains ont ratifié les statuts de la CPI. Mais cela n’empêchera pas le président Omar El Béchir de circuler librement en Afrique, en dehors, bien sûr, du Botswana qu’il ne prendrait même pas le risque de survoler. Et comme toujours, ce sont les dirigeants africains qui auront décidé ainsi, entre eux, sans tenir compte de l’avis de leur peuple. Sous le prétexte que la Justice internationale telle que représentée par la Cour, est un complot de l’Occident, ils auront donc fait preuve d’une solidarité malsaine qui renvoie à l’extérieur, l’image d’une Afrique qui peine à juger ses anciens ou actuels chefs d’Etat aux mains tachées de sang. Il est vrai que cela ne fait pas honneur au continent, de voir ses anciens dirigeants tortionnaires jugés par des juridictions internationales, alors que l’Afrique ne manque pas de cadres compétents en la matière.

Mais que faire quand la CPI se présente finalement comme le dernier recours, le seul espoir pour les familles des victimes, face à des juridictions nationales inféodées et aux mains liées ? La Cour pénale internationale doit-elle regarder et laisser faire, face à des dirigeants prompts à accorder leur soutien et à manifester leur solidarité à des criminels simplement parce que l’un des leurs se trouve sur le banc des accusés ? Quels égards manifestent-ils finalement pour les parents des victimes dont les gorges restent toujours asséchées par la soif de vérité et de justice ? Et puis, que font-ils du respect des lois ? Les fonctions de chef d’Etat ne peuvent suffire à porter gravement atteinte à l’intégrité de la vie humaine. Prendre le parti des bourreaux présumés, plutôt que celui des victimes, ce n’est moralement pas acceptable. C’est pourquoi la page de la barbarie institutionnalisée doit être définitivement fermée ; pour que nul ne soit au-dessus des lois.

Quant à l’UA qui avait fait la promesse de lutter contre l’impunité, un engagement réitéré à maintes reprises, on a envie de dire qu’elle a manqué à sa promesse. On imagine donc aisément la déception de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Anan, qui invitait les chefs d’Etat, avant l’ouverture du sommet, à ne pas condamner la CPI dans leurs décisions, mais à voir plutôt en l’existence de cette Cour, l’occasion d’une nouvelle aube d’espérance pour l’Afrique. L’UA vient, hélas, de la clouer au pilori. Une sanction qui, non seulement, va à l’encontre du respect de la vie et de la dignité humaine, mais représente aussi un grand pas en arrière dans la lutte contre l’impunité. Le Botswana n’entend pas se montrer complice de cette grave régression. Et s’il s’est permis de le dire à haute et intelligible voix, et de se démarquer des autres, il est loin d’être mal placé pour le faire. Voilà, en effet, un pays qui n’a pas à rougir de sa démocratie et à qui bien des chefs d’Etat africains seraient mal avisés de demander à ses dirigeants de commencer à balayer devant leur porte.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 7 juillet 2009 à 01:24 En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Il est certain que L’ UA ne pouvait dire autre chose que cette ineptie. Car apres les graves crimes tels les genocides (Rwanda, RDC, Congo Brazza...), on attaquera les petits assassins qui ont prefere la kalash aux urnes. Time will tell. Mais bravo au Botswana pour cette belle lecon.

    • Le 7 juillet 2009 à 17:26, par Paris Rawa En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

      Il faudrait qu’un jour, les états africains vraiment soucieux de la bonne gouvernance panafricaine et les organisations de la société civile à travers tout le Continent trouvent les moyens de s’associer pour se rebeller contre les méthodes de cette UA otage de voyous politiques.

      Il faudra bien qu’à un moment, la parole des peuples africains et leurs volontés soient prises en considération par ceux qui prétendent parler en notre nom à tous ! Qui les a mandatés d’ailleurs ? Est-ce une mauvaise chose que la justice trouve plus facilement des cibles là où il y a le plus d’injustices et d’impunité ? C’est déjà très honteux déjà qu’on abriter des criminels chez nous et qu’on nous oblige à vivre avec eux. Mais alors, c’est autrement plus humiliant qu’on les protège et les défende au nom des peuples qui sont leurs victimes. Comme dirait l’autre, "Megd’alor".

  • Le 7 juillet 2009 à 05:00 En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Botswana comme Bravo. Un petit n’est pas un petit. L’ histoire t’ en revaudra.

  • Le 7 juillet 2009 à 09:26 En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Oui voilà un exemple à suivre !Juste une question : A quoi sert l’UA. Pour moi, L’UA est un juste syndicat de chefs d’états africains. C’est honteux pour les africains.

  • Le 7 juillet 2009 à 11:39, par Hope !! En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Bravo les dirigeants du Botswana.
    "A quand l’Afrique ?" KI-ZERBO, quand Dieu va-t-il debassarer l’Afrique de ses bourreaux que sont nos dirigeants ?

  • Le 7 juillet 2009 à 12:45, par Youssouf Kamara En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Bravo au Botswana et au rédacteur de cet article.Le syndicat des Chefs d’Etats Africains cherchent tout juste à se prémunir d’éventuelles poursuites futures contre ses membres. Quand à créer une justice africaine, on ne se fait guère d’illusions sur les décisions qu’elle prendra. Cette décision des Chefs d’États, qui veulent régner en toute impunité, est une véritable honte pour l’Afrique.

  • Le 7 juillet 2009 à 19:20, par Ilias Lafricain En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Cette condamnation de la CPI me fait repenser a ceci :
    Le president francais Sarkhozy a eu raison de dire que l´homme noir de n´est pas entré pleinement dans l´histoire moderne, sinon comment expliquer que les nations non africaines arrivent a se corriger elles-memes leurs erreurs passées et le continent noir se delecte de la violence ?

    Si nous sommes vraiment heritiers de traditions respectueuses de la vie et des valeurs humaines, comment juguler ces penchants destructeurs qui poussent une poignée d´hommes a sacrifier la paix sociale de nos nations a leur soif du pouvoir ?

    L´homme noir est-il damné ? Pourquoi le continent noir va a l´encontre des courants modernes civilisateurs, qui ont permis a ces "grandes nations" a conjurer plus ou moins la violence physique en leur sein ?

    Mais enfin quand viendra le sursaut collectif pour dire non a l´impunité, braver le glaive et les mousquets qui nous rendent prisonniers de nous memes et traitres de nos consciences d´hommes de paix ?

  • Le 8 juillet 2009 à 01:45 En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Mon frère llias l’africain, tu soulèves un autre débat en parlant de courants modernes civilisateurs. j’ai envi de te demander ce que tu appelles civilisation, ou encore être civilisé

  • Le 8 juillet 2009 à 06:12, par fred En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Merci au BOTSWANA pour cette lecon d’integrite. Il n’a pas a rougir de sa decision et j’aimerais qu’il garde cette optique. Les autres devront avoir honte d’etre si laches et de suivre comme des moutons ce que d’’autres ont si bien penser mais surtout a des fins obscures, malsaines.

  • Le 8 juillet 2009 à 17:30, par DJIGMA En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    Bonsoir,

    Si le Fauteuil d’EL BECHIR est menacé aujourd’hui, demain cela pourrait être le fauteuil de l’un d’eux. Une coalition pour défendre leurs propres intérêts. Les hommes justes n’ont pas peur de la justice des hommes. S’il était blanc neige il aurait démissionné pour accepter l’interpellation. Je croix que s’il n’a rien à se reprocher il peut démissionner pour répondre à l’interpellation.
    Réserve : sont-ils sûr de pouvoir interpeller tous les chefs d’Etat à travers le monde qui auront commis les mêmes crimes qu’ils reprochent à EL BECHIR aujourd’hui ? S’ils ne pourront pas interpeller tous les autres présumés coupables ou criminels à travers le monde, je croix qu’il faut le laisse en place. Il faut que la justice soit applicable partout une fois déclanchée sinon ceux qui l’auront interpellé auront commis à leur tour une faute.

  • Le 9 juillet 2009 à 21:38, par le fer En réponse à : SOUTIEN DE L’UA A EL BECHIR : Le Botswana se rebelle

    cette indigne prise de position contre la JUSTICE reflete de la réelle nature de l’homme Noir Afrikain et de son complexe vis à visa des arabes ces laches dirigeants ont cedé à l’injustice pour faire uniquement du plaisir aux dirigeants arabes assoifés d’injustice et du mepris pour l’egalité croyez-moi ke meme si Nelson Mandela l’icone de la fierté Noir ki etait impliqué pour la mort de meme 5 arabes et bien sachez ke tous les dirigeants arabes auraient collaboré avec la CPI pour son arrestation et si les arabes s’en foutent des crimes commis au Darfour c’est tout simplement parce qu’ils jusgent ke les noirs etant culturellement considerés comme ses sous-hommes destinés à l’esclave ou à la soumission et par consequent aucun arabe n’aurait collaboré pour condamner son semblable arabe pour la cause des Noirs

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